Implantation d’Amazon : “un non-sens pour nos territoires” (tribune signée par Anne Vignot)

La maire de Besançon a signé une tribune intitulée « implantation d’Amazon à Montbert (44), Briec (29) et ailleurs : gare au chantage à l’emploi ! », apprend-on ce 31 janvier 2021. Parmi les autres signataires se trouvent Julien Bayou secrétaire national d’EELV, des maires et parlementaires EELV et aussi plusieurs elu-e-s EELV.

Amazon 2018  © Christoph Scholz CC2

C'en est trop pour les élus écologistes qui refusent d'autres implantation du géant américain. Selon eux, il est vecteur "d'une activité fortement consommatrice en surface au sol et en énergie, deux ressources précieuses en temps de crise écologique".

Voici en intégralité la tribune signée par Anne Vignot :

"Implantation dAmazon à Montbert (44), Briec (29) et ailleurs : gare au chantage à lemploi !

Des implantations dentrepôts Amazon sont annoncées un peu partout sur le territoire Français. De Brétigny-sur-Orge à Amiens, en passant par Carquefou, Montbert, Chalon-sur-Saône, Metz, Petit-Couronne et Briec, les entreprises comme Amazon mettent en avant une création supposée demplois.

Les dernières élections municipales ont été marquées par la percée des écologistes et une crise sanitaire sans précédent. La nécessité de reconstruire une économie résiliente et de proximité est de plus en plus évidente, et limplantation dune telle entreprise est un non-sens pour nos territoires.

Les périodes de confinement ont vu la multiplication dinitiatives de solidarité et dinnovations à destination des producteurs locaux et des commerces de proximité, y compris sur les territoires ruraux. Le regroupement de producteurs, productrices et commerçant·e·s, et la création de plateformes locales de commandes sur internet montrent que ces acteurs et actrices ancré·e·s sur nos territoires sont en mesure de relever le défi de la production et de la distribution locale.

Amazon ne crée pas demploi : pour un emploi créé par ces plateformes, deux sont détruits dans les commerces de proximité. Quant à la qualité de ces emplois, nous préférons soutenir des petits commerces qui font vivre les centres-bourgs et les quartiers de nos villes, avec des commerçant·e·s investi·e·s dans la vie locale, plutôt que des machines à emplois précaires de surcroît dans une entreprise qui sest illustrée pour le non-respect des droits de ses salarié·e·s pendant la crise sanitaire.

Les implantations massives, en France, de ces entreprises qui bénéficient davantages fiscaux considérables, et dissimulent leurs bénéfices en ayant recours aux paradis fiscaux, engendrent inévitablement une situation de concurrence déloyale dautant plus importante vis-à- vis des commerces de proximité.

En revanche, Amazon sait se servir des impôts des autres. Les infrastructures routières nécessaires à son implantation pour permettre lacheminement des poids lourds et des véhicules de livraison sont à la charge des impôts collectifs auxquels la multinationale échappe en partie. Amazon fait peser sa dette sur les collectivités publiques.

Il ne faut pas oublier quil sagit dune activité fortement consommatrice en surface au sol et en énergie, deux ressources précieuses en temps de crise écologique. Il y a, par ailleurs, fort à parier que des campagnes publicitaires « vertes » inonderont nos villes dans le but de pousser à la consommation. Ce modèle de consommation est tout sauf durable. Les pratiques de la firme occasionnent un gaspillage considérable (3 millions de produits neufs ont été détruits par Amazon en France en 2018) et inondent nos vies de campagnes publicitaires poussant à la consommation.

Nous refusons cette supercherie. Nous dénonçons plus globalement le développement anarchique des entreprises qui profitent des lacunes juridiques et des crises écologiques et sociales pour faire augmenter les dividendes de leurs actionnaires. En ce sens, nous soutenons la proposition de moratoire de la Convention citoyenne sur le climat sur l’aménagement de zones commerciales périurbaines très consommatrices despace et l’implantation d’entrepôts de la vente en ligne.

Depuis des mois, nous entendons de grands discours sur le monde daprès et le monde davant. Le gouvernement français a une posture de soutien aux commerces de proximité, mais continue d'autoriser l'implantation d'entrepôts e-commerce et de zones commerciales en périphérie des villes. Voici donc un premier exemple concret pour passer du discours aux actes : soutenons les activités économiques qui créent de la résilience et des liens sur nos territoires !

Nous, élu·e·s locaux écologistes, de gauche et citoyen·ne·s, réaffirmons notre soutien au commerce de proximité et à lemploi local. Nous nous opposons à linstallation dAmazon et à son développement en France, et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour empê- cher ce·s projet·s".

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