Réseau international de blanchiment d'argent : une affaire "hors norme"

Publié le 29/11/2016 - 14:57
Mis à jour le 30/11/2016 - 09:41

Le réseau international de blanchiment d’argent, issu notamment du trafic de drogue, démantelé lors d’une importante opération dans plusieurs pays européens la semaine dernière, est « exceptionnel, hors norme », selon les magistrats et enquêteurs ayant participé à l’opération. Deux personnes ont été interpellées à Besançon dans le cadre de cette enquête.

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400 millions d’euros sur quatre ans

"A ce stade de l'enquête, il a pu être tracé 75 millions d'euros entre août 2015 et novembre 2016", qui ont transité en France par ce réseau, a expliqué mardi 29 novembre 2016 au cours d'une conférence de presse Xavier Tarabeux, le procureur de la République de Marseille, en charge de l'enquête. "A l'échelle internationale, les estimations que nous pouvons faire (...) portent ces opérations de blanchiment à près de 400 millions d'euros sur les quatre dernières années", a-t-il ajouté.

Au-delà des saisies -plus de 5 millions d'euros entre la France et la Belgique, 7 kilos d'or, 10 kilos de cocaïne et 785 kilos de cannabis- et des interpellations (plus de 50 interpellations, dont 36 en France, dont deux à Besançon), les montants blanchis impressionnent même les enquêteurs les plus spécialisés.

Un véritable réseau bancaire parallèle

"Je travaille depuis seize ans à Europol et je n'ai jamais vu quelque chose comme ça", a expliqué Pedro Felicio, spécialiste portugais de la délinquance financière pour cet organisme.

Le système qui a été mis au jour, constitue, d'après les enquêteurs, un véritable réseau bancaire parallèle, un "Hawala" (système traditionnel de paiement informel, dans la culture arabe), dont la tête était au Maroc.

"On est au niveau au-dessus des réseaux de trafics" de drogue, a mis en avant M. Tarabeux : des collecteurs récupèrent l'argent des trafics et le remettent à un niveau supérieur. L'organisation fonctionne ensuite par "compensation entre les pays" effaçant toute traçabilité tout en limitant les transferts entre pays.

L'argent qui est collecté dans un pays est disponible ailleurs sur le territoire ou dans un autre Etat. "Le montage repose à la fois sur le numéraire et sur la confiance entre les interlocuteurs" ainsi que "sur l'importance de trafic de stupéfiants", a souligné M. Tarabeux, en présence d'un magistrat d'Eurojust, d'un représentant d'Europol et d'enquêteurs français, hollandais et belges.

Un "collecteur" et un Bisontin pris juste après l'échange de 900.000 euros

L'enquête a nécessité la coopération des services d'enquête européens, réunis au sein d'une "équipe commune d'enquête" mise sur pied à cette occasion.

Tout est parti de l'interception fortuite, par les douaniers, le 10 juin 2015 à Mornas (Vaucluse) d'un véhicule à bord duquel ont été retrouvé 298.000 euros en petite coupure, l'un des multiples transports de fonds du réseau.

Après plusieurs mois d'enquête, une vague d'interpellations a finalement été menée en France lundi 21 novembre 2016. À Besançon, les enquêteurs de la gendarmerie sont parvenus à interpeller un "collecteur" d'argent venu du nord et un Bisontin d'une vingtaine d'années, après que celui-ci ait remis au "collecteur" près de 900.000 euros issus du lucratif trafic de stupéfiants. Ces deux hommes ont été mis en examen et placés en détention (Lire ci-dessous).

En France, 18 autres personnes ont été mises en examen dans le cadre de cette affaire, dont 16 ont été placés sous mandats de dépôt, un sous contrôle judiciaire et une personne a souhaité un débat différé. Trois mandats d'arrêts ont également été délivrés : un au Pays-Bas et deux au Maroc dont la tête présumé du réseau.

(Avec AFP)

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