Exposition du Frac : “Aller contre le vent, performances, actions et autres rituels”

Publié le 17/02/2022 - 11:44
Mis à jour le 28/02/2022 - 11:47

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L’exposition rassemble des œuvres de la collection du Frac Franche-Comté relevant de la dimension performative au sens large du terme, autrement dit des œuvres ayant à voir avec les notions de durée, d’éphémère, de mouvement et de vivant. Elle est le reflet de la problématique centrale de la collection qui, depuis 2006, gravite autour de la notion de temps, et de son ouverture à la transdisciplinarité, notamment via un dialogue avec le spectacle vivant.

Elle témoigne aussi de l’évolution d’une collection qui, au fil du temps, a pris en considération des œuvres s’inscrivant dans la mouvance des années 60-70, période qui a vu émerger les happenings et performances : des propositions qui s’inscrivaient alors dans le rejet des institutions et des valeurs traditionnelles relatives à la définition de l’œuvre et au statut de l’artiste. Autrement dit un mouvement de contestation auquel fait écho le titre de l’exposition emprunté à l’une des œuvres qu’elle présente : Wandering in the wind (1976) du collectif japonais The Play.

Aller contre le vent rassemble ainsi des œuvres dont la forme relève de l’archive ou de la trace d’« actions ». Elle se compose également d’œuvres qui, sous forme de dessins, matérialisent des projets de performances. Et d’œuvres dont la matière première est une performance ou une action – parfois non publique
et engageant ou non le corps – mais qui prennent la forme de son enregistrement ou de sa captation (films, vidéos, photographies) ou encore d’œuvres qui les prolongent – les recyclent en quelque sorte – sous la forme d’installations ou de volumes.

Elle se compose enfin de performances qui seront régulièrement réactivées et d’œuvres requérant l’intervention du public. A partir de ces deux derniers ensembles, l’exposition interroge plus particulièrement la question de la délégation. Celle inhérente aux performances qui intègrent désormais les collections publiques sous condition d’être « ré-activables » – une condition supposant que ces performances seront ponctuellement « interprétées » par des individus choisis par l’institution, conformément aux préconisations de l’artiste dans le cadre d’un protocole (1). Mais aussi la délégation inhérente aux œuvres qui supposent une activation par le public que l’auteur, instaurant ainsi une relation de confiance et de partage, transforme en « acteur » essentiel à leur achèvement. Ces dernières, au même titre que les performances, n’existent réellement ou n’atteignent vraiment leur complétude qu’au moment où quelqu’un leur donne vie. C’est le moment où l’œuvre a lieu (2). Dès lors, l’exposition interroge les points de convergence entre les arts visuels et le spectacle vivant (art de l’éphémère par excellence), et ce plus explicitement au travers des œuvres de Saâdane Afif, Alex Cecchetti, mais aussi de Xavier Le Roy, Ulla von Brandenburg ou Angelica Mesiti.

Aller contre le vent, performances, actions et autres rituels

Cette performance met à l’honneur les pratiques actuelles issues d’une période où l’institution était rejetée par les artistes relevant du champ des arts plastiques autant que du spectacle vivant. Pour eux, il s’agissait alors de réduire l’écart entre l’art et la vie et d’aller à la rencontre
directe d’un public qu’ils pouvaient parfois solliciter et associer. Contestant également la société de consommation, ils optèrent alors pour des œuvres immatérielles et éphémères. Mais les problèmes relatifs à la visibilité de leur travail, comme ceux inhérents aux réalités économiques, les conduiront à revenir dans les espaces conventionnels et à des productions monnayables.

Dans les musées et les galeries, ils donneront à la documentation relative à leurs projets éphémères un autre statut, celui d’œuvres d’art pérennes. Ils n’hésiteront pas à faire ainsi le mouvement inverse à celui qu’ils avaient réalisé précédemment.

Dans cette exposition, The Play et Untel en sont l’illustration, tandis que les autres artistes tout en s’inscrivant dans leur héritage ont su inventer d’autres modalités pour poursuivre l’aventure de la performance, dans son acception la plus large, au sein d’une institution avec laquelle ils entretiennent une relation symbiotique. De fait, celle-ci s’est adaptée. Réinventant ses pratiques de médiation, elle incite le public à manipuler des œuvres tout en orchestrant désormais des sortes de «cérémoniaux » à l’instar du théâtre ou de la danse. En intégrant les œuvres immatérielles que sont les performances dans ses collections, elle se transforme aussi en producteur d’événements, voire en directeur de casting. In fine, à tous les stades, elle incorpore désormais le vivant.

Sylvie Zavatta

(1) Les protocoles de certaines performances seront visibles dans l’exposition.
(2) Cf. Jean-Marc Poinsot, Quand l’œuvre a lieu, l’art exposé et ses récits autorisés, Les presses du réel, 2008.

Infos +

Avec les œuvres de Marina Abramovic, Saâdane Afif, Maja Bajevic et Emanuel Licha, Béatrice Balcou, Éric Baudelaire, Neal Beggs et Jean-Christophe Norman et Laurent Tixador, Patrick Bernier et Olive Martin, Davide Bertocchi, Ulla von Brandenburg, Alex Cecchetti, Elisabeth S. Clark, Compagnie Labkine, Lise Daynac & Valeria Giuga, Manon De Boer, Cyprien Gaillard, Mario García Torres, Gerard & Kelly, John Giorno, Anna Holveck, Ann Veronica Janssens, Július Koller, Micha Laury, Xavier Le Roy, Elodie Lesourd, Marie Lund, Angelica Mesiti, Ari Benjamin Meyers, Roman Ondak, Régis Perray, Matthieu Saladin, Shimabuku, Roman Signer, Cally Spooner, The Play, Untel.

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