Harcèlement scolaire : une mère se bat pour faire reconnaître le statut de victime de son fils

Publié le 18/12/2024 - 16:10
Mis à jour le 21/12/2024 - 17:49

À Baume-les-Dames, une mère de famille, dont le fils est victime de harcèlement depuis le début de l’année scolaire 2024, se bat pour tenter de faire reconnaître le statut de victime de son enfant. Mais aujourd’hui c’est bien son fils, qui, pour avoir répondu à son agresseur, se retrouve désormais sur le banc des accusés.

Les faits remontent au 27 juin 2024. Le fils de Murielle, un jeune garçon de 12 ans nommé Paul*, est suivi par un de ses camarades d’école, Samuel* alors qu’il rentrait chez lui. Une altercation éclate entre les deux individus aux abords du collège René Cassin de Baume-les-Dames. Alors qu’ils en viennent aux mains, Paul assène un coup de pied à Samuel qui est blessé sur le coup. 

Lorsqu’elle a connaissance de la bagarre, la mère de Paul sermonne son fils "je l’ai disputé. Je lui ai dit qu’il ne fallait pas se montrer violent". Elle est d’autant plus surprise que son enfant est plutôt quelqu’un de réservé qui n’a pas un tempérament violent. Celui-ci refuse pourtant de lui raconter ses journées au collège, prétextant que "tout va bien". "Il ne disait rien. On peut parler de tout avec lui, sauf de l’école, même à ses frères et soeurs il ne dit rien" nous explique encore sa maman. 

À la suite de cette bagarre, les parents de l’enfant blessé portent plainte. Une enquête est donc ouverte par la gendarmerie de Baumes-les-Dames. Les auditions du groupe de jeunes filles présentes lors de la bagarre ne s’avèrent apparemment pas concluantes. Paul est alors entendu à son tour et convoqué par les autorités le 19 août 2024.

"Votre fils est victime de harcèlement scolaire"

"Devant les gendarmes il a apparemment bien voulu se livrer davantage sur ce qu’il se passait au collège" nous raconte la maman. Au cours de son audition, la parole du garçon se libère finalement et il confie aux autorités ce qu’il se passe au sein de l’établissement depuis son arrivée au collège. À l’issue de son audition, les gendarmes reviennent vers elle et lui annoncent : "votre fils est victime de harcèlement scolaire". "Ils m’ont dit que les jeunes filles présentes lors de la bagarre avaient elles aussi été entendues mais que leurs déclarations n’étaient pas toutes concordantes. C’est pour cela qu’ils attendaient de pouvoir entendre Paul, pour tenter de comprendre" raconte-t-elle encore.

Depuis le début d’année, son fils était apparemment "souvent pris à part, insulté et recevait des projectiles en cours", détaille la maman. Le choc de l’annonce passé, elle fait le choix de suivre les conseils des gendarmes et dépose à son tour plainte pour harcèlement scolaire. 

Elle adresse également un courrier au directeur du collège pour l’avertir des faits et demander que, tout comme son fils, Samuel soit également convoqué en conseil de discipline pour ces actes de harcèlement. "Le directeur doit prendre ses responsabilités" insiste Murielle. Mais son courrier est resté sans réponse. 

Le conseil de discipline vécu comme un choc

Entre-temps, Paul est convoqué en conseil de discipline au collège le 12 septembre 2024 auquel une surveillante, qui était apparemment intervenue après l’altercation entre les deux jeunes et une collégienne, déléguée de classe, sont présentes d’après la maman de Paul. 

Pour cette dernière, le conseil "a été un choc". Elle affirme que "Samuel a menti". La surveillante aurait déclaré lors du conseil que l’enfant lui avait confié avoir traité Paul de « gros lard » et il ressort également qu’il aurait volontairement changé son trajet pour suivre Paul. Mais le garçon réfute tout cela durant l’audience.

Les faits de harcèlement sont également abordés au cours de ce même conseil. Ils ont été "traités et entendus lors du conseil de discipline", a confirmé le principal du collège René Cassin, Ludovic Degrandcourt. Notamment pour tenter de comprendre la raison de l’altercation entre les deux jeunes, le chef d'établissement ayant reconnu que Paul était plutôt un élève discret qui ne posait pas de problème. "Ils en sont venus à se frapper, heureusement il n’y a pas eu de séquelles physiques pour l’autre garçon" mais pour monsieur Degrandcour, il s’agit surtout d’un "cas isolé et très nébuleux au regard des faits".

Aucun adulte témoin des faits de harcèlement

Paul dit avoir prévenu sa professeure principale qu’il était régulièrement embêté par ses camarades mais celle-ci aurait déclaré ne pas se souvenir de la conversation selon la mère de l’enfant. Une attitude qui a le don d’agacer Murielle qui s’étonne d’ailleurs "qu’aucun adulte n’ait jamais vu quoi que ce soit". Il est pourtant courant que les situations de harcèlement aient lieu à l’abri du regard des adultes.

D’après sa mère, Paul aurait volontairement gardé le silence "par peur que la situation ne s’aggrave encore plus". D’ailleurs la procédure "l’inquiète un peu" reconnaît la maman qui répète souvent à son fils que "ça va aller". Si elle reconnaît avoir peur pour son enfant, elle se dit également inquiète pour les autres élèves qui pourraient à leur tour être victimes de ce même harceleur "puisque rien n’est fait pour l’empêcher de continuer". Sa démarche d’alerter la direction et déposer plainte a ainsi été faite en ce sens. "Avec tout ce qu’on voit maintenant, des gamins qui en viennent au suicide", la maman a ainsi préféré alerter l’administration pour espérer une réaction et faire stopper la situation.

Un "cas isolé" pour le chef d'établissement

Une lettre a également été envoyée à l’inspection académique fin septembre. Murielle a reçu un retour de l’inspecteur lui indiquant que son courrier a retenu toute son attention et que "toutes les dispositions sont et seront prises pour assurer la sécurité et le bien-être de votre fils". Il précise également que "des sanctions seront prises si nécessaires au regard des faits". Mais à ce jour, seul son enfant a été convoqué en conseil de discipline et sanctionné d’une expulsion définitive de l’établissement avec un sursis d’un an.

S’il confirme que des investigations ont été menées pour tenter de comprendre pourquoi les deux enfants en sont venus à se frapper, le proviseur du collège insiste sur le fait que cela reste un "acte isolé, arrivé en fin d’année si ma mémoire est bonne, lors de l’avant-dernier jour de cours". Ludovic Degrandcourt avance surtout pour sa part un "contentieux entre les deux familles" à la suite de l’altercation et des dépôts de plainte. Depuis quatre ans qu’il est en poste, des affaires de harcèlement avaient été portées à sa connaissance dès sa première année de prise de poste mais, aucune autre n’avait par la suite été signalée lors de ces trois dernières années. Il assure d’ailleurs que dans son établissement "tout est mis en oeuvre via le programme PHARE pour lutter contre le harcèlement".

20.000 élèves victimes de harcèlement dans l'académie

Les situations de harcèlement étant, pour la très grande majorité, réglés directement par les établissements scolaires, il est difficile de quantifier le nombre de cas existants dans l’académie. D’après le rectorat de Besançon, environ 1 élève sur 10 se dit pourtant victime de harcèlement. À l’échelle de l’académie cela représente 20.000 élèves. 

Le 12 novembre 2024, la maman a été informée que sa plainte pour harcèlement a été classée sans suite au regard des faits qui, faute de témoins "n’ont pu être clairement établis par l’enquête". "Les preuves ne sont donc pas suffisamment concluantes pour que l’infraction soit constituée et que des poursuites pénales soient engagées" stipule le courrier. 

Paul, lui, devra prochainement faire face au juge pour enfants pour connaître l’issue du jugement concernant la plainte déposée à son encontre. Alors qu’il était plutôt bon élève en primaire, ses résultats scolaires sont à présent en chute libre. S’il ne sait pas encore ce qu’il veut faire plus tard, le jeune garçon a déjà néanmoins fait part à sa mère de sa volonté de quitter l’école au plus vite pour partir en Maison familiale rurale.

*les prénoms des enfants ont été modifiés.

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