Prêtre accusé de pédocriminalité : les juges veulent étendre l’enquête au Maroc

Les juges instruisant l'affaire d'un prêtre incarcéré pour agressions sexuelles sur mineurs en Bourgogne ont demandé au Maroc de réaliser des actes pour leur enquête, a indiqué mercredi 2 octobre 2025 la Chambre de l'instruction à Dijon.

"Une commission rogatoire internationale a été lancée auprès des autorités marocaines", a indiqué le président de la Chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Dijon, Dominique Brault, lors d'une audience du père Yves Grosjean où sa demande de remise en liberté a été rejetée.

M. Brault n'a pas spécifié quels actes d'enquête la justice française demande au Maroc. Le père Grosjean a été mis en examen et incarcéré, fin mai, à la suite de la plainte d'un jeune homme pour des agressions sexuelles survenues en France et remontant à 2010, quand il avait 12 ans. Le prêtre fait l'objet d'accusations similaires à Rabat, où il a officié de 2017 à 2024. Depuis cette mise en examen, le prêtre âgé de 68 ans a reconnu trois autres actes en France.

Mais un collectif a recensé 17 victimes potentielles, sur un total de 57 hommes joints en France par l'association parce qu'ils ont été en contact avec le prêtre quand ils étaient mineurs. Le curé a dû être en contact avec "400 à 500" mineurs durant sa carrière en Bourgogne, a évalué auprès de l'AFP la présidente du collectif, Emmanuelle Dancourt.

Ce chiffre ne concerne pas les sept années que le père Grosjean a passées à Rabat après y avoir été "exfiltré" en 2017 à la suite d'une première plainte pour agressions sexuelles sur mineur en France, depuis classée sans suite. Il y est rentré en 2024, après de nouvelles accusations, cette fois au Maroc. A l'audience de mercredi, le père Grosjean a répondu par un "non" ferme à une question sur de possibles agressions commises au Maroc.

Le collectif de victimes a publié lundi une lettre ouverte dénonçant "les silences" des diocèses de Dijon et Rabat sur leur "attitude et leur réponse (...) face aux comportements réitérés de ce prêtre". L'archevêque de Rabat, Cristobal Lopez Romero, a réagi auprès de l'AFP, assurant n'avoir reçu "aucun signalement" concernant le père Grosjean. "C'est moi-même qui ai observé des comportements que j'estimais non convenables et dangereux pour un prêtre", a-t-il dit, mais la justice n'a pas été saisie car ces "comportements ne constituaient pas des actes délictuels".

A Dijon, le diocèse a rappelé que le père Grosjean avait été interdit "de tout ministère auprès de mineurs" en 2024, après la plainte qui a conduit à son incarcération.

(Source AFP)

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