La D141, un axe majeur pour les habitants de Fontain, Arguel et Pugey, est très fréquentée et empruntée par de multiples catégories d’usagers. Mais cette route présente selon l’association plusieurs points de danger, notamment au niveau du passage dit Sous les Roches.
Un axe stratégique mais sous-dimensionné
La D141 voit défiler environ 2.700 véhicules par jour. Elle sert à la fois d’itinéraire de fuite pour éviter les embouteillages quotidiens de la RN83 (Larnod – Besançon) et de trajet le plus direct pour les habitants du plateau.
Selon l’association À fond la transition, la vitesse autorisée, notamment les 80 km/h sur le tronçon Sous les Roches, est "inadaptée".
Des usagers multiples : voitures, bus et cyclistes
La route accueille quotidiennement des cyclistes, dont les trajets domicile-travail ou domicile-études, vélo sportif et cyclo-sportif, cyclo touristes. Les bus Ginko y circulent également tels que les ligne 86 Pugey–Besançon, ligne Diabolo 405 Larnod–Micropolis et ligne 85 Fontain–Besançon, qui passe sous les Roches.
L’association souligne que cette cohabitation se fait dans des conditions délicates.
Sous les Roches : un secteur considéré comme dangereux
Le passage étroit est décrit comme présentant une "chaussée très étroite avec d’un côté une paroi rocheuse et de l’autre côté un précipice".
Le croisement voiture-bus y est qualifié de "DANGER", et l’association estime que le croisement ”Voiture-bus-vélo DANGER ++" en raison de comportements "très risqués d’automobilistes qui dépassent les cyclistes sans avoir aucune visibilité".
Des incidents matériels y sont fréquents : "nombreux rétroviseurs cassés" et "pièces automobiles retrouvées sur la chaussée".
Des témoignages concordants
Plusieurs automobilistes rapportent avoir dû manœuvrer dans ce secteur. Carole Gusatto, de Fontain, fait partie de ceux qui ont dû ”reculer”. D’autres évoquent des arrêts forcés, comme Marie-Anne Spony, qui l’a vécu "plusieurs fois en 44 ans", et d'autres usagers membres ou non de l'association.
Les chauffeurs de bus partagent les mêmes inquiétudes. Selon le collectif, "les chauffeurs de bus Kéolis nous ont tous déclaré qu’ils appréhendent le Passage sous les Roches et qu’ils espèrent qu’un feu en alternat sera installé un jour”. Pascal Colin, usager de la D141 assure avoir déjà vu "des cars de collégiens devoir reculer, avec les warnings et en klaxonnant !"
Pour les cyclistes, le passage est jugé "trop dangereux" et constitue un frein au report modal. L’association indique disposer de témoignages de personnes "qui aimeraient aller travailler en vélo plutôt qu’en voiture.... Mais passer sous les Roches en vélo, c’est trop dangereux !".
Le Département du Doubs en ligne de mire
La D141 relève de la compétence départementale. L’association estime donc que "le Département : doit mieux faire !”. Elle pointe une disproportion entre les investissements en mobilité douce sur tout le Doubs (11 M€) et ceux alloués au secteur Grand Besançon Métropole, qui ne représenteraient ”qu’1 million d’euros”, rapporte les usagers, ”alors que 30% de la population du Doubs y réside”.
Selon l’association, les seuls aménagements réalisés en 2024 se limitent à "des panneaux route partagée", alors qu’elle aurait "préféré des panneaux indiquant la distance règlementaire de 1,5 m”.
Une étude et une expérience concluante, mais pas de décision
En 2022, le Département a commandé une étude au cabinet TTK, laquelle préconise notamment un alternat par feu (intelligent) avec un temps d’attente jugé raisonnable : 90 secondes.
L’association dit avoir "écrit deux fois aux élus du Département", sans réponse satisfaisante.
Lors des travaux de renforcement de la route, un alternat temporaire a été testé en janvier 2025. Le comptage réalisé par GBM a observé "10 voitures maxi l’attente aux heures de pointe". Cette installation "ne perturbait pas le trafic et sécurisait tous les usagers" et avait "totalement convaincu les chauffeurs de bus”, selon les membres de À fond la transition.
Malgré cela, l’association indique que "le Département refuse toujours d’envisager tout aménagement qui contraindrait le trafic automobile". Elle rappelle par ailleurs que Ludovic Fagaut, vice-président du Département, "s’était pourtant engagé à sécuriser la montée entre Beure et Arguel".
Les demandes de l’association
L’association formule deux demandes prioritaires :
- "une véritable sécurisation de la D141, une réduction de la vitesse sur le passage des roches et une signalisation horizontale : chevrons au sol" ;
- "l’installation d’un alternat par feux intelligents (priorité aux bus et vélos)".
Un enjeu de transition et de réduction du trafic automobile
Selon À fond la transition, la sécurisation de la D141 s’inscrit dans une logique de mobilité durable. Les vélos à assistance électrique rendent désormais les trajets entre le plateau et Besançon "envisageables pour le plus grand nombre", constituant "une vraie alternative à la voiture”. L’association rappelle : "Des cyclistes en plus c'est des automobilistes en moins dans les bouchons !".
Elle estime que permettre aux habitants de Fontain, Pugey et Larnod de se rendre à Besançon à vélo en sécurité contribuerait à réduire "la pression automobile", les embouteillages et la pollution.
L’association regrette que "certains élus restent encore trop frileux" et "refusent de contraindre (même légèrement) les automobilistes par peur de mécontenter leur électorat".
Le Département du Doubs renvoie la balle à Grand Besançon Métropole
À l’issue de la mobilisation de l’association devant le conseil départementale ce jeudi matin, nous avons rencontré Nicolas Perrin, directeur de cabinet du Département et Olivier Blanchet, directeur général adjoint en charge des infrastructures. M. Perrin a confirmé que ce dossier de la D141 était bel et bien identifié ”depuis de nombreuses années” et a donné lieu à ”beaucoup d’échanges entre l’association, le Département et Grand Besançon Métropole, qui est associé pleinement à ce sujet-là, puisqu’on est sur le territoire de GBM et qu’elle est en charge des mobilités sur son territoire .” Et d’ajouter : ”Il y a déjà eu des réponses apportées et ces réponses-là, aujourd’hui, elles sont entre les mains de Grand Besançon Métropole pour avancer sur ce dossier-là.” (lire la vidéo ci-dessus)
"On sent que du côté des élus du Département, ça traîne des pieds"
Contactée ce jeudi après-midi, Marie-Zéhaf, vice-présidente de GBM en charge des Transports, des Mobilités et du Stationnement, assure que "la démarche est en cours : un courrier doit partir prochainement, si ce n'est pas déjà fait, pour demander l’accord des élus du Département du Doubs. En effet, on s’est appuyé sur l’étude menée par le Département, et les analyses montraient que c’était très dangereux pour les cyclistes et la solution qui a été trouvée c’est un feu pour les cyclistes."
Autre solution qui répond aux demandes de l'association : "un abaissement de la limitation de vitesse de 80 à 50 km/h", affirme Marie Zéhaf.
Par ailleurs, "Grand Besançon Métropole veut bien porter les aménagements, mais il nous faut l’accord du Département, qu’on n’a encore pas. Une fois qu’on aura leur accord, on pourra se lancer dans des travaux, mais GBM ne peut pas tout porter (financièrement - ndlr), donc on sent que du côté des élus du Département, ça traîne des pieds. Il n’y a pas une volonté de s’engager là-dedans."
