Le lundi suivant l'interpellation de Frédéric Péchier, début mars 2017, le Dr Martial Jeangirard, sous le "choc", a refusé de travailler. "Pour moi c'était inimaginable qu'il y ait un empoisonneur", se souvient l'anesthésiste. Le Dr Péchier, "il s'occupait de tout, c'était presque normal de le voir dans un bloc", se remémore-t-il, alors que l'accusation souligne la présence récurrente de M. Péchier lors des arrêts cardiaques suspects. "Il se baladait dans les différents blocs, il saluait les gens. Il arrivait souvent avec ses feuilles de planning pour nous demander si ça nous allait", poursuit l'ancien collègue de l'accusé.
- "Il était très brillant, on avait toujours besoin de lui." Au sein de la clinique Saint-Vincent, entre 2008 et 2017, les arrêts cardiaques au bloc opératoire se répètent et les patients touchés doivent être réanimés.
Dans de tels cas, "un anesthésiste doit prendre la direction de la réanimation pour dire +on choque, on met l'adrénaline, on masse...+", et c'est généralement l'anesthésiste en charge du patient touché. Mais "quand Fred Péchier entrait dans un bloc, il prenait le rôle de gérant. Comme il avait l'habitude de réanimer, on le laissait faire", explique M. Jeangirard.
Après le départ du Dr Péchier de la clinique, "j'ai endormi 3.000 patients par an et je n'ai plus eu un seul accident inexpliqué",
Selon lui, il s'était "créé un vrai personnage charismatique de sauveur", a raconté le médecin, sans animosité envers l'accusé pourtant poursuivi pour l'empoisonnement de sept de ses patients, dont quatre sont morts. "Tant que l'on ne l'a pas vécu, on ne peut pas savoir ce que ça fait d'avoir des patients qui meurent entre vos mains parce que vous les avez anesthésiés", confie-t-il. Après le départ du Dr Péchier de la clinique, "j'ai endormi 3.000 patients par an et je n'ai plus eu un seul accident inexpliqué", note Martial Jeangirard.
Frédéric Péchier, 53 ans, est jugé pour 30 empoisonnements de patients âgés de 4 à 89 ans, dont 12 sont morts, entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon. L'accusé a toujours clamé son innocence. Il comparaît libre, mais risque la réclusion criminelle à perpétuité.
Le verdict est attendu le 19 décembre.
(Source AFP)