Dans ce dossier tentaculaire, portant sur 30 empoisonnements (dont 12 mortels) de patients au bloc opératoire, commis dans deux cliniques privées de Besançon entre 2007 et 2018, "l'accusé nie, c'est son droit", mais "pour les familles c'est une double peine. Elles n'auront jamais ces six lettres : PARDON", a déploré devant la cour d'assises du Doubs Philippe Courtois, avocat de plusieurs victimes.
Pour son confrère Stéphane Giuranna, la culpabilité du médecin de 53 ans ne fait cependant aucun doute. "Dans ce dossier, il y a tout. C'est lui, et lui seul, et pour tout le monde", a-t-il asséné. L'accusé n'a certes jamais été pris en flagrant délit en train d'injecter des poisons dans les perfusions des victimes, mais "les crimes où on prend les gens sur le fait, c'est rarissime. Il n'y a jamais plus de preuves que dans cette affaire", a-t-il observé. "Je lui souhaite de vivre longtemps dans une prison et que chaque seconde, chaque minute, chaque heure, il soit hanté par les beaux visages des victimes", a-t-il encore plaidé, au troisième et dernier jour de cette séquence consacrée aux plaidoiries des parties civiles.
"Un lieu de soin en lieu de mort'
Les jurés devront "regarder l'ensemble de l'oeuvre du serial killer, pour voir que tout se tient", et le "condamner à la peine maximum", a estimé Me Emmanuel Sancey, fustigeant "le crime du lâche", qui "ne voit pas ses victimes" - l'accusé étant soupçonné d'avoir empoisonné des poches de perfusion à l'avance, avant le début des interventions chirurgicales.
"Les conséquences pour chaque famille sont terribles", et "on pourrait croire que tous demandent vengeance, et pourtant tous font preuve d'une dignité incroyable face à l'accusé", a souligné pour sa part Me Morgane Richard. "Vous avez fait des expériences interdites, vous avez joué avec la vie de vos patients", en transformant "un lieu de soins en lieu de mort", a asséné à l'accusé Catherine Bresson, qui défend notamment les intérêts de la clinique Saint-Vincent, où ont eu lieu la plupart des empoisonnements présumés.
Après trois mois d'audiences, le procès est entré cette semaine dans sa dernière ligne droite: le ministère public doit présenter ses réquisitions jeudi et vendredi, avant la plaidoirie de l'avocat de la défense, Randall Schwerdorffer, prévue lundi, puis le verdict attendu d'ici au 19 décembre.
L'accusé, qui comparaît libre, encourt la réclusion à perpétuité.
(AFP)
