Référendum : les Jurassiens ne veulent pas de la prison de Pierre Botton

Les habitants d'une petite commune du Jura, choisie pour accueillir la prison expérimentale conçue par l'ex-homme d'affaires Pierre Botton, ont voté dimanche majoritairement contre ce projet qui divise le village, a-t-on appris auprès des organisateurs de ce référendum consultatif. 

54% des votants se sont prononcés contre l'implantation de cette prison sur le territoire de Saint-Julien-sur-Suran, une commune de petite montagne située à 35 km de Lons-le-Saunier. Quelque 251 des 312 habitants du village inscrits sur les listes électorales s'étaient déplacés pour participer au vote.

"Avec une majorité de votes contre la prison de Pierre Botton, j'estime que nous avons gagné. Nous resterons mobilisés jusqu'à ce que le projet soit définitivement abandonné", a déclaré Janine Keser, secrétaire de l'association "Petite montagne espace de liberté", créée pour l'occasion.

Le conseil municipal doit se réunir "rapidement" pour "décider quelle suite il donne à cette consultation qui n'était pas décisionnelle", a indiqué la conseillère générale et régionale (UMP) Hélène Pélissard, porteuse du projet.

"Les conseillers municipaux avaient indiqué que si le rejet était massif, ils abandonneraient le projet, mais ce soir, ce n'est pas le cas. Maintenant, nous avons besoin de ré-expliquer le projet aux habitants et de trouver une solution respectueuse de chacun", a-t-elle ajouté.

Hélène Pélissard estime que "la campagne de terreur, de mensonge et de dénigrement menée par l'association n'a pas marché".

Le projet évalué à environ 10 millions d'euros a été dénoncé par le Syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP) et le syndicat Ufap-Unsa Justice.

En décembre 2011, le site de Saint-Julien-sur-Suran a été retenu pour accueillir le projet de l'association "Les Prisons du coeur" fondée par Pierre Botton, l'ex-gendre de l'ancien député-maire de Lyon Michel Noir, qui a fait 20 mois de prison dans les années 1990 pour abus de biens sociaux.

L'établissement est destiné à 120 détenus condamnés pour la première fois à des peines n'excédant pas cinq ans, "hors crimes sexuels et crimes de sang". Ils pourraient travailler dans un centre commercial adjacent, ouvert au public, et au sein de l'établissement.

Les détenus auront la clé de leurs cellules, qui seront dépourvues de barreaux. Au sein de la prison, il n'y aura ni quartier disciplinaire, ni "grillage ni barbelé", à l'exception de la double paroi grillagée qui entourera le centre.

Dans un courriel adressé à l'AFP, Pierre Botton s'est félicité dimanche de la part importante (46%) des habitants de la commune qui s'étaient exprimés en faveur du projet, jugeant "qu’il n'y a pas un village en France dont les habitants voteraient oui à l'implantation d'une prison".

Dans l'attente d'une décision du conseil municipal, il a demandé aux habitants de la commune "d'oublier leur division et leur peur inutile et de se retrouver".

(source: AFP) 

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