Le coup de théâtre qui a stupéfait la caravane du Tour est intervenu une heure après le départ de Saint-Jean-de-Maurienne. Avec, pour héros malheureux, le cinquième du classement général, diminué par une lésion musculaire.
En pleurs, Pinot, qui naviguait à distance du peloton, a fini par s'arrêter sur le côté droit de la route, consolé tant bien que mal par son coéquipier William Bonnet. Il a pris place à l'arrière de sa voiture d'équipe et a quitté le Tour de la façon la plus imprévue par rapport aux espérances -justifiées- qu'il portait.
Mais le coureur de Mélisey en Haute-Saône a tenu à rassurer en postant un message sur Instagram
"Je quitte la route du Tour les larmes pleins les yeux, des souvenirs plein la tête. Je pense à mon équipe tout entière, ma famille, à vous qui m’avez donné des frissons et une force incroyable pendant 3 semaines. Je ne sais pas ce que la suite de la saison me réserve, mais c’est avec certitude que je serai au départ du Tour en 2020…"
"Thibaut souffre d'une lésion musculaire à la cuisse gauche", a expliqué ensuite l'équipe Groupama-FDJ. "Il a terminé la 18e étape avec une douleur importante et avait des difficultés à marcher le soir venu. Son état ne s'est pas amélioré ce vendredi: il vient de quitter le Tour de France".
Depuis la veille, son équipe savait que le lauréat de l'étape du Tourmalet ne pourrait lutter à armes égales. Sauf miracle, les carottes étaient cuites par la faute d'un incident anodin, aux lourdes conséquences.
"Hier matin (jeudi), on savait que ce serait compliqué, mais il avait réussi à passer la journée difficile et à s'accrocher. Aujourd'hui, on avait espoir, mais la douleur a été plus forte que tout. Avec ce départ rapide et difficile en plus...", a déclaré son directeur sportif PhilippeMauduit à France Télévisions.
"Il a tapé le guidon"
"Il a évité une chute il y a deux jours et il a tapé le guidon", a précisé le directeur sportif à propos de son coureur qui, dans la 19e étape, ne pouvait pas se mettre en danseuse sur les images TV de la course. "On avait tous espoir", a-t-il répété, "mais ce n'était pas possible pour lui de continuer".
Pour le coureur français, la mésaventure a un air de déjà vu. Au printemps 2018, il était en position de monter sur le podium du Tour d'Italie (3e du classement) au matin de l'avant-dernière étape. Malade, il avait galéré toute la journée pour rallier l'arrivée très attardé et prendre la direction de l'hôpital pour soigner une bronchite.
Cette fois, Pinot a essayé encore. Il s'est fait poser un bandage à la cuisse gauche, mais il a dû laisser partir le peloton, sans que ses coéquipiers restent avec lui. Les dés étaient jetés et Pinot, relégué à l'arrière, s'est résolu à jeter l'éponge.
Dominateur dans les Pyrénées, brillant vainqueur de la 14e étape au sommet du Tourmalet et deuxième le lendemain au sommet du Prat d'Albis, Pinot comptait 1 min 50 sec de retard par rapport à Julian Alaphilippe. Mais il était posté à seulement 20 secondes d'Egan Bernal, le dauphin colombien du maillot jaune.
(Avec AFP)