La Boutique Jeanne-Antide à Besançon défend son action face aux critiques

Si l’on parle beaucoup d’elle en ce moment, en mal ou en bien, on ne l’entend pas beaucoup… C’est pourquoi dans un communiqué de son président Philippe Cholet reçu le 30 septembre 2025, l’association La Boutique Jeanne-Antide (BJA) souhaite "rétablir les faits" concernant son rôle dans le quartier Battant à Besançon, où elle est parfois accusée d’être à l’origine de difficultés locales.

© Alexane Alfaro

L’association rappelle que son action s’inscrit dans une tradition remontant à 1801, lorsque Jeanne Antide Thouret initia "l'œuvre du bouillon et des petites écoles" à la demande du maire et du préfet de l’époque, "pour venir en aide aux citoyens bisontins en détresse".

Au fil du temps, cette initiative devint le Fourneau économique implanté rue Champrond. Dans les années 1990, la Boutique accueil de jour (BAJ) fut créée pour proposer "des services du quotidien aux publics à la rue ou en grande précarité". La Boutique Jeanne-Antide est née de la fusion entre le Fourneau économique et la BAJ. Si l’association est "laïque et non confessionnelle", elle souligne qu’elle "ne peut que se sentir nourrie par cet héritage fécond".

Un large champ d’action social

Aujourd’hui, la BJA ne se limite pas à son site de la rue Champrond. Elle gère également un accueil de jour et de restauration sociale pour familles et femmes seules avec enfants, un centre d’accueil pour mineurs non accompagnés orientés par l’Aide sociale à l’enfance, ainsi que quelques places d’hébergement d’urgence dans le cadre du dispositif local lié au 115.

Rue Champrond, l’association affirme offrir "écoute, des services du quotidien et des actions leur permettant de ne pas perdre pied quand l’avenir se dérobe et de retrouver de l’estime de soi". Pour la BJA, la restauration proposée n’est pas seulement alimentaire : "Ainsi si la restauration sociale permet l'accès à des repas c'est aussi de la « restauration » de la personne humaine dont il s'agit."

"En quoi la Boutique Jeanne Antide en serait la cause ? Certaines de ces personnes posant problème ne fréquentent pas l’accueil de la rue Champrond."

Dans son communiqué, le président de l’association reconnaît l’existence de difficultés dans le quartier Battant : "Qu’il y ait des problèmes sur Battant, qui le nierait, qu’il existe des comportements déviants source de nuisances, qui le nierait, que des SDF participent de ces nuisances sans doute.” Mais l’association conteste être responsable de ces désordres : "En quoi la Boutique Jeanne Antide en serait la cause ? Certaines de ces personnes posant problème ne fréquentent pas l’accueil de la rue Champrond."

Philippe Cholet ajoute que ces comportements "nuisent aux publics en précarité souvent fragiles, comme les dealers qui abusent des vulnérabilités". Et de prévenir : "Casser le thermomètre ne fait pas baisser la fièvre, pire il peut compliquer la maladie."

Une précarité en hausse

La BJA insiste sur le fait que l’insécurité est d’abord vécue par les personnes à la rue : "Être pauvre est devenu un travail à temps permanent pour chercher à s’en sortir."

Elle alerte également sur la saturation des dispositifs : "Comment désormais trouver un logement quand l'accès au logement est devenu nationalement restreint, que les hébergements dits d'insertion sont saturés et que le 115 se trouve dans l'incapacité de répondre positivement à des situations d'urgence."

”Notre association cherchera à rencontrer tous les candidats à ces élections municipales de 2026”

Face à ces enjeux, le président de l’association annonce vouloir dialoguer avec les responsables politiques : "Notre association cherchera dans ces prochains mois à rencontrer tous les candidats à ces élections municipales de 2026 pour présenter son action, son travail et voir quelle politique de solidarité, de lutte contre les exclusions sera proposée."

Pour conclure, Philippe Cholet rappelle l’engagement de la structure dans la continuité de l’œuvre de Jeanne Antide : "L’histoire de Jeanne Antide nous enseigne que l’entraide n’est jamais un chemin facile, mais qu’elle demeure une nécessité. Fidèles à cet héritage, nous poursuivrons ce sillon avec constance et détermination au service des plus fragiles."

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