Des soldats suisses testent une “app” pour faire la guerre au Covid-19

L’application pour retracer les contacts des personnes infectées par le Covid-19 entre dans une nouvelle phase de tests. Le parlement se prononcera en juin. Les soldats de l’armée suisse ont pris part au combat contre le Covid-19 et ont aidé au développement d’une nouvelle arme. L’application de traçage Bluetooth destinée à stopper la résurgence de la maladie.

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Les soldats de l'école d'infanterie de la caserne de Chamblon près du lac de Neuchâtel ont participé à un tout autre type d' exercice: le premier test de terrain d'une application mobile de traçage des malades contaminés par le Covid-19. Les militaires, reclus dans leur caserne, constituaient en effet la seule population à encore pouvoir interragir ensemble, offrant un "biotope" idéal pour tester cet outil.

"Ce que nous avons fait jusqu'à présent, ce sont des tests en labo. Maintenant, nous rassemblons des données sur la façon dont l'application fonctionne dans la vraie vie", expliquait début mai à l'AFP Simon Rösch, ingénieur informatique chez le développeur d'applications Ubique.

Avec en poche leur portable équipé de l'application, les militaires en tenue de camouflage ont pu vaquer à leurs occupations: entraînement physique, formation théorique et tir à 300 mètres, mais les connexions entre leurs téléphones sont scrutées à la loupe.

Grâce au Bluetooth, chaque téléphone enregistre les autres se trouvant à une distance proche pendant une période donnée.

Casser la transmission

Si le détenteur d'un des téléphones est infecté, un message codé est envoyé à ceux qui ont été en contact avec lui, avec des instructions à suivre, en fonction du moment où le contact a eu lieu.

L'objectif est de casser la chaîne de transmission du virus et de stopper ainsi la propagation du virus à mesure que les mesures de confinement sont progressivement levées.

Ubique, qui a développé la principale application météo de Suisse, a commencé à travailler à ce nouvel outil il y a seulement quelques semaines.

Le développeur s'est associé avec l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) qui s'occupe de la recherche et des tests de sécurité tandis que Ubique s'assure de l'intégration de ces éléments dans l'application, du design et de l'expérience utilisateur.

"Ce n'est pas la solution magique qui fera disparaître le problème mais c'est un bon outil qui peut nous aider", souligne Simon Rösch.

A ses côtés, dans une salle de cours de l'école d'infanterie, Alfredo Sanchez supervise les premières données du terrain.

"C'est une phase d'évaluation", déclare celui qui dirige le projet au sein du département des technologies de l'information de l'EPFL. "C'est une idée qui a démarré sous une autre forme technologique en Asie, en utilisant le GPS, qui est évidemment une technologie plus invasive en matière de protection des données puisqu'on sait exactement où sont les gens", rappelle-t-il.

L'application suisse teste, selon M. Sanchez, une "méthode beaucoup plus respectueuse de la protection des données".

Processus entièrement anonyme

Ici, peu importe le lieu où s'effectue la connexion, donc pas de localisation des utilisateurs et le processus est entièrement anonyme.

Matthias Egger, le responsable scientifique de la lutte contre le virus au sein du gouvernement suisse, déclarait début mai que, selon deux enquêtes d'opinion, environ 60% des Suisses seraient prêts à utiliser ce type d'application, une proportion de la population qui la rendrait d'autant plus efficace.

"Les chances de détection des cas augmentent avec le nombre de personnes ayant installé l'application", indique Simon Rosch d'autant que la Suisse a intensifié encore son déconfinement le 11 mai en rouvrant écoles et restaurants.

Autorisation par le Parlement

L'application - baptisée DP-3T ou Swiss-PT – doit maintenant être autorisée par le Parlement qui débattra au mois de juin. Son utilisation sera facultative et aucune donnée personnelle ni aucune information de localisation des usagers ne sera exploitée. Les données seront supprimées après 21 jours.

Elle sera testée dès la semaine prochaine par des collaborateurs des écoles polytechniques fédérales de Lausanne et de Zurich, des militaires et des employés des hôpitaux, de la Confédération et des administrations cantonales.

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