"La multiplicité des actes criminels", jugés lors d'un procès exceptionnel de trois mois et demi aux assises du Doubs, "conduit à évoquer le fonctionnement d'un tueur en série", écrit la cour, dans ces motivations publiées cinq jours après le verdict rendu le 18 décembre.
Le document de 57 pages, signé par la présidente de la cour Delphine Thibierge et par le premier juré, revient longuement sur le profil de l'accusé, marqué par "une personnalité divisée entre un moi adapté avec son entourage familial et un moi blessé dans son environnement professionnel". Le texte revient dans le détail sur les 30 cas d'empoisonnement reprochés à l'anesthésiste, accusé d'avoir pollué des poches de transfusion afin de nuire à des collègues.
"Frédéric Péchier a ainsi utilisé ses connaissances médicales et anesthésiques à la fois pour régler des différends professionnels avec ses confrères et répondre à des tensions internes de son mal-être, attestées notamment par une tentative de suicide (en 2014) et des consultations ponctuelles avec un psychologue", estiment les juges.
L'anesthésiste intervenait ensuite parfois pour tenter de réanimer les victimes, mais 12 d'entre elles ont succombé. "L'accusé a pu trouver au sein de la clinique Saint-Vincent (de Besançon où la plupart des empoisonnements ont eu lieu) un terrain de jeu lui permettant d'obtenir la reconnaissance professionnelle qu'il attendait de son père, bénéficiant à ce titre d'une certaine aura au sein du bloc opératoire", relève la cour.
La défense de Frédéric Péchier s'est pourvue en appel.
