La percée du vin jaune est-elle condamnée ?

Plusieurs organisations de viticulteurs s’inquiètent du projet de loi «Hôpital et santé» dont l’un des articles vise à proscrire l’offre gratuite des boissons alcoolisées dans un but promotionnel, ce qui risque d’aboutir à l’interdiction pure et simple des dégustations de vins, y compris de la percée du vin jaune.

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«Demain, les dégustations dans les fêtes et célébrations viticoles, dans les caves et les caveaux, dans les salons - y compris le Salon de l'Agriculture -, les foires expositions, seront-elles interdites?», se demande l'association Vin et Société, qui regroupe de nombreux syndicats, comités ou confédérations nationaux de la filière viti-vinicole.
 
Dans son article 24, le projet de loi Hôpital, Patient, Santé, Territoire (HPST) de Roselyne Bachelot, en discussion actuellement à l'Assemblée nationale, prévoit qu'il sera «interdit d'offrir gratuitement à volonté des boissons alcooliques dans un but promotionnel, ou de les vendre au forfait».
 
Pour Vin et Société, s'il était voté, cet article conduirait à l'interdiction de toute forme de dégustation. De même, la prohibition de la vente au forfait pourrait conduire à l'interdiction des séjours et des formules gastronomiques.
 
«C'est impensable», assure la présidente de l'association, la Franc-Comtoise Marie-Christine Tarby, pour qui «c'est tout un pan de la culture française du vin qui est menacé». Selon Mme Tarby, l'article va même «à l'encontre des objectifs recherchés» par le ministère de la Santé.
 
Selon celui-ci en effet, l'article incriminé vise «à renforcer l'encadrement et les contrôles de modalités d'offres d'alcool qui se sont récemment développées», dont «la vente dite au forfait communément appelée +open bar+» (entrée payante et boissons gratuites à volonté).
 
«Il s'agit, indiquait le ministère dans un dossier de presse, d'interdire cette pratique qui s'adresse, en particulier, aux jeunes et qui a des conséquences sur les conduites d'alcoolisation massives».\( «Nous sommes d'accord sur cette volonté de lutter contre l'alcoolisme des jeunes», soutient Marie-Christine Tarby. «Nous partageons les objectifs du projet de loi qui entend protéger les jeunes d'un alcoolisme effréné», et du +binge drinking+ (la consommation excessive d'alcool dans le but de se saouler).
 
D'ailleurs, rappelle-t-elle, la filière vin s'est engagée dans la promotion d'une consommation responsable.
 
Alors «ne nous trompons pas de cible», supplient à Montpellier les présidents de la Fédération des Vignerons coopérateurs de l'Hérault, Boris Calmette, et de la Fédération des Vignerons Indépendants de l'Hérault, Jean-Charles Tastavy.
 
En conséquence, explique ce dernier, «on a demandé que l'article de loi soit recentré sur les manifestations destinées aux jeunes de 25 ans et de moins de 25 ans».
 
C'est l'objet d'un amendement adopté par la Commission des Affaires sociales, selon l'association Vin et Société. «Mais arrivera-t-il au bout ? », s'inquiète Jean-Charles Tastavy.
 
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