Exclusivité – D’apprenti à patron… Amaraldo Begteschi reprend la Pizzeria Piano à Besançon

Un nouveau chapitre s’écrit pour la Pizzeria Piano, installée rue Gustave Courbet à Besançon. À seulement 25 ans, Amaraldo Begteschi s’apprête à reprendre officiellement les rênes de cet établissement bien connu des habitants, après sept années d’une ascension professionnelle aussi discrète qu’inspirante. Rencontre exclusive avec un jeune patron au parcours hors du commun.

Amaraldo Begteschi et Adrien Rognon © Alexane Alfaro

De l’Albanie à la rue Gustave Courbet

Né en Albanie, Amaraldo Begteschi arrive en France à l’âge de 15 ans, seul, et sera encadré par un dispositif pour mineurs étrangers (AZE). ”Je ne parlais pas un mot de français”, se souvient-il. Il suit d’abord une classe d’intégration linguistique avant de s’orienter vers un apprentissage en cuisine au CFA Hilaire de Chardonnet. ”Ce n’était pas le domaine qui me plaisait le plus au départ”, confie-t-il. Il abandonne son CAP au bout d’un an et demi, mais décide de rester dans le milieu de la restauration. C’est à la Pizzeria Piano qu’il découvre sa vocation, aux côtés d’Adrien Rognon, le fondateur.

Un apprentissage sur le terrain

Arrivé en 2018 en tant qu’apprenti, il gravit les échelons un à un. Apprentis puis salarié en CDI, puis chef adjoint : en quelques années, Amaraldo s’impose comme une figure incontournable de l’équipe aux côtés d’Adrien Rognon. ”J’ai découvert ma passion ici, par hasard. À la base, je comptais rester un an… Finalement, j’ai évolué, j’ai appris, et j’ai eu envie de rester”, nous dit-il, le regard déterminé. Il devient un pilier du restaurant, épaulant le patron, dans la gestion de l’équipe, de la salle, du bar, et surtout de la cuisine en tant que chef adjoint.

Un passage de relais en douceur

Fin août 2025, Amaraldo deviendra officiellement le propriétaire de la pizzeria. ”Adrien avait besoin de changement. De mon côté, j’avais l’envie et la motivation. On a signé une lettre d’intention, et la vente sera finalisée fin août.” Une transmission naturelle entre deux collègues devenus amis, bien au-delà de la simple relation patron-salarié. "Adrien compte énormément dans ma vie”, insiste-t-il.

De son côté, Adrien Rognon est arrivé à une période de sa vie, comme il nous le dit, au cours de laquelle ”les choses sont différentes” : ”j’ai deux enfants, dont une bas âge, les horaires sont compliqués, ainsi que les nuits !”, nous confie-t-il. Après avoir perdu son meilleur ami, décédé en août 2024, puis son papa en début d’année, il voit la vie différemment : ”Je suis orphelin aujourd’hui, j’ai besoin de temps, et pour gérer une machine comme Piano, il faut être entièrement disponible.”

Mais il quitte son entreprise avec fierté, soulagement et confiance : ”Amaraldo a toutes les qualités et les outils pour réussir, encore plus que moi à l’époque où j’ai crée Piano, et il peut encore évoluer. Je pars confiant”, assure-t-il.

Pas question pour Amaraldo de chambouler l’esprit de la maison : ”je garde les bases : la carte, les antipasti, les pizzas. Mais je veux aller plus loin.” Parmi les évolutions à venir : davantage de ”pizzas du moment”, des desserts maison renouvelés régulièrement, et une optimisation de la production de pâte. Et peut-être quelques ajustements de décoration à l’avenir…

Des ambitions à la hauteur de son parcours

”Mon but, c’était de m’intégrer dans ce nouveau pays et de me construire une vie ici”, explique Amaraldo. ”J’ai testé plein de métiers au départ, même la mécanique… Mais c’est ici que j’ai trouvé ma voie.” Un choix de cœur et de raison, guidé par l’envie de faire grandir le lieu qu’il considère comme sa maison. ”Depuis tout petit, j’ai beaucoup d’ambition, je veux que Piano continue d’évoluer, sans jamais perdre son âme.”

Avec sa rigueur, sa passion et son attachement au lieu, Amaraldo Begteschi incarne une relève pleine de promesses pour la scène culinaire bisontine. Une belle histoire d’intégration, de transmission, et de passion pour la pizza… et bien au-delà.

Quelle suite pour Adrien Rognon ?

Le fondateur de Piano Pizzeria n’a pas encore de projet précis à ce jour. Il sait toutefois que la restauration ne fera pas partie de sa vie ces prochaines années et pense évoluer dans un tout autre univers professionnel. ”Je ne me ferme aucune porte”, nous dit-il.

Malgré son soulagement et sa confiance en Amaraldo, Adrien le dit sans détour : pour lui, la vente de son entreprise est ”un saut dans le vide” : ”Piano c’est tout un projet qui sort de ma tête dans tous les détails, et la pizza m’a permis de sauver ma vie : quand je suis tombé dedans, j’avais 16 ans, je venais de perdre ma maman, et la pizza, avec mon patron Alain Pritzy de la pizzeria Romagnola à Doubs, je me suis structuré autour de cette passion, de ce métier et aujourd’hui je ferme un livre. C’est un aboutissement à 35 ans, une première étape, mais une étape à franchir pour passer à autre chose. Et j’ai une famille, des amis, un aboutissement financier. Le fruit de mon travail est récompensé et je souhaite exactement la même chose à Amaraldo.”

Adrien en est convaincu : ”un jour ou l’autre, avec Amaraldo, l’un ou l’autre viendra toquer à la porte de l’autre pour créer quelque chose ensemble. Alors pourquoi pas ?”

Infos +

La Pizzeria Piano, c’est aussi une équipe de sept personnes. Trois personnes en cuisine, deux en salle, deux au bar, et une à la plonge. L’été, un contrat étudiant vient renforcer les rangs pour accueillir les clients, qui peuvent s’installer dans une salle de 45 couverts ou sur une terrasse de 24 places le midi, jusqu’à 44 le soir.

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