En 2022, la quasi-totalité des enfants de 3 à 11 ans était exposée à au moins un type d’écran, principalement la télévision. Le temps d’exposition augmentait avec l’âge : "passant de 1h22 par jour en moyenne chez les enfants de 3-5 ans à 2h33 chez ceux de 9-11 ans". Les jours sans école, ce temps était deux fois plus important qu’en période scolaire.
La présence d’un écran dans la chambre augmentait avec l’âge, en priorité la télévision, puis les consoles et les tablettes. "Si la possession d’un smartphone personnel restait rare avant 6 ans, 15 % des enfants de cet âge disposaient déjà d’une tablette. Près d’un enfant sur deux de 11 ans (scolarisé en élémentaire) possédait un smartphone avant l’entrée au collège."
Les pratiques évoluaient selon l’âge et le sexe : "les garçons préféraient les consoles de jeux, tandis que les filles investissaient davantage le smartphone à partir de 9 ans". L’accès aux réseaux sociaux, interdit avant 13 ans en France, concernait moins de 2 % des 3-5 ans et 25 % des 9-11 ans, dont 30 % chez les filles. Parmi eux, 2,4 % des 6-8 ans et environ 5 % des 9?11 ans ayant accès aux réseaux sociaux auraient subi des moqueries ou des humiliations.
Des pratiques familiales contrastées et des inégalités sociales marquées
L’étude met en évidence le rôle déterminant des parents dans l’exposition aux écrans, mais aussi de fortes disparités sociales. "Les enfants issus de familles les moins diplômées passaient davantage de temps devant les écrans et étaient plus souvent équipés d’appareils personnels ou disposaient d’un écran dans leur chambre."
Chez les 3-5 ans, 72 % dépassaient 1 heure d’écran quotidien dans les familles les moins diplômées, contre 35 % dans les familles les plus diplômées. Pour les 6-8 ans, ces proportions étaient de 55 % contre 20 %, et pour les 9-11 ans de 73 % contre 39 %.
Si la majorité des parents (9 sur 10) déclarait encadrer le temps d’usage des écrans, le contrôle des contenus diminuait avec l’âge : "52 % des parents de 3-5 ans, 45 % de 6-8 ans et 36 % de 9-11 ans déclarent empêcher 'souvent' leur enfant de consulter certains contenus". Entre 5 et 9 % des parents ne limitent "jamais" ces contenus.
Une base solide pour la prévention et la promotion de la santé
Pour la directrice générale de Santé publique France, Dr Caroline Semaille, "cette étude nationale sur le temps d’écran des enfants de 3 à 11 ans en 2022 offre une photographie inédite et robuste des usages numériques en France, confirmée par sa cohérence avec les données internationales. Elle révèle des inégalités sociales persistantes, avec un temps d’écran accru dès le plus jeune âge dans les milieux moins favorisés, soulignant l’urgence d’agir collectivement pour réduire ces disparités. Les différences d’usages selon l’âge et le sexe, ainsi que l’influence majeure des parents et de l’environnement familial, suggèrent des leviers concrets pour la promotion de comportements numériques favorables à la santé et la prévention des usages excessifs ou inadaptés des écrans."
Selon elle, "ces résultats fournissent un socle solide pour élaborer la prochaine campagne de Santé publique France sur la problématique des écrans et la promotion d’un équilibre bénéfique pour le développement des enfants".