"Personne ne m'a vu faire! On est dans un procès d'assises, il faut des preuves!", s'est défendu lundi soir Frédéric Péchier, interrogé sur son usage de potassium - l'un des produits utilisé pour empoisonner certains patients - lors de son premier interrogatoire. L'accusé de 53 ans a prononcé cette phrase à la barre, poussé dans ses retranchements par l'une des deux avocates générales, Christine de Curraize. "Pour moi, c'est un aveu, un lapsus d'aveu", a déclaré après coup Stéphane Giuranna, l'un des avocats des nombreuses parties civiles.
Damien Iehlen et Suzanne Ziegler
Après plus de deux semaines de procès portant sur les deux derniers empoisonnements présumés de patients, en 2017, la cour entame mardi matin l'étude du décès suspect des deux premières victimes, Damien Iehlen et Suzanne Ziegler.
Le 10 octobre 2008, Damien Iehlen est à la clinique Saint-Vincent pour une opération du rein. L'homme de 53 ans fait un arrêt cardiaque sous anesthésie, avant même le début de l'opération chirurgicale. Malgré les tentatives de réanimation, le père de famille meurt. L'autopsie conclut à une intoxication à la lidocaïne, un anesthésique local retrouvé en grande quantité lors de ses analyses sanguines. Frédéric Péchier n'était pas chargé de son anesthésie, mais il était présent et a aidé à la tentative de réanimation.
Une enquête avait été ouverte au moment des faits, mais n'avait pas abouti. C'est en 2017 que la police commence à suspecter un empoisonnement, lors de
l'ouverture de l'enquête sur les cas survenus en 2017.
Quatre jours après le décès de Damien Iehlen, Suzanne Ziegler, 74 ans, est à son tour victime d'un arrêt cardiaque, le 14 octobre 2008. Le docteur Péchier aide sa collègue chargée de l'opération à la réanimer, en vain. La septuagénaire décède le lendemain.
Des traces de lidocaïne ont été découvertes dans une ampoule utilisée pour l'endormissement de Suzanne Ziegler. La famille de la patiente a alerté la police sur son décès suspect en 2017. Frédéric Péchier comparaît libre, mais encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre.
(avec AFP)