Protoxyde d’azote : une scène violente filmée dans une rue de Besançon

Publié le 29/07/2022 - 14:01
Mis à jour le 29/07/2022 - 15:05

Le procureur de la République de Besançon Etienne Manteaux, a rappelé lors d’une conférence de presse mardi dernier, l’importance de sensibiliser le public et surtout les jeunes, aux risques de la consommation de protoxyde d’azote (gaz hilarant), ces capsules servant à faire de la chantilly, détournées en soirée pour s’inventer des paradis artificiels légalement et à moindre coût.

Dans la nuit de vendredi 22 à samedi 23 juillet dernier, entre 01h54 et 02h03, sur un parking à Planoise, les policiers du Centre de supervision urbaine ont constaté en direct une scène d’une rare violence montrant deux jeunes aspirant vraisemblablement des ballons de protoxyde d’azote dans une voiture. Un troisième individu s’approche. Rapidement, l’un des deux hommes de la voiture est sorti pour le frapper violemment au visage, lui donner des coups de poing et de pieds y compris dans la tête et des claques. La victime a cessé de bouger au sol. Après environ 6 minutes, temps de l’effet du protoxyde d’azote sur le cerveau, l’agresseur, âgé de 20 ans, se rend compte de la situation et appelle aussitôt les sapeurs-pompiers.

Hématomes graves, 15 jour d’ITT

Les policiers se sont rendus sur place juste avant l’arrivée des secours pour interpeller l’agresseur qui a ensuite été déféré devant un magistrat instructeur « parce que l’état de santé de la victime n’est absolument pas consolidé », précise Etienne Manteaux.

La victime de 25 ans souffre d’hématomes sous duraux, c’est-à-dire d’épanchements de sang à l’intérieur de la boîte crânienne. Il a 15 jours d’incapacité temporaire de travail et peut-être des lésions permanentes suite à cette violence qui apparaît comme gratuite. "Difficile de ne pas faire le lien entre la consommation de protoxyde d’azote et les violences", selon le procureur.

L’agresseur était mardi en détention provisoire depuis dimanche 24 juillet . Il est connu des services de police pour des faits de violence. "C’est une personne qui n’a pas besoin d’être désinhibée pour être violente et manifestement, cette violence qui apparaît à l’évidence gratuite et qui est suivie d’un appel aux pompiers, c’est assez inhabituel", selon Etienne Manteaux.

Une consommation "massive" chez les jeunes

Selon le procureur, ce produit détourné est consommé de façon "massive". Il a été observé à proximité des discothèques de Besançon, sur les parkings, que des jeunes en consomment en forte quantité. Son effet euphorisant dure 5 à 6 minutes. Les consommateurs vident la cartouche dans un ballon de baudruche pour aspirer, inhaler son contenu. 

Yves Cellier, le directeur départemental de la sécurité publique  (DDSP) du Doubs rappelle lui aussi les dangers que représente ce protoxyde d’azote pour la santé publique. "On en voit une consommation particulièrement excessive et on arrive à des consommations de 15, 20, 25, 35 ballons par jour avec des effets particulièrement funestes sur la santé et des comportements déréglés", rapporte-t-il.

Une police quasi impuissante

Depuis le 1er juin 2021, à Besançon, un arrêté municipal interdit la vente aux mineurs, la consommation et l’abandon sur la voie publique de cartouches de protoxyde d’azote. Malgré tout, ce produit est en vente libre, pas cher, pour un usage culinaire dans tous les supermarchés.

Face à cela, les policiers peuvent punir les consommateurs d’une contravention de 1ère classe (38 euros) pour non-respect d’un arrêté municipal, mais n’ont pas les moyens légaux d’intervenir davantage.

"On est en difficulté parce qu'outre le fait que la vente soit interdite aux mineurs et que la consommation sur la voie publique soit interdite, il n’y a aucun autre moyen de judiciariser ces consommations excessives, donc il faut vraiment en appeler à la responsabilité de ces consommateurs, sur les dangers supplémentaires que représente la consommation de ce type de substance que l’on retrouve dans des comportements déviants", explique le DDSP qui compare ce phénomène à celui de la consommation de colle snifée dans des sacs en plastique dans les années 80.

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