Sécheresse : la série noire continue pour les agriculteurs

Après l’année noire de 2018, les agriculteurs de Franche-Comté subissent une nouvelle fois les aléas météo. L’année 2019 a été marquée par le froid de mai et la canicule de juin. Un nouveau coup de massue pour les exploitants, qui pourraient ne pas résister à une troisième année consécutive dans ces conditions.

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« Quelques agriculteurs s’en sortent, beaucoup sont dans une situation tendue. » C’est le bilan que retient Frank Schnoebelen, conseiller agronomie et grandes cultures à la Chambre d’agriculture du Doubs. Début août, il a fait le tour des exploitations du département pour voir l’état global des exploitations. Et ce dernier n’est pas bon.

Les récoltes sont mauvaises

Les exploitations les plus touchées sont celles de colza, de maïs, l’herbe et l’élevage. Seules les céréales à paille (blé, orge, paille) s’en sortent bien.

« Les récoltes sont globalement mauvaises. Elles sont très hétérogènes, d’un agriculteur à l’autre. Certains ont des rendements corrects, autour de 35 quintaux. D’autres sont catastrophiques, autour de 15. »

Les orages font la pluie et le beau temps

Cet écart s’explique par les différences de précipitations entre les exploitations durant la canicule. «Ca dépend de la pluie : les chanceux sont ceux sur qui les orages sont tombés. Par exemple, sur Besançon, on a reçu 50 mm d’eau ; à 15km de là, même pas 5mm. »

Au manque d’eau se sont greffés les ravageurs : « des insectes, comme les charançons ou les meligethes, qui ont dévoré les colzas, mal levés à cause de l’automne sec. ».

L’herbe a très souffert

L’herbe a particulièrement souffert du manque d’eau. « Dans les plaines, ça va parfois. Mais dès qu’on prend un peu d’altitude, dès 400-500m, c’est très tendu. Il a fait froid et humide en mai, et en juin-juillet, c’était la canicule. L’herbe a eu à peine le temps de pousser, les agriculteurs n’ont fait qu’une coupe. »

Le Haut-Doubs gravement touché

Globalement, cette situation se retrouve « dans tout le Haut-Doubs, même les premiers plateaux. A Pontarlier, Morteau, Villers, c’est très très compliqué. En mai, il y avait encore de la neige et dès le 15 juin, plus une goutte d’eau. »

Au mieux, « la casse peut être limitée avec les pluies annoncées début août, mais certaines parcelles sont déjà pliées. »

Bilan pour les agriculteurs

Conséquence, les éleveurs sont obligés de racheter de la paille et du foin. « C’est très tendu pour eux. Ils avaient déjà pris un coup de bâton l’été dernier, ne se sont pas encore relevés et en reprennent un. »

Et les prairies, « qui ne s’étaient pas encore remises de la sécheresse, ont encore pris une canicule.»

« On va voir si on peut lancer une procédure calamité, comme l’an dernier, mais ça ne va pas sauver les boutiques. L’Etat pourra participer à l’achat de fourrages mais ça ne va pas chercher très loin. »

Le changement climatique se ressent

« Avant, c’était une année de sécheresse sur dix, les agriculteurs pouvaient supporter. Maintenant, c’est une sur cinq, peut-être une sur deux… S'il y a encore une 3eannée comme ça l’an prochain, ça va être très compliqué. Les prairies ne pourront plus résister et les agriculteurs non-plus. »

En cause, le changement climatique. « On le sent clairement, on le voit très bien. On a les données météo, ça se réchauffe petit à petit. Les fréquences sont différentes, les saisons disparaissent petit à petit. C’est tout ou rien maintenant. On ne sait même plus quand planter les semis. »

Les agriculteurs devront donc s’adapter. « On a pas le choix, il faut évoluer. Travailler sur de nouvelles espèces, abandonner certaines cultures qui ne tiennent pas le chaud… Mais il n’y a pas de solution miracle. »

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