Barbara Romagnan signe une tribune contre la loi sur la sécurité intérieure

Publié le 04/10/2017 - 08:38
Mis à jour le 04/10/2017 - 13:41

Les députés ont adopté ce mardi 3 octobre 2017 à une large majorité et  en première lecture le projet de loi « renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme« …Un texte qui a provoqué de nombreux débats parfois houleux la semaine dernière et qui a suscité de nombreuses oppositions chez les Républicains, au FN, mais aussi à la gauche de la gauche. L’ancienne députée PS du Doubs a d’ailleurs signé avec Benoit Hamon et Noël Mamère une tribune pour marquer son opposition au texte.

 ©
©

Le projet de loi antiterroriste, doit prendre le relais de l’état d’urgence au 1er novembre. Le texte a provoqué de nombreux remous. "Les discussions et votes de jeudi à l’Assemblée nationale semblent déjà confirmer nos inquiétudes. Les députés ont notamment voté l’article 10 visant à élargir les périmètres dans lesquels la police peut procéder à des contrôles d’identité sans aval de la justice" explique l'ancienne députée du Doubs qui a signé le 28 septembre dernier une tribune dans Libération afin d’exprimer son opposition à la loi de sécurité intérieure. 

Tribune de Barbara Romagnan, Benoit Hamon et Noël Mamère

  •  "L’intégration de l’état d’urgence dans le droit commun, voulue par le chef de l’État, est le dernier chapitre d’une politique sécuritaire entamée par Sarkozy et poursuivie par Valls.

"Le 16 novembre 2015, quelques jours seulement après les sanglants attentats du 13 novembre, Robert Badinter, l’ancien garde des Sceaux, affirmait ceci : «L’État de droit, ce n’est pas l’état de faiblesse.» Et il s’empressait d’ajouter : «Mais la première exigence, c’est de maintenir les valeurs fondamentales de notre démocratie, et s’il ne faut hésiter à prendre des mesures nouvelles ce doit être toujours à la condition qu’elles ne méconnaissent jamais ce qui est au cœur de notre société, c’est-à-dire, les droits de l’homme.» 

Face à une France meurtrie, Robert Badinter rappelait ce jour-là l’essentiel. Si, dans tout système démocratique, la sécurité des citoyens est une exigence centrale, elle ne doit jamais se poursuivre au prix du reniement de nos valeurs fondamentales. Cet équilibre, fragile et ténu, entre le devoir de protéger et la nécessité de garantir à tous la permanence de l’état de droit et des libertés fondamentales, il revient à tout citoyen de le défendre. Aujourd’hui, cet équilibre précieux est en danger. Alors que le président, Emmanuel Macron, avait promis de faire sortir la France de l’état d’urgence, il demande aux députés le 3 octobre de voter la loi sécurité intérieure qui aura pour conséquence directe d’intégrer les mesures dérogatoires de l’état d’urgence au droit commun.

Ce qui devait demeurer exceptionnel deviendra demain routinier. Ce faisant, le gouvernement ne fait pas sortir la France de l’état d’urgence comme promis, il accepte de la voir s’y réfugier, s’y barricader, et cela, au mépris du respect de nos droits fondamentaux.

La banalisation de l’état d’urgence par son intégration dans le droit commun est le dernier chapitre d’une politique sécuritaire entamée par Nicolas Sarkozy et poursuivie par Manuel Valls. Très concrètement, par ce texte, le ministre de l’Intérieur pourra continuer de décider des mesures de surveillance contre toute personne à l’égard de laquelle il existerait des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace d’une particulière gravité pour la sécurité et l’ordre public et l’empêcher de se déplacer au-delà d’un lieu géographique déterminé.

En clair, le texte entérine dans le droit commun le fait qu’il est possible à l’exécutif et, sans contrôle d’un juge, de surveiller quelqu’un et de le punir sur la base de simples présomptions. Il ne s’agit plus de condamner un individu sur le fondement d’un acte criminel qui engage naturellement sa responsabilité personnelle, mais bien de le sanctionner en raison d’une dangerosité supposée, critère flou, et surtout hautement subjectif. Comment ne pas y voir une rupture absolue avec le principe fondamental de la présomption d’innocence ? L’on passe ainsi, insidieusement, d’une société de la responsabilité à une société de la suspicion où une partie de la population se retrouve stigmatisée, regardée avec méfiance et présumée coupable.

Ce n’est pas seulement une dérive sécuritaire, c’est aussi un poison qu’on instille ainsi et qui vient porter un coup violent à notre cohésion nationale, déjà si fragile. À tous ceux qui ne se sentiraient pas concernés parce qu’ils n’auraient rien à se reprocher, nous leur disons : il n’est pas l’heure de tourner la tête. Lorsqu’on commence à vouloir catégoriser les Français, lorsqu’on commence à délaisser certains de nos droits les plus essentiels, c’est toute la société qui en est la victime. Ce n’est jamais en rognant sur la démocratie que nous pourrons collectivement la défendre.

Le projet fondamentaliste et terroriste vise à l’effondrement de notre société de droits dont il menace les assises les plus profondes. Et nous devrions répondre à ce projet en acceptant nous-mêmes de remettre en cause ces valeurs ? Nous devrions accepter de les combattre en contournant ce qui fait depuis des décennies, notre force ? Nous devrions, pour nous protéger, accepter que l’arbitraire s’abatte sur une partie de nos compatriotes ? Ce serait là une erreur terrible qu’il nous revient de ne pas commettre.

À ceux qui nous taxeraient de laxisme, nous rappelons que cette loi s’ajoute à neuf autres textes adoptés dans les cinq années précédentes. Il serait peut-être temps de comprendre que ce n’est pas la multiplication des textes sécuritaires qui garantira la sécurité des Français. Ces dernières années nous l’ont prouvé douloureusement. La préservation de l’État de droit est un combat de tout temps et de tous les jours.

Dans cette époque troublée où les tendances autoritaires se multiplient, où l’extrême droite ne cesse de progresser dans les esprits et dans les urnes, la France se doit d’être exemplaire sur ses principes. C’est lorsque le doute s’instille qu’il faut avoir la force de ne céder à rien et de protéger notre idéal démocratique."

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Politique

Le sport et la culture comme thèmes de la rentrée Politique de Besançon Maintenant

Jeudi 10 octobre, Ludovic Fagaut et les élus du groupe Besançon Maintenant ont marqué leur rentrée politique autour des thèmes du sport et de la culture dans la salle Courbet de Besançon. La soirée a été ouverte par l’intervention d’un expert, membre du Comité International Olympique ambassadeur Paris 2024, Éric Monnin, qui a présenté les enjeux et perspectives liés à l'après-JO.

Le Haut Conseil des finances publiques juge “fragile” l’approche budgétaire du gouvernement pour 2025

Les prévisions du gouvernement français dans son projet de budget pour 2025 sont "fragiles", a jugé le Haut Conseil des Finances publiques (HCFP) dans un avis rendu jeudi 10 octobre 2024 avant la présentation du projet de loi de finances, qualifiant d'"inédit" le dérapage du déficit en 2024.

Carrefour des collectivités : une inauguration entre inquiétude et optimisme

La 12e édition du carrefour des collectivités locales qui se tient les 10 et 11 octobre à Micropolis Besançon a cette année pour thème : la pluralité des mobilités. Avec pour objectif de faire se rencontrer collectivités et entreprises locales pour construire ensemble les projets de demain, le carrefour a été inauguré ce jeudi 10 octobre 2024. De nombreux élus ont répondu présent à ce rendez-vous annuel et plusieurs d’entre eux ont notamment profité de la venue du préfet du Doubs pour faire entendre leurs inquiétudes.

Collectivités : les maires de France n’acceptent “aucune des mesures” d’économies du budget

"Nous n’acceptons aucune des mesures" d’économies concernant les collectivités locales présentées mardi 8 octobre 2024 par le gouvernement, a indiqué le président de la commission des Finances locales et vice-président délégué de l’Association des maires de France (AMF) André Laignel.

Un an de conflit israélo-palestinien : la Ville de Besançon réaffirme son appel à un cessez-le feu immédiat

À un an de la date anniversaire de l’attaque terroriste du Hamas sur le territoire israélien, marquant le début du conflit actuel israélo-palestinien, la Ville de Besançon a publié un communiqué ce lundi 7 octobre 2024 qui réaffirme son appel au cessez-le-feu et au respect du droit international.

Pour Allenbach, un candidat “d’union Macron-Modem-LR remporterait à coup sûr les élections municipales 2026” de Besançon

Faisant référence à notre article traitant de la réaction de Laurent Croizier quant à l’annonce de la feuille de route de Michel Barnier face à l’Assemblée Nationale, Jean-Philippe Allenbach a interpellé le député du Doubs sur le thème de la politique locale.  

Barnier à l’Assemblée nationale : pour Laurent Croizier, ”il est temps de dépasser les divisions et les querelles”

Suite au grand oral du nouveau Premier ministre Michel Barnier le 1er octobre dernier pour développer la feuille de route de son gouvernement, le député (Modem) du Doubs Laurent Croizier parler d’une feuille de route ”en phase avec les attentes des Français”.

Ski alpin à Piquemiette : “l’artifice ne suffit plus” pour le groupe de gauche du Conseil départemental

Pour le groupe des élus de la minorité du Conseil départemental du Doubs (Doubs social écologique et solidaire), le constat est sans appel. Il faut fermer le site de Piquemiette. Il l’a d’ailleurs affirmé ce lundi 30 septembre 2024 lors de l’assemblée départementale. Le groupe a toutefois noté "la brutalité de l’annonce à quelques semaines du début de la saison hivernale alors que cela était acté depuis cet été"…

La station de Métabief au menu du conseil départemental de ce lundi 30 septembre 2024

Ce lundi 30 septembre 2024, les élus du conseil départemental du Doubs sont réunis en assemblée départementale à Besançon avec à l’ordre du jour, l’avenir de la station de Métabief dès 2025, deux semaines après l’annonce de la fermeture du secteur de Piquemiette par le syndicat mixte du Mont d’Or. 

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 17.5
couvert
le 15/10 à 18h00
Vent
2.36 m/s
Pression
1013 hPa
Humidité
90 %