Plan de lutte contre les violences faites au femmes : les institutions renouvellent leur engagement

L’actualité bisontine récente nous rappelle que la question de la violence envers les femmes reste un problème de société majeur. C’est dans ce contexte qu’a été signé ce mardi 25 novembre le 3e plan départemental de lutte contre les violences faites aux femmes en présence du préfet du Doubs Rémi Bastille et de la présidente du Conseil départemental Christine Bouquin mais également de représentants des collectivités locales, des forces de l’ordre et de l’administration judiciaire. 

Les signataires du plan départemental contre les violences faites aux femmes. © Élodie R.

Préfet, présidente du Département, procureur, inspecteur d’académie, maires de plusieurs collectivités, directeur interdépartemental de la police nationale du Doubs et commandant du groupement de gendarmerie du Doubs, tous étaient réunis ce mardi au sein du collège Proudhon pour tenter d’endiguer une situation "que l’on ne peut pas accepter" et "qu’ensemble nous devons résoudre" a insisté Christine Bouquin. 

En préambule, une minute de silence a été dédiée à Laure Z., assassinée par son ex-compagnon le 20 novembre dernier à Besançon, et qui représente le 145e féminicide français de l’année 2025.

À l’instar des deux premiers, ce troisième plan départemental vise à lutter contre les violences faites aux femmes en développant le partenariat entre les institutions et les acteurs qui agissent au quotidien pour répondre au mieux à cette problématique et venir en aide aux victimes. Il est composé de trois axes : prévention, accompagnement, l’écoute et l’hébergement, sanctions, comme nous le détaille Isabelle Geoffroy dans notre vidéo.

La prévention à destination des jeunes est l’un des axes majeurs de ce 3e plan et l’une des raisons pour lesquelles la signature du plan s’est tenue au collège Proudhon qui est le seul établissement du Doubs à être labellisé "Égalité filles-garçons" niveau 3 (national). À ce titre, l’enseignante, Hélène Isabey s’est vu remettre le label Égalité filles-garçons par le directeur académique des services de l’éducation nationale, Samuel Rouzet, après avoir oeuvré des années durant pour l’obtention de ce label. 

Samuel Rouzet et Hélène Isabey. © Élodie R.

Sur les dix signataires que comptaient les deux premiers plans sont venus s’ajouter cinq nouveaux pour cette troisième édition : les associations de maires ruraux du Doubs et de France (AMR 25 et AMD 25), la Ville de Montbéliard, l’inspection d’académie et la Caisse d’allocations familiales du Doubs. Parmi eux, Samuel Rouzet s’est dit particulièrement fier d’intégrer ce plan et rappelle "le besoin d’un partenariat solide qui se matérialise aujourd’hui". D’autant plus que l’école "est l’un des premiers lieux où sont repérés les enfants en souffrance" a insisté l’inspecteur d’académie. À ce titre, l’année dernière, 58 informations préoccupantes ont concerné des enfants du département du Doubs a-t-il rappelé.

La maire de Quingey, Sarah Faivre a pour sa part évoqué les difficultés de certaines communes à accéder aux associations spécialisées. Ce plan vise ainsi à lutter contre les inégalités territoriales notamment en sensibilisant et en formant les élus locaux, mais également en mettant à disposition des communes des supports permettant de relayer l’information et d’orienter les victimes vers les acteurs compétents. 

Des dispositifs pour déceler les situations de violence

Parmi les dispositifs déjà mis en place dans les précédents plans, madame Isabelle Geoffroy a évoqué le dispositif Angela, qui dans le cadre de ce troisième plan, sera étendu au Pays de Montbéliard.

Cécile Chaffanjon, directrice de France victime 25 a rappelé l’intérêt des intervenants sociaux en commissariat et gendarmerie (ISCG), mis en place depuis septembre 2020. Ce dispositif d’action sociale permet aux acteurs d’intervenir "à des moments charnières, au tout début du parcours, parfois même avant qu’une plainte soit déposée sur des situations détectées en amont par les services de police ou de gendarmerie". Concrètement, l’ISCG permet "un repérage précoce des situations de violences ou de détresses sociales grâce à sa présence directe aux côtés des forces de l’ordre". Son intervention "renforce la sécurisation des victimes et la prévention de la récidive en facilitant les échanges", a expliqué madame Chaffanjon. Depuis 2020, son activité est en constante augmentation. En 2024, les ISCG du Doubs ont reçu 1300 victimes. À Besançon, l’activité est d’ailleurs en hausse de 26% "qui nous laisse penser la nécessité d’une autre poste d’ISCG", a encore ajouté la directrice. Les personnes reçues sont majoritairement des femmes victimes de violences conjugales et "les chiffres de 2025 confirment cette intensité". 

La CAF, pour sa part prévoit une aide universelle d’urgence, qui grâce à une démarche simplifiée permet à toute victime d’obtenir une aide allant de 300 à 1.000€. Celle-ci permet surtout d’accompagner un départ du domicile conjugal en prenant en charge des nuits d’hôtel par exemple. Entre 300 et 400 personnes en ont bénéficié au cours de l’année 2024. 

Pour la partie sanction, le procureur de la République Cédric Logelin a insisté sur la nécessité de "mieux détecter les situations", l’idée maîtresse étant "de ne plus parler de dossiers mais de situations". 

Une "bataille culturelle" à mener

Le préfet du Doubs a quant à lui "rappelé la réalité départemental : 1800 femmes ont déposé plainte dans le département pour des faits de violences depuis le début de l’année". De quoi donner "une idée de l’ampleur du phénomène" surtout lorsque le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) rappelle qu’une femme sur six seulement dépose plainte. Un chiffre en augmentation de 20% par rapport à l’année dernière, qui était elle-même en augmentation par rapport à l’année précédente.

Face à une "évolution sociétale extrêmement préoccupante", Rémi Bastille a insisté sur cette "bataille culturelle" et le besoin de "rester déterminés" et a alerté sur "la réalité sociétale de mouvements profonds qui remettent en cause le travail que l’on est en train de conduire en diffusant des messages qui sont l’exact opposé". Alors, "est-ce que ce combat, on est en train de le gagner ?", a lancé le préfet à son auditoire. Face à ce danger, il est impératif de "protéger et éduquer notre jeunesse sur ses messages masculinistes omniprésents sur les réseaux sociaux", a-t-il conclu.

Quitter la version mobile