En 2040, le ski alpin à Métabief, c’est fini…

Le Syndicat mixte du Mont d’Or (SMMO) alerte ce mois de décembre 2020 sur le devenir du site de la station de Métabief. Il a reçu une aide exceptionnelle de 7 M€ pour lui permettre de réaliser les investissements nécessaires à l’enjeu de la transition climatique de la station…

©Station métabief © Station métabief

Pour le syndicat, il ne s'agit pas de tout changer du jour au lendemain et de faire s'écrouler tout un système économique, mais de se préparer à l'avenir. Métabief a été en effet la première station française à commander une étude climatique avec le centre d’étude de la neige de Météo France : "C'est pourquoi on se donne dix ans (...) On maintiendra les installations en 2030 si on a encore de la viabilité, mais il ne faut pas trop se faire d'illusion en 2035...", précise Olivier Erard.

Une enveloppe de 7 millions votée par le département

Afin de soutenir le site, l'assemblée départementale a voté une aide exceptionnelle le 16 décembre dernier. Une décision qui a ému Philippe Alpy, président du syndicat mixte du Mont d'Or, vice-président du département et maire de Frasne : "Depuis 2015, on y travaillait indirectement. Oui, on s'y attendait, mais on pouvait aussi s'attendre à ce que cette enveloppe soit réduite. L'adaptation au changement climatique, c'est une vraie ambition pour le territoire".

Cette dynamique conduite par le Syndicat mixte du Mont d’Or se traduit par la mise en œuvre d’un programme global d’investissements d’un montant de 11 M€.

Un changement de climat, une évolution nécessaire de la station...

"On va faire la mutation de la station de ski en station de montagne. Derrière, il faut décliner les chantiers et s'appuyer sur l'expertise de Météo France, des membres GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat) et des autres travaux des scientifiques", poursuit Philippe Alpy.

Ce constat est rejoint par celui d'Olivier Érard pour qui la station faisait face à deux choix :

Un choix cornélien que le SMMO a eu le courage de trancher. "Pour la deuxième option, nous n'aurions pas tenu compte des données de températures déjà enregistrées..."

En 2018, le syndicat a mis en place une nouvelle méthode d'analyse sur les remontées mécaniques. "Elle nous a permis de savoir ce qu'il fallait faire. On est passé des 15 millions qui avaient été envisagés à 2-3 millions avec une solution technique appelée "ÈVE" (des capteurs intelligents sont appliqués sur les poteaux des remontées mécaniques. Voir notre article ici pour aller plus loin). Grâce à cette méthode, nous avons vu qu'il fallait faire le deuil des nouvelles remontées mécaniques même si elles datent des années 80, ajoute le directeur.

En 2030 "tout enneigement naturel sera insuffisant pour garantir la viabilité économique"

Il alerte toutefois sur l'avenir de la station : "Météo France a noté une évolution rapide des modèles climatiques ces trois dernières années. En 2030, tout enneigement naturel sera insuffisant pour garantir une viabilité économique. Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura plus de neige", explique Olivier Érard tout en précisant qu'à long terme certaines stations pourraient venir à disparaitre comme les Super Longevilles.

"Nous avons encore la capacité à produire de la neige de culture, mais en dessous de 1.100 mètres d'altitude, les plages de froid commencent à devenir de plus en plus rares. Jusqu'en 2040, on pourrait imaginer pouvoir proposer du ski alpin sur les pistes enneigées en culture, mais seulement au-dessus de 1.100 mètres d'altitude ! Cela représente quelques pistes. Il faut ensuite prendre en compte la clientèle. La nôtre est composée aux 2/3 de skieurs de la région. Si nous faisons uniquement de la neige de culture, nous ne faisons que la moitié du chiffre d'affaires... C'est pour cela que vous disons attention ! En 2030-2035, il va se passer quelque chose. On ne doit donc pas sur-investir sur le ski alpin", affirme le directeur.

Un développement du VTT, de la luge quatre saisons...

Dans le cas où le ski alpin serait arrêté, tout serait démonté, sauf le télésiège du Morond, précise le directeur du SMMO. Il resterait donc les activités de VTT.

D'autres produits "hors neige" sont donc recherchés par le syndicat : 

Du côté de Chaux-Neuve...

Le SMMO espère faire évoluer le site pour devenir un "pole outdoor". Pour le réaliser, des travaux de maintenance sont nécessaires ainsi que le développement d'activités de pleine nature "été et hiver".

Des activités sont également à promouvoir : l'initiation au saut à ski, des ateliers-tail, des balades avec des chiens de traineaux.

Le syndicat imagine également un bâtiment où l'on retrouverait des espaces facilement transformables pour séparer le "haut niveau et des espaces recevant la clientèle du tourisme". On pourra retrouver du numérique lié au saut (voir notre article "J'ai testé pour vous le simulateur de saut à ski" ) ainsi que des lieux liés à la préparation physique et musculaire.

Un gite touristique pourrait aussi voir le jour : "Cela serait l'endroit idéal pour proposer des séjours à des groupes d'amis, des associations pour passer un week-end sportif", conclut Olivier Érard.   

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