Procès Péchier à Besançon : “Soit Frédéric Péchier était incompétent, soit il savait ce que la patiente avait”

La cour d'assises du Doubs a examiné vendredi 12 septembre 2025 les secours apportés par l'anesthésiste Frédéric Péchier à une femme en arrêt cardiaque, selon un protocole qui, pour l'accusation, prouve qu'il connaissait la nature du poison qui lui avait été administré. Des débats techniques se sont ainsi enchaînés autour d’un poison et d’un remède.

© Élodie R.

Parmi les 30 empoisonnements, dont 12 mortels, reprochés à l'ancien médecin, la cour a continué de se pencher ce vendredi sur celui de Sandra Simard, victime d'un arrêt cardiaque dû à une dose potentiellement mortelle de potassium ajoutée dans sa poche de perfusion.

Ce 11 janvier 2017, alors que Mme Simard est sous la responsabilité d'une autre anesthésiste, Frédéric Péchier vient aider sa collègue a réanimer la jeune femme. "Sans concertation" avec celle-ci, selon un enquêteur, il lui administre du gluconate de calcium, un produit qui améliore la tolérance du coeur à un excès de potassium (hyperkaliémie). Or, à ce moment, l'accusé n'était pas censé savoir que la patiente venait d'être victime d'une intoxication au potassium.

Débats sur le protocole

Faute d'une telle information, "il ne faut pas utiliser" de gluconate de calcium dans un tel contexte, soutient devant la cour Sébastien Pili-Floury, chef du service réanimation du CHU de Besançon. L'expert en déduit "deux hypothèses, soit (Frédéric Péchier) était incompétent, soit il savait ce que la patiente avait".

En revanche pour le Dr Romain Jouffroy, anesthésiste-réanimateur à l'AP-HP (hôpitaux publics de Paris), "on peut suspecter une hyperkaliémie sur un faisceau d'éléments" et administrer du gluconate de calcium lors d'un arrêt cardiaque. "Ce n'est pas protocolaire, mais ça se fait dans certains établissements, je l'ai vu". Est-il toutefois bien "logique" de mettre en oeuvre une telle solution "sans poser une seule question" à l'anesthésiste en charge de la patiente, l'interroge l'avocate générale Christine de Curraize. "Non", admet le témoin.

Péchier regrette de ne pouvoir s'exprimer

Pour l'avocat de la défense, Me Randall Schwerdorffer, "chaque médecin développe ses propres protocoles", et "la médecine, ce n'est pas une science si exacte que ça".

L'accusation a par ailleurs souligné "la consommation particulièrement accrue de potassium" par Frédéric Péchier en 2016, période où surviennent plusieurs des empoisonnements présumés.

L'accusé, de son côté, a regretté en marge des débats ne pas pouvoir s'exprimer avant le 22 septembre, date prévue de sa première audition par la cour. "Je ne peux pas réagir aux propos qui sont dits (...), on dit des choses qui sont fausses", a-t-il dit à France 3 Franche-Comté, assurant avoir "des remarques importantes à faire".

L'ex-anesthésiste, qui a toujours clamé son innocence, comparaît libre mais risque la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre.

(Avec AFP)

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