L'accusé, qui clame son innocence, est jugé depuis un mois pour 30 empoisonnements, dont 12 mortels, qui se sont produits entre 2008 et 2017 dans deux établissements privés de Besançon. Il est le seul médecin à avoir exercé dans les deux cliniques au moment où sont survenus les empoisonnements présumés.
"Je suis très clair: il n'y a pas de cas d'empoisonnement à la Polyclinique de Franche-Comté", a déclaré le Dr Péchier lors de son interrogatoire sur les trois seuls cas d'arrêts cardiaques médicalement inexpliqués relevés dans cet établissement. Les 27 autres empoisonnements présumés dont il est accusé sont survenus à la clinique Saint-Vincent. L'accusé s'est appuyé sur l'expertise de deux médecins qui n'ont pas pu trancher sur l'origine de ces arrêts cardiaques, faute d'éléments suffisants.
Il a en revanche contesté une deuxième expertise, faite par des médecins qui retiennent l'hypothèse d'une intoxication malveillante pour les arrêts cardiaques des 7 et 27 avril et du 22 juin 2009. De l'adrénaline avait été retrouvée dans la poche de perfusion utilisée lors de cette dernière intervention. Les trois patients avaient survécu.
L'empoisonnement en amont possible selon un expérience, pas d'après Péchier
Les enquêteurs suspectent le Dr Péchier d'avoir pollué des poches de perfusion pour provoquer l'arrêt cardiaque de patients pris en charge par ses collègues, afin de nuire à ces derniers. L'ancien anesthésiste avait quitté la Polyclinique le 12 juin 2009, après six mois de pratique, en raison d'un conflit concernant le rachat de sa clientèle. Il était ensuite retourné à la clinique Saint-Vincent.
Il n'était pas présent dans les locaux de la Polyclinique lors de deux de ces trois arrêts cardiaques, mais l'accusation le soupçonne d'avoir pollué les poches de perfusion antérieurement. "C'est la théorie des enquêteurs, je trouve ça totalement hallucinant...", a-t-il rétorqué à la barre, soutenant "qu'on ne peut pas polluer une poche à l'avance". "L'expérience de l'enquêteur - filmée et diffusée à l'audience - montre que la pollution d'une telle poche est possible, même avec le suremballage, et que c'est possible en amont", lui a fait remarquer la présidente de la cour, Delphine Thibierge. "Pour avoir essayé, je vous le dis, ce n'est pas possible", a persisté l'accusé.
Frédéric Péchier comparaît libre, mais encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre.
(AFP)