Drapeau palestinien : Anne Vignot se défend et demande au préfet de ”reconsidérer” sa position 

Publié le 24/06/2025 - 17:43
Mis à jour le 27/06/2025 - 08:48

Après avoir hisser le drapeau de la Palestine lundi 23 juin devant la mairie de Besançon, le préfet du Doubs a demandé à Anne Vignot de le retirer. Dans un courrier dont nous avons reçu une copie ce mardi soir, la maire demande au préfet de ”reconsidérer” sa position et défend fermement sa décision.

 © Alexane Alfaro
© Alexane Alfaro

Le courrier d'Anne Vignot envoyé au préfet du Doubs a été validé par "tous les presidents de groupe de la majorité municipale avant envoi", nous précise le cabinet de la maire : Abdel Ghezali (PS), Kevin Bertagnioli (Génération.s), Pascale Billerey (À Gauche citoyen !), Anthony Poulin (EELV) et Hasni Alem (PCF).

Si Ludovic Fagaut (LR), Laurent Croizier (Modem), Nicolas Bodin (PS) ou encore Jacques Ricciardetti (RN), ont manifesté leur fort désaccord, pour des raisons propres à chacun, avec cette action de la municipalité par voie de communiqué, Séverine Véziès (LFI), a appelé Anne Vignot à ”ne pas céder à cette injonction inacceptable” en précisant que ”le drapeau palestinien flotte aux côtés du drapeau ukrainien, (…) peuple agressé par Poutine.” À la lecture de son courrier adressé à Rémi Bastille, Anne Vignot ne semble pas vouloir baisser les bras...

”Un geste de solidarité avec un peuple assiégé”

Dans sa lettre, Anne Vignot affirme que le drapeau palestinien, hissé aux côtés des drapeaux français, européen et ukrainien, l’a été ”en signe de solidarité avec le peuple palestinien”. Elle décrit la situation humanitaire comme dramatique : ”Aujourd'hui, en Palestine, plus d'un million de personnes, dont des femmes et des enfants, sont assiégées, déplacées, piégées dans des zones où l'accès à la nourriture, à l'eau, aux soins, est insuffisant et insécurisé, et même parfois inexistant.”

”Une atteinte grave au droit international”

La maire souligne les manquements juridiques signalés par les juridictions internationales : ”L'État d'Israël a enfreint, selon la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale, pas moins d'une trentaine de principes du droit international.” Elle évoque une situation où ”les traités internationaux et le droit international humanitaire sont gravement bafoués”.

Une continuité des engagements municipaux

Anne Vignot rappelle que ce geste s’inscrit dans la ligne des actions menées par la ville en faveur des droits humains : ”En Conseil municipal, nous avons adopté de nombreux vœux relatifs à la situation au Proche-Orient, appelant à la paix.” Elle cite également des initiatives similaires : le drapeau ukrainien lors de l’invasion russe, un rassemblement contre l’antisémitisme après le 7 octobre, et une banderole en soutien aux femmes iraniennes.

Des jumelages dans les deux camps

La maire insiste sur la position équilibrée de la ville, qui entretient des liens avec les deux parties concernées : ”La Ville de Besançon est jumelée avec le camp de réfugiés d'Aqabat Jaber en Palestine, et avec la ville d'Hadera, en Israël. Ces deux jumelages témoignent de la proximité de Besançon avec cette région du monde.”

”A la lumière de ces éléments, accepteriez-vous de reconsidérer votre position ?”, interroge Anne Vignot.

Courrier en intégralité :

"Monsieur le Préfet, 

Je fais suite à votre demande relative au retrait du drapeau palestinien.

Aujourd'hui, en Palestine, plus d'un million de personnes, dont des femmes et des enfants sont assiégées, déplacées, piégées dans des zones où l'accès à la nourriture, a l'eau, aux soins, est insuffisant et insécurisé, et même parfois inexistant.

Les traités internationaux et le droit international humanitaire sont gravement bafoués. En effet, l'État d'Israël a enfreint, selon la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale, pas moins d'une trentaine de principes du droit international.

Face à cette situation dramatique, et en signe de solidarité avec le peuple palestinien, nous avons choisi de hisser un drapeau palestinien sur l'esplanade des Droits de l'Homme, aux côtés des drapeaux ukrainien, français et européen.

Ce geste s'inscrit dans la continuité des engagements que nous avons pris par le passé pour défendre les droits humains et condamner les injustices. En Conseil municipal, nous avons adopté de nombreux vœux relatifs à la situation au Proche-Orient, appelant à la paix.

Nous avons agi de la même manière en soutien au peuple ukrainien, en déployant le drapeau de l'Ukraine lors de l'agression russe. De même, nous avons organisé, après le 7 octobre, un rassemblement contre l'antisémitisme, aux côtés de la LICRA*. Nous appelons, dans nos communiqués de presse et vœux votés en Conseil municipal, à la libération de tous les otages. Nous avons affiché notre solidarité avec les femmes iraniennes en déployant une banderole en soutien à leur combat pour la liberté.

La Ville de Besançon est jumelée avec le camp de réfugiés d'Aqabat Jabr en Palestine, et avec la ville d'Hadera, en Israël. Ces deux jumelages témoignent de la proximité de Besançon avec cette région du monde.

Enfin, je me permets de rappeler les propos récents du Président de la République. Le 30 mai dernier, il affirmait que la reconnaissance d'un État palestinien n'est « pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique », insistant sur la nécessité d'apporter une réponse à la hauteur de la situation humanitaire dramatique que traverse la bande de Gaza.

148 membres de l'ONU, dont l'Espagne, la Norvège ou l'Irlande, ont reconnu l'État de Palestine. Cette position dépasse le cadre d'une simple opinion politique.

On constate aujourd'hui une dégradation de l'application des traités internationaux, et en particulier de ceux relatifs à l'aide humanitaire. C'est dans ce contexte que la municipalité de Besançon a pris la décision d'hisser le drapeau palestinien à Besançon.

A la lumière de ces éléments, accepteriez-vous de reconsidérer votre position ?

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Préfet, l'expression de ma considération.

La Maire, Anne Vignot"

*Correction apporté par la Licra : c'est bien la Licra qui a organisé l'hommage bisontin aux victimes du 7 octobre 2023 et non la municipalité.

3 Commentaires

Réponse à VINCENT NETTER. Votre indignation face à l’arc-en-ciel de drapeaux qui, selon vous, trahirait des « accointances étrangères » est touchante, vraiment. Lier un geste de solidarité à une supposée amitié avec des régimes aussi variés que l’Iran, les Talibans ou le Pakistan, quel sens de l’imagination ! Mais, permettez-moi de vous rassurer : hisser un drapeau palestinien n’a rien d’un complot politique ou d’une déclaration d’amour à quelque parti que ce soit. C’est tout simplement humain. Quand des millions de personnes, dont des enfants, sont privées d’eau, de nourriture et de sécurité, certains choisissent de regarder ailleurs, mais à Besançon, on préfère tendre une main symbolique. Étrange, n’est-ce pas, cette manie de se soucier des autres sans vérifier d’abord leur alignement géopolitique ? Allez, soyons fous : et si, au lieu de voir des conspirations partout, on admettait qu’un drapeau peut parfois n’être qu’un cri du cœur pour la dignité humaine ?
Publié le 25 juin à 09h36 par B C • Membre
Votre courrier au Préfet, empreint de conviction et de respect des principes du droit international, témoigne de votre attachement indéfectible à la défense des droits humains et à la promotion de la paix. En mettant en lumière la situation humanitaire dramatique en Palestine, tout en rappelant vos actions passées en soutien à d’autres causes justes, comme celles du peuple ukrainien ou des femmes iraniennes, vous affirmez avec force les valeurs de solidarité et de justice qui animent la Ville de Besançon. Votre démarche, ancrée dans une longue tradition d’engagement pour les droits humains et renforcée par les jumelages avec Aqabat Jabr et Hadera, est un exemple inspirant de ce que peut accomplir une collectivité locale pour sensibiliser et agir face aux injustices mondiales. Je vous remercie chaleureusement pour cette initiative, qui donne voix à ceux qui souffrent et rappelle l’importance de l’application des traités internationaux. Avec toute ma considération. BC
Publié le 25 juin à 09h14 par B C • Membre
Il est très fâcheux que les accointances étrangères s'affichent ainsi dans des lieux officiels (pour bien faire comprendre que les EELV étaient copains avec l'Iran, l'Algérie, la Turquie, .le Hamas, le Pakistan, les Talibans, etc ...). Les lieux officiels ne devraient être pavoisés que des couleurs nationales et locales.
Publié le 25 juin à 06h16 par VINCENT NETTER • Membre

3 commentaires

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