Procès Péchier : une “rescapée” témoigne au procès de l’ex-anesthésiste

"Je suis une rescapée de l'affaire Péchier", a témoigné vendredi 3 octobre 2025 devant la cour d'assises du Doubs, Bénédicte Boussard, l'une des 30 victimes d'empoisonnements présumés, dont 12 sont mortes, imputées à l'ex-anesthésiste.

© Élodie R.

Bénédicte Boussard, qui avait 41 ans lorsqu'elle a été victime d'un arrêt cardiaque médicalement inexpliqué en cours d'anesthésie, le 7 avril 2009 à la Polyclinique de Franche-Comté, a raconté à la cour ses séquelles, ses amnésies et son souhait de "connaître le coupable" et de "savoir la vérité". 

Mais elle se fait peu d'illusions: Frédéric Péchier "n'avouera pas, je pense que c'est enfoui au plus profond de lui-même et que ça ne sortira jamais. Il est allé trop loin", a confié cette femme de 57 ans, qui dit être ressortie "marquée physiquement et moralement" par cette épreuve subie il y a 16 ans.

Une miraculée avec des pertes de mémoires

Venue à la clinique se faire opérer, elle se réveille après un coma, "intubée, en soins intensifs, entourée de machines, attachée au lit". "Mon subconscient me disait: +Bats-toi, tu as tes enfants, ton mari, ta famille+", se souvient la quinquagénaire. "Ce coma m'a enlevé mes souvenirs: je n'ai aucun souvenir de mon enfance, aucun souvenir de la naissance de mes enfants, aucun souvenirs de mon mariage", confie-t-elle en retenant ses larmes. "J'en ai seulement des flashes et des album photos...", poursuit-elle.

Comme tous les patients figurant sur la liste des victimes présumées, elle s'estime cependant heureuse de "faire partie de ceux qui sont encore là". "Vous êtes une miraculée", lui glisse son avocat, Christophe Bernard. "Je suis une rescapée de l'affaire Péchier", souligne désormais lors de ses rendez-vous médicaux, celle qui se dit convaincue que son arrêt cardiaque n'a pu être provoqué que par un empoisonnement. 

Frédéric Péchier, 53 ans, encourt la réclusion criminelle à perpétuité devant la cour d'assises du Doubs, où il est jugé depuis le 8 septembre pour 30 empoisonnements de patients âgés de quatre à 89 ans, entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon. L'ancien médecin anesthésiste-réanimateur, qui comparaît libre, a toujours clamé son innocence. Le verdict est attendu le 19 décembre.

(AFP)

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