"À travers l’exposition Météo des forêts, voyons et écoutons ce que les arbres, eux, ont à dire", annonce le communiqué de presse. L’ISBA invite le public à apprendre de ces forêts et de ces arbres qui étaient là bien avant nous et qui pourraient être là bien après nous.
Une exposition entre poésie, écologie et politique
Réunissant les artistes Lucie Douriaud, Stéphanie Lagarde, Julien Prévieux, Thibault Scemama de Gialluly, Virginie Yassef et Lois Weinberger, l’exposition propose des traversées dans des forêts parmi leurs bavardages multiples. Commissariée par Caroline Cournède, elle articule dessins, vidéos, peintures et installations autour de la question de la cohabitation entre les êtres vivants de façon à la fois politique et poétique. L’un des fils conducteurs du projet s’inspire du renversement symbolique d’une comptine bien connue : "Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n’y est pas…" Et si désormais le danger de la forêt n’était plus dirigé vers nous autres humains, mais vers ses habitants, les arbres ?
L’exposition met également en perspective les contradictions de notre époque. Le texte évoque ainsi la nouvelle application numérique Météo des forêts, mise en place en 2023, outil de prévention des incendies "qui combat ce à quoi de manière indirecte elle, aussi, participe".
Des œuvres enracinées dans la réflexion écologique
Chaque artiste aborde la thématique forestière selon une approche singulière. Dans Soleil City, Virginie Yassef "donne la parole aux arbres" : un individu végétal "s’adresse à nous, humains, en mêlant constat, transmission de savoir, invective parfois". Son film L’Arbre, co-réalisé avec Julien Prévieux, montre "une expérience consistant à ronger, à tour de rôle, une bûche trouvée dans la forêt", métaphore du rapport entre l’homme et la nature.
Thibault Scemama de Gialluly présente ses Brouillons officiels, des dessins "arrachés au tambour d’une photocopieuse défaillante" qui revisitent les lois et décrets concernant la forêt et les territoires forestiers en France.
Lucie Douriaud expose Cimetière (2014), une photographie d’arbres de Noël abandonnés. L’artiste y montre comment l’horizontalité soudaine et inhabituelle de ces sapins posés au sol les transforme en corps gisants, soulignant "le sentiment de désolation et de gâchis".

De son côté, Lois Weinberger, avec Paths-subversive conquest of area, révèle avec délicatesse des zones marginales et invite à "reconsidérer les valeurs hiérarchiques de notre société". L’œuvre montre les traces laissées par des insectes xylophages, qui du fait du réchauffement climatique et des monocultures d’arbres, se multiplient et occasionnent des dommages particulièrement conséquents.
Enfin, Stéphanie Lagarde, dans son film Extra Life (and Decay), célèbre l’hospitalité comme outil de survie pour lutter contre les politiques morbides d’isolement, en questionnant les stratégies mises en œuvre par les êtres vivants pour maintenir et/ou contester le contrôle de territoires réels et virtuels.
Une exposition au croisement de l’art et de la pédagogie
Météo des forêts s’inscrit dans le partenariat entre l’ISBA et la MABA – Fondation des artistes. Ce dispositif mêle action pédagogique, vie étudiante et diffusion de l’art contemporain grâce à plusieurs ateliers encadrés par des professionnels : montage, scénographie, photographie d’exposition, graphisme et sérigraphie. Ce projet collectif illustre la vocation de l’ISBA, "véritable terrain d’exploration" qui "encourage la transversalité, la recherche et l’audace".
Infos pratiques
- Météo des forêts
- Du 14 octobre au 14 novembre 2025
- Vernissage mercredi 15 octobre à 18h
- Grande Galerie de l’ISBA, 12 rue Denis Papin, Besançon
- Ouverte du lundi au vendredi, de 9h à 13h et de 14h à 18h
- Entrée libre