Communiqué de Dominique Voynet :
"Intuitivement, tous l’ont compris : il ne s’agit pas d’un énième épisode d’une guerre des gangs, luttant pour un bout de territoire ou pour un monopole sur une filière. Il s’agit d’un crime abject, destiné à briser Amine, son frère militant, mobilisé depuis des années contre le narco trafic et pour la vie des quartiers, destiné à terroriser une population, à la plier à la loi des mafias. Grande est notre peine, qui n’est rien pourtant au regard de celle d’Amine et de sa famille. Grande est notre admiration aussi, devant le courage d’Amine Kessaci, dont l’engagement force le respect. Aucun angélisme ! Les narco criminels, dont les chefs sont planqués à Dubaï, menacent la République et l’État de droit.
Des moyens importants doivent et devront être mobilisés pour les combattre et pour protéger les citoyens des quartiers minés par leur activité criminelle. Jérôme Durain, nouveau président de la Région Bourgogne-Franche-Comté et auteur d’un rapport sénatorial sur le sujet, fait des propositions fortes sur le sujet. Aucune gesticulation : il ne servirait à rien d’instaurer l’état d’urgence à Marseille, comme le demande démagogiquement l’extrême droite. Les trafics se nourrissent – le dire n’est pas l’excuser – de la situation misérable de certains quartiers et de la fascination qu’exercent paradoxalement les trafics pour une jeunesse en déshérence. Le dénoncer ne suffira pas, le déplorer non plus.
La réponse doit être à la mesure du péril : renforcement des services publics, formation et soutien des agents des collectivités, lutte contre les inégalités et l’assignation à résidence, investissement dans l’éducation et la réussite scolaire, renforcement de l’offre de santé physique et mentale, soutien à la parentalité et aux familles confrontées aux trafics, accompagnement et insertion de celles et ceux qui rompent avec les réseaux… Si nous ne voulons pas être « de ceux qui prennent des mines affligées et demain continueront leur route comme si de rien n’était, parce que pour eux la vie des autres n’est rien et que seul compte le manège de leurs propres vanités », comme nous en conjure Amine Kessaci, nous devons regarder la réalité crue avec lucidité et courage, pour combattre l’ennemi avec les armes qui permettront de rendre de l’espoir à une famille dévastée, à une jeunesse désabusée, à une population tétanisée.
Une marche blanche est organisée samedi 21 novembre à 15 H à Marseille en mémoire de Mehdi, en solidarité avec Amine et sa famille. Une marée humaine est attendue pour dire stop à la folie meurtrière, pour dire à celles et ceux qui résistent qu’ils ne sont pas seuls. A l’heure dite, nous penserons très fort à eux. À Besançon, un rassemblement se tiendra également demain, samedi 22 novembre, à 10 h 30, place Victor-Hugo, à l’initiative d’Anne Vignot, pour rendre hommage à Mehdi Kessaci et dénoncer le fléau du narcotrafic".