Incidents à Besançon : les habitants de Planoise veulent se réapproprier “leur quartier”

La salle du centre Nelson Mandela était pleine à craquer mercredi 15 janvier 2020 en fin de journée pour la réunion publique de la Ville de Besançon et de la préfecture du Doubs suite à l’incendie de la fourrière municipale et aux tirs en série dans le quartier Planoise. En début d’après-midi, près de 200 habitants du quartier s’étaient rassemblés pour se « réapproprier (leur) quartier ». Les habitants ont réaffirmé qu’il souhaitaient un véritable retour à la tranquillité et qu’ils attendaient des solutions concrètes émanant des pouvoirs publics.

Réunion publique d’information ce mercredi à Planoise ©Damien Poirier ©

Marqués depuis deux mois par des règlements de compte armés entre trafiquants et par l'incendie de la fourrière municipale, les habitants de Planoise veulent désormais que les pouvoirs publics leur rendent des comptes. C'était l'objet de la réunion publique à laquelle étaient présents le maire de Besançon Jean-Louis Fousseret et le préfet du Doubs Joël Mathurin.

Après un point sur les résultats "rassurants" de la toxicité des fumées de l'incendie présenté par Atmo (voir notre article : absence d'amiante dans l'air et consolidation du bâtiment), un technicien des services de la mairie a expliqué que la  Structure du parking et du centre commercial au-dessus de la fourrière avait bien résisté à l'incendie qui est monté à 800 °C.  Une partie de la dalle, environ 100m2, a toutefois été fortement touchée et nécessitera un étayage qui sera réalisé la semaine prochaine. Les travaux à proprement parler ne commenceront que d'ici la fin février.

"Il faut repartir de plus belle et redonner des couleurs au quartier, qui n'est pas ce qu'en disent les faits divers. Ce quartier c'est mon quartier, c'est le vôtre, c'est le nôtre! ", a déclaré le directeur du magasin Intermarché de la place Cassin. Adrien Vitte qui réfléchit avec la mairie de Besançon à l'installation d'une structure provisoire avec des commerçants de la galerie commerciale, eux aussi fortement impactés par l'incendie.

"Reconquête Républicaine"

En début d'après-midi, 200 habitants, une majorité des retraités, mais aussi quelques mères de famille s'étaient réunies à l'appel du conseil citoyen de Planoise pour soutenir les commerçants de la place Cassin et dénoncer l'insécurité. "Nous voulons vivre sans peur à Planoise", pouvait-on lire sur une pancarte brandie par une manifestante.

Six des neuf candidats à la mairie de Besançon étaient présents à ce rassemblement et de nombreux élus, dont Jean-Louis Fousseret étaient présents

Depuis deux mois, ce "quartier de reconquête républicaine" (QRR) de près de 20.000 habitants est en proie à des règlements de compte armés entre bandes rivales, sur fond de trafic de stupéfiants. Sept personnes liées à ce trafic, âgées de 14 à 31 ans, ont été blessées par balles.

"Éjectons les dealers !" Monique Choux, conseil citoyen de Planoise

"Depuis l'incendie de la fourrière (le 31 décembre) et les séries de coupsde feu, les gens ont peur et beaucoup veulent partir de Planoise, notamment les familles", a expliqué Mme Choux, animatrice du conseil citoyen de Planoise avant de lancer: "N'ayons pas peur, vivons ensemble et faisons de ce quartier un endroit où on est bien. Éjectons les dealers !"

Lors de la réunion publique en fin de journée le préfet du Doubs a concédé que "la bataille de la reconquête républicaine" était âpre, notamment face aux trafiquants,  mais il a assuré que les forces de l'ordre étaient à pied d'œuvre pour traquer "sans relâche"

Par ailleurs les députés LREM du Doubs, Fanette Charvier et Éric Alauzet, candidat à la mairie de Besançon, ont annoncé l'envoi d'un courrier au ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, "pour lui demander de prendre des mesures rapides et durables" après les événements dans le quartier.

Planoise : un cahier de doléances

Un "cahier de doléances" a été mis à disposition des habitants. Il sera remis au maire LREM  de Besançon, Jean-Louis Fousseret.

Évacuation des véhicules de la fourrière

159 véhicules ont été détruits dans l'incendie sur les 400 que comptait la fourrière. Ils ne pouvaient pour l'heure pas encore être évacués, mais le seront progressivement à partir de la semaine prochaine.

Une quarantaine de voitures, sur les 134 situées dans le parking public, ont pu être récupérées.

Info +

Du côté de l'enquête, quatre suspects âgés de 18 à 30 ans ont été interpellés et placés en garde à vue mardi 14 janvier 2020 pour avoir déclenché l'incendie de la fourrière, a annoncé mercredi le procureur de la République de Besançon, Étienne Manteaux. Ils réfutent toute implication.

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