Procès Péchier : la série noire de 2009 qui aurait dû alerter…

L'ex-anesthésiste Frédéric Péchier, jugé à Besançon pour 30 empoisonnements de patients, dont 12 mortels, commis avant 2017, aurait-il pu être mis en cause dès 2009 ? La question était au coeur des débats jeudi 2 octobre 2025 devant la cour d'assises, où d'anciens collègues ont raconté leur désarroi face à une série noire de trois arrêts cardiaques inexpliqués.

© Elodie R.

"Dès 2009, les enquêteurs avaient tout" pour comprendre qu'un empoisonneur sévissait à Besançon, a observé Frédéric Berna, avocat d'une patiente victime en 2017 de faits similaires. Cette femme, qui a survécu, est "presque en pleurs" lorsqu'elle envisage cette perspective, a-t-il souligné.

En cette quatrième semaine de procès, la cour s'intéresse à trois empoisonnements présumés survenus les 7 avril, 27 avril et 22 juin 2009 à la Polyclinique de Franche-Comté (PFC), un établissement où le Dr Péchier a exercé de janvier à juin 2009. Il est ensuite retourné travailler à la clinique Saint-Vincent, où les 27 autres victimes ont été recensées.

"En 30 ans de pratique, je n'ai jamais vu ça"

Ces trois accidents graves étaient extrêmement surprenants, ont raconté à la barre des médecins qui y ont été confrontés. "Depuis 1985, date de mon installation, c'était le premier arrêt cardiaque que je voyais" en début d'anesthésie, a témoigné l'anesthésiste Jacques Pignard, qui a dû gérer le premier cas.

Après le deuxième, "on se disait, il y a un truc qui ne va pas", s'est rappelé Lydie Steinmetz, la chirurgienne qui devait opérer le patient. "En 30 ans de pratique, je n'ai jamais vu ça", a-t-elle renchéri. Après le troisième cas, le Dr Pignard, suspectant une malveillance, fait saisir et analyser la poche de perfusion de la patiente. Celle-ci contient "une quantité tout à fait anormale de potassium" et de "l'adrénaline à des doses faramineuse".

Une enquête est ouverte par le parquet de Besançon. Le nom de Frédéric Péchier y apparaît, mais comme il n'était pas physiquement présent à la Polyclinique lors de deux des trois accidents cardiaques, il n'est pas mis en cause. L'enquête sera classée sans suite en 2012, pour cause "d'auteur inconnu".

Après de nouveaux arrêts cardiaques suspects, survenus en 2017 à la clinique Saint-Vincent, les policiers rouvrent l'enquête et estiment que le Dr Péchier pouvait avoir sévi dès 2009 à la PFC. Selon l'accusation, il aurait voulu nuire aux anesthésistes avec lesquels il était en conflit. Une hypothèse contestée par la défense.

Frédéric Péchier, 53 ans, est le seul praticien ayant travaillé dans les deux établissements concernés par le dossier, aux dates des faits présumés. L'accusé, qui a toujours affirmé son innocence, encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre.

(AFP)

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