Le drapeau palestinien sera une nouvelle fois hissé ce soir à Besançon

+ réactions • Plusieurs maires ont commencé à hisser lundi 22 septembre 2025 le drapeau palestinien au fronton de leur hôtel de ville, en même temps que la France doit reconnaître ce nouvel Etat, faisant fi des mises en garde du ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau. À Besançon, il sera hissé à 21h30 sur l’esplanade des Droits de l’Homme.

© Alexane Alfaro

Le drapeau sera hissé "au moment de la prise de parole du président de la République française Emmanuel Macron", prévient la Ville de Besançon qui indique que "cette décision a été prise après consultation de tous les groupes politiques du conseil municipal de Besançon".

Pour rappel, ce soir, le président de la République annoncera à l'ONU la reconnaissance de l'État de Palestine. Bruno Retailleau a donné consigne aux préfets de faire respecter un "principe de neutralité des services publics". "L'Etat non seulement ne demande pas le pavoisement, mais demande le non-pavoisement", a insisté samedi le secrétaire général du ministère de l'Intérieur, Hugues Moutouh. Invité lundi matin de TF1, Jean-Noël Barrot, ministre démissionnaire des Affaires étrangères, a de son côté qualifié ces débats de "polémiques futiles".

"C'est un jour historique pour la paix et je ne souhaite pas (...) qu'il puisse être instrumentalisé aux fins de polémiques politiciennes, aux fins de nous diviser dans un moment où, plus que jamais, nous avons besoin d'être unis pour être fort", a-t-il ajouté.

Les réactions

Communiqué de Besançon passionément (Laurent Croizier et Nathalie Bouvet)

"« Il est indigne d'instrumentaliser les douleurs du conflit israélo-palestinien à des fins politiques »

En décidant de hisser pour la seconde fois le drapeau palestinien, la maire de Besançon prend délibérément la décision de s'affranchir de la loi et de bafouer le principe de neutralité du service public.
Il est indigne d'exploiter politiquement les fractures d'un conflit qui frappe durement les populations civiles palestiniennes et israéliennes. Il est encore plus grave de le faire en piétinant l'autorité de la justice et le respect de la loi.
Besançon, déjà marquée par de trop nombreuses polémiques, ne mérite pas d'être entraînée dans cette surenchère militante qui fait de notre ville, non plus une maison commune, mais un outil de propagande politique.
Nous condamnons la dérive permanente de la municipalité qui confond militantisme politique et responsabilité publique. Besançon doit demeurer un lieu d'apaisement et de concorde et non un terrain d'affrontements idéologiques."

Communiqué du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) de Bourgogne Franche-Comté

"Objet : Respect de la neutralité des espaces publics et application de la loi dans la ville de Besançon 

Ce jour, le drapeau palestinien a été installé sur sur le parvis de la mairie de Besançon en dépit des directives claires de l’État et du préfet rappelant l’interdiction d’arborer des emblèmes étrangers sur les bâtiments publics, sauf accord spécifique.

Un non-respect de la loi et des principes républicains : en dépit des directives claires de l’État, ces initiatives, exprimant des convictions personnelles, contreviennent aux règles de neutralité des espaces publics et aux circulaires préfectorales. La loi impose en effet aux élus de garantir l’impartialité des institutions et de préserver l’unité nationale, surtout dans un contexte où les tensions internationales peuvent avoir des répercussions locales.

Une image brouillée pour les habitants : au-delà de l’aspect juridique, ces actions envoient un message ambigu aux citoyens. Elles divisent au lieu de rassembler, et envoient le message que les règles ne s’appliquent pas de la même manière pour tous. La confiance dans les institutions repose sur leur capacité à incarner l’égalité et le respect des lois.

Un appel au dialogue et au respect des règles : le CRIF Bourgogne Franche-Comté rappelle l’importance du dialogue et du respect des procédures légales. Les maires se doivent d’être exemplaires. Nous appelons donc les élus concernés à retirer ce drapeau et à privilégier des espaces de débat apaisés, conformes aux valeurs de la République."

Groupe S’Unir pour Besançon (Karima Rochdi et Agnès Martin)

"Le groupe "S’Unir pour Besançon" se serait joint au déploiement d’un drapeau palestinien, le jour même de la reconnaissance par la France d’un État de Palestine, si ce geste symbolique avait été accompagné par le déploiement des drapeaux de la France, de l’union Européenne, de l’ONU, d’Israël et de la Paix, comme cela va être fait par le Maire socialiste de Saint-Ouen.

Nous déplorons que l’occasion soit une nouvelle fois perdue de rassembler les Bisontines et les Bisontins, quelles que soient leurs convictions, leurs références culturelles, en faveur du combat supérieur pour la paix, pour la coexistence de deux États souverains".

Groupe Besançon Maintenant (Ludovic Fagaut)

"Besançon doit rester neutre : nos bâtiments publics ne sont pas des tribunes politiques.

Nous apprenons une nouvelle fois par voix de presse que Madame le maire de Besançon va hisser ce soir le drapeau palestinien sur l’Esplanade des Droits de l’Homme durant le discours du Président de la République à l’ONU. Cet acte est une énième provocation à but politique et électoraliste. Malgré la décision du tribunal administratif de Besançon en juin dernier et la confirmation de l'interdiction de pavoiser rappelée par le ministère de l'Intérieur en fin de semaine dernière, Madame Vignot persiste dans cette orientation idéologique, au risque d’alimenter les tensions.

Dans un contexte international marqué par les tragédies et les tensions, le rôle de notre Ville n’est pas de prendre parti dans un conflit géopolitique. Nos services publics doivent au contraire rester un espace neutre et rassembleur pour tous les Bisontines et Bisontins. La jurisprudence est sans ambiguïté : "Le principe de neutralité des services publics s’oppose à ce que soient apposés sur les édifices publics des signes symbolisant la revendication d’opinions politiques, religieuses ou philosophiques".

Cette volonté de hisser à nouveau le drapeau palestinien risque de raviver les divisions alors que notre ville a besoin d’apaisement. Besançon doit rester un lieu d’unité et de cohésion, non un terrain de polémiques. Nous demandons donc à la majorité municipale de respecter la neutralité républicaine et de préserver les bâtiments publics de leur évidente instrumentalisation à des fins électoralistes, en rappelant à Madame Vignot que les bâtiments municipaux ne sont pas sa propriété personnelle.

Ce mélange des genres entre idéologie personnelle et mandat électif ne fait qu’accentuer les divisions. Madame Vignot ferait mieux de concentrer son énergie sur les dossiers qui concernent directement la vie des Bisontines et des Bisontins, plutôt que sur des enjeux internationaux, certes dramatiques, mais qui dépassent sa compétence municipale".

Mouvement Franche-Comté (Jean-Philippe Allenbach)

"Le 26 juin, la Justice a condamné Mme Vignot à devoir retirer le drapeau palestinien qu'elle avait fait flotter le 23 juin devant la mairie (sous pression notamment du Parti communiste représenté par Hasni Alem) car pour le tribunal cette initiative -"portait gravement atteinte au principe de neutralité des services publics"-.

 Elle s'est alors immédiatement exécutée en précisant : «Nous allons le retirer car nous respectons la loi ». Même son de cloche  du côté d’Hasni Alem déclarant: -"Nous nous conformerons à la décision, car nous respectons les institutions"-.  C’est donc avec grand étonnement que le MFC apprend qu’elle compte récidiver dans son infraction en le faisant arborer ce soir.

Ce qui, pour le Mouvement Franche-Comté, montre bien que, contrairement à leurs déclarations la main sur le coeur, Mme Vignot et ses petits camarades communistes n’ont rien à faire du bon respect de la loi et des institutions, car n’hésitant pas à les bafouer si cela peut leur permettre de faire prévaloir leur propre vision des choses".

(maCommune.info avec AFP)

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