Violences conjugales : 121 femmes et 25 hommes décédés en 2013

La violence conjugale, en baisse en 2013 par rapport à l’année précédente, a fait 146 morts : 121 femmes et 25 hommes, victimes de leurs compagnons ou ex-compagnons, selon une étude publiée mercredi 7 mai par les ministères de l’Intérieur et des Droits des femmes.

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En 2012, 148 femmes et 26 hommes avaient péri, soit au total 174 victimes de la violence conjugale. Les victimes de la violence conjugale ont représenté près de 20% des homicides de toute nature répertoriés au cours de l'année écoulée, selon cette étude du ministère de l'intérieur. Par ailleurs, 13 enfants ont été victimes de violences mortelles exercées par leur père ou leur mère (contre 9 en 2012) et 23 enfants ont été témoins d'un tel crime (20 en 2012).

Violence sur les hommes, toujours un tabou

La baisse encourageante constatée en 2013 concerne donc essentiellement les femmes, car le nombre d'hommes décédés n'a pour sa part pas diminué. "On a toujours considéré que seuls les hommes seraient des agresseurs. Jamais les hommes ne sont présentés comme des victimes potentielles", déplore l'association SOS Hommes battus qui évoquent le chiffre de 110.000 victimes masculines chaque année.

"La violence féminine traîne beaucoup plus sur le long terme. Il y a d’abord toute une violence psychologique qui va se mettre en place. Le conjoint va passer par une longue phase de dénigrement, d’insultes, d’humiliations... C’est au bout de quelques années que se manifestent alors les premières agressions physiques", explique à Rue89, Sylvianne Spitzer, la fondatrice de l'association.

Confirmation avec Pierre Bertrand, un universitaire à la cinquantaine. En 2012, il témoignait de son expérience et expliquait avoir mis dix ans à se rendre compte qu'il était victime de violences. "J'ai eu beaucoup de mal à mettre des mots sur les actes", disait-il en racontant aussi son souvenir quand il a tenté de porter plainte après que son épouse l'a mordu. "Le policier, goguenard, me faisait comprendre que si j'avais été un vrai homme, je me serais défendu", disait-il.

"Une prise de conscience de la société"

"Dans plus de trois quarts des cas, les agresseurs ont utilisé une arme, blanche ou à feu", et "dans 50% des cas, la victime avait déjà subi des violences sous diverses formes au sein du couple", selon le communiqué commun des deux ministères. Dans plus de la moitié des cas, "la présence de substances (alcool, stupéfiants, médicaments psychotropes) susceptibles d'altérer le discernement de l'auteur ou de la victime au moment des faits" a été constatée.

"Ces chiffres en baisse sont le signe d'une prise de conscience de la société" et "encouragent le gouvernement à poursuivre son action", affirme le communiqué. La nouvelle secrétaire d'Etat à la Famille, Laurence Rossignol, a elle-aussi saluer les résultats et appelé à poursuivre les actions.

Avec le 4e plan interministériel de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes du 22 novembre dernier, le gouvernement "met en pratique des principes d'action simples et structurants et double les moyens spécifiques consacrés aux violences faites aux femmes - 66 millions d'euros de 2014 à 2016".

L'utilisation du numéro gratuit en hausse

Les appels mensuels au 3919, numéro gratuit destiné aux femmes victimes de violences, sont passés de 4.000 à 7.000 en six mois. Ce numéro gratuit est désormais accessible 7 jours sur 7, depuis le 1er janvier, souligne le ministère des Droits des femmes.

Le projet de loi pour l'égalité femmes-hommes généralise aussi "le téléphone grand danger", permettant aux victimes de violences d'accéder rapidement aux forces de l'ordre, rappelle-t-on. Ce dispositif de téléphone portable d'urgence pour les femmes en très grand danger est déjà déployé dans dix départements.

(Source : AFP)

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