Crise du logement : un souffle d’espoir au 53e congrès des promoteurs immobiliers

Le 53e congrès de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) s’est tenu ce mardi 24 juin à Marseille au Mucem dans un climat tendu, mais porteur d’un certain espoir. Fabrice Jeannot, président du groupe SMCI et vice-président de la Fédération des promoteurs immobiliers de Franche-Comté Bourgogne, revient sur les échanges et les annonces marquantes de cette journée cruciale pour le secteur.

53e congrès de la Fédération des promoteurs immobiliers à Marseille - La ministre du Logement en visioconférence. © Fabrice Jeannot

Parmi les intervenants à cet événement annuel, la ministre du Logement, Valérie Létard, est intervenue en visioconférence pour clôturer le congrès. Elle a annoncé une campagne nationale de communication, dotée d’un budget d’un million d’euros, pour promouvoir trois dispositifs clés mobilisables dès à présent :

Le prêt à taux zéro (PTZ) élargi : le PTZ est un prêt sans intérêts destiné à aider les primo-accédants à financer l’achat ou la construction de leur résidence principale. L’élargissement du PTZ prévu par le gouvernement concerne davantage de zones et de profils, pour tenter de relancer la demande dans le neuf.

L’investissement locatif intermédiaire : destiné au secteur privé, ce mécanisme permet de bénéficier d’avantages fiscaux en construisant ou rénovant des logements destinés à la location à des loyers plafonnés, entre le marché libre et le logement social. Objectif : loger les classes moyennes dans des zones tendues.

La donation jusqu’à 100.000 euros par donateur : cette mesure permet à chaque parent de transmettre jusqu’à 100.000 euros sans fiscalité par enfant (ou proche) dans une limite de 300.000 euros, pour l’acquisition un projet immobilier neuf. Cette incitation vise à soutenir la primo-accession ou l’investissement dans l’immobilier neuf.

Une crise, mais des fondations solides

Pascal Boulanger, président de la FPI nationale, confirme les difficultés de la situation actuelle et pour illustrer ce climat il précise que "l’investissement locatif en 2024 représentait 15.000 appartements, contre 70.000 à 80.000 en année normale. 2024 est une année sinistrée, et 2025 prend le même chemin”, déclare-t-il. Il alerte également sur les conséquences sociales : ”Ce manque de logement se ressent déjà aujourd’hui et ces tensons s’amplifieront, il ne faut pas oublier que ce sont toujours les plus faibles qui en pâtissent.”

Mais des signaux positifs émergent. ”La ministre était en phase avec la promotion immobilière. Elle est consciente que la filière est en grosse crise, qu’il y a eu des licenciements, mais qu’il y avait très peu de gros sinistres malgré l’allègement dans les structures”.

Le rôle clef de la promotion privée

Un fait méconnu, mais fondamental, a été rappelé durant les échanges : la promotion immobilière privée produit 50 % du logement social en France. Une baisse d’activité dans le privé qui impacte donc directement les capacités de production des bailleurs sociaux. Dans ce contexte, les dispositifs fiscaux comme le Pinel ont été défendus.

François Brottes, membre honoraire du Parlement et conseiller maître à la Cour des comptes, a présenté les résultats d’un audit. Ils montrent que ces dispositifs permettent non seulement de financer une part du logement social, mais aussi de ”loger les gens dans des conditions de loyer minoré” et de ”lancer des opérations immobilières”, a commenté le conseiller.

Une enquête menée sur le terrain auprès de locataires bénéficiaires du Pinel a confirmé son impact. ”Les locataires, selon les lieux, considéraient qu’ils avaient de la chance de vivre dans ces logements, de qualité correcte, aussi bien en consommation d’énergie qu’en fabrication”, a-t-il précisé.

Un projet de loi attendu : le statut du bailleur privé

L’un des éléments les plus prometteurs évoqués au congrès est le projet de loi sur le statut du bailleur privé, dont le sénateur Marc Daubresse a été missionné par le gouvernement. Il le présentera la semaine prochaine.

La ministre du Logement a assuré qu’elle se saisirait de ce rapport dès la semaine prochaine. ”Ce sera vraiment la grosse nouveauté, avec beaucoup d’espoir pour remettre en route la production de logements neufs”, confirme Fabrice Jeannot.

Deux écueils demeurent toutefois : la résistance de Bercy et l’examen de la loi de finances en septembre, condition sine qua non pour inscrire les mesures budgétaires nécessaires.

Une filière en alerte mais mobilisée

Face à cette nouvelle crise du logement « jamais atteinte depuis 1955 », affirme Pascal Boulanger, les professionnels espèrent que ces annonces se traduiront en actes. ”À terme, il y aura une pénurie de logements qui est inévitable”, prévient-il.

Malgré tout, le ton général était à la mobilisation plutôt qu’au découragement. ”C’est un métier nécessaire à l’économie globale du pays”, a insisté la ministre en conclusion.

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