Silicon Comté : "stimuler" l'écosystème numérique en Franche-Comté

Publié le 10/10/2014 - 12:11
Mis à jour le 10/10/2014 - 18:42

Née en début d’année,  l’association « Silicon Comté » a été officiellement lancée en début de semaine à la CCI du Doubs à Besançon. Christophe Boutet, son président souhaite fédérer et stimuler les entreprises du secteur du numérique et des TIC (technologies de l’information et de la communication). Il fait également le point sur les forces et les faiblesses du numérique en Franche-Comté qui devrait, selon lui, générer 15.000 emplois dans la région, soit près du triple des postes liés actuellement à ce secteur …

maCommune.info : Vous avez officiellement lancé Silicon Comté en début de semaine ? Comment est née l'association ? Quels sont ses  objectifs et ses missions ?

Christophe Boutet : Nous étions de nombreux professionnels et entreprises de la filière numérique à nous croiser à diverses fréquences que ce soit dans le cadre de dossiers communs, ou tout simplement, car nous étions amis en dehors de nos fonctions professionnelles respectives. Nous avions constaté depuis de nombreuses années une carence de visibilité de nos métiers dans une région réputée pour l’innovation liée à l’automobile et aux microtechniques. Les initiatives existantes ne convenaient pas forcément à notre philosophie et nous avions très envie de contribuer à stimuler notre écosystème.

Le propos d’un journaliste politique régional bien connu, selon lequel "on ne va pas à la campagne pour créer des startups" a aussi contribué à accélérer les discussions ayant mené une dizaine d’entre nous à créer l’association en début d’année. Ses missions principales sont précisées sur notre site dans les statuts, ainsi que dans une page dédiée. http://www.siliconcomte.fr/actions/

 Combien comptez-vous d'adhérents, comment les  sélectionnez-vous ? Qui peut devenir membre ?

Nous sommes aujourd’hui une cinquantaine, en croissance depuis quelques jours suite au lancement officiel de l‘association au cours d’une soirée à la CCI du Doubs. Nous veillons à représenter un maximum de compétences allant de l’infrastructure (réseaux, télécoms) aux contenus (audiovisuel, rédaction, référencement) en passant par l’édition et le développement logiciel, la conception et maintenance d’équipements informatiques (hardware), le conseil et pilotage de projets, le e-commerce et marketing en ligne ainsi que le graphisme. 

L’adhésion est ouverte aux entreprises et professionnels de l’écosystème qui sont établis en Franche-Comté. Les futurs professionnels que sont les étudiants et demandeurs d’emploi dans notre filière sont également les bienvenus. 

Vous avez un parrain de prestige Fabrice Barbier. A-t-il  été facile de la convaincre de vous soutenir ? 

Fabrice Barbier est un ingénieur franc-comtois né à Vesoul, formé au lycée Jules Haag à Besançon puis à l’ENSMM. Il est aujourd’hui directeur de la recherche et développement des célèbres caméras GoPro. Il a travaillé auparavant dans des groupes internationaux (Sony, Philips, Motorola et Flextronics), a passé sept ans en Asie et est basé dans la Silicon Valley depuis plus de sept ans. C’est à la suite d’une rencontre originale avec l’un des membres fondateurs de Silicon Comté que ce dernier a convaincu Fabrice de nous parrainer et d’apporter son soutien aux actions de l'association. 

Sa vision et sa philosophie nous sont indispensables : nous avons besoin de comprendre comment créer de véritables succès, car l’innovation technologique n’est qu’un élément de la réussite d’un projet. Le design d’un service ou d’un produit, son financement, son marketing, etc. sont aussi des points essentiels qui contribuent à une success-story. L’expérience et le regard de Fabrice peuvent être occasionnellement très précieux pour nos membres. Fabrice est venu nous rendre visite à Besançon en juillet dernier, ce fut un moment d’échange d’une grande richesse. Nous espérons qu’il reviendra l’an prochain. 

Quelles sont les forces et les faiblesses de la Franche-Comté dans le numérique ?

Avec une LGV internationale que nous souhaitons voir pérenniser, des aéroports à proximité (Genève, Bâle-Mulhouse, Lyon, Tavaux), deux autoroutes, du foncier abordable tant pour les particuliers que pour les entreprises, un data-center interconnecté au reste du monde à Besançon avec de grosses capacités et du très Haut Débit qui se déploie progressivement, nous avons de multiples atouts pour voir émerger de belles entreprises.

Il y a toutefois un déficit de communication à l’extérieur du territoire à l’intention des entrepreneurs. Une pensée très franco-française est qu’une entreprise numérique doit se créer nécessairement dans une grande métropole pour réussir. Ce n’est ni vrai, ni faux, tout cela dépend bien entendu du projet et de questions annexes liées aux ressources humaines, financières et techniques nécessaires.

Notre écosystème représente en Franche-Comté (1,1M d’habitants) près de 5.000 emplois directs – dont une majeure partie sont des petites structures - selon une étude INSEE récente, et avec les secteurs indirectement liés, nous sommes à 6.700 (voir notre article sur le rapport de l'INSEE et les TIC en Franche-Comté). C’est trop peu en comparaison d’autres régions qui ont déjà misé sur nos métiers pour créer de nouveaux emplois durables et soutenir les porteurs de projets. 

On compte par exemple 45.000 emplois directs et indirects liés au numérique en Région Pays de Loire (3,6M d’habitants). Suivant ce ratio, nous devrions avoir dépassé 15.000 emplois dans notre région. Un investissement important est réalisé pour créer et maintenir des formations de très bonne qualité (UTBM, ENSMM, FEMTO ST, IUT InfoCom, écoles privées) mais les étudiants ne restent pas et n’ont d’autres choix que de commencer leur carrière ailleurs, faute d’une perspective suffisante ici. 

Parmi nos faiblesses, l’un des constats est que nous ne savons pas attirer ou faire émerger des projets qui ne trouvent pas toujours de quoi éclore dans certains territoires (comme à Paris où la concurrence entre dossiers est rude). Ces projets pourraient sans doute démarrer et se développer aussi depuis la Franche-Comté avec l’appui de compétences formées et établies localement.

Avez-vous des exemples de société ou d'entrepreneurs qui ont décidé de  s'installer en Franche-Comté et d'autres qui au contraire ont décidé de partir ? Par ricochet, comment lutter contre la fuite des cerveaux  et comment attirer des compétences dans la région ? 

Je traduirais "Lutter contre la fuite des cerveaux" par « s’assurer que les projets peuvent éclore en Franche-Comté ». Nous pouvons citer l’exemple de Sébastien Rossé, fondateur de Limpidmarket (VP de Silicon Comté pour le nord Franche-Comté) basé à Montbéliard. Après plusieurs années passées dans le secteur bancaire à l’international, Sébastien est revenu s’installer dans la Région pour se lancer dans une belle aventure très prometteuse. Un départ choisi est souvent utile pour monter en compétences, explorer de nouveaux horizons, comprendre et entrer sur de nouveaux marchés… Ce qui soulève plus de questions, c’est lorsque des porteurs de projets ont la volonté de créer une structure localement et ne trouvent pas tout ce dont ils ont besoin pour accélérer rapidement leur croissance.

Quels sont vos projets et actions à court et moyen terme ?

Notre principale mission est aussi l’une des phrases clés de notre association : “Apprenons à nous connaître pour mieux nous valoriser”. Il est démotivant de se lancer dans un projet et ne pas trouver les ressources humaines pour le construire ou plus simplement pour répondre au besoin d’un client.

Nous allons donc tout faire pour créer les conditions d’échanges fructueux en différents points de la Région grâce à des évènements thématiques à destination des professionnels, mais aussi du grand public. Nous pensons qu’il est important de diffuser le plus largement possible la « culture » numérique dans une région « rurbaine » comme la nôtre. 

C’est notre rôle de professionnels d’agir pour le développement et l’adoption de nouveaux usages qui découleront par exemple de la généralisation du Très Haut Débit. L’association a déjà commencé à identifier les compétences grâce à un annuaire disponible sur son site, communiquer plus de façon ciblée, et à mettre en valeur nos atouts à plus large échelle. 

Nous nous sommes également intéressés au dossier "French Tech" lancé par le Gouvernement. Plusieurs membres souhaitent la création d’un bâtiment "totem" à Besançon qui serait dédié à notre filière et dans lequel nous pourrions trouver des équipements, ressources humaines et techniques. Vous l’aurez compris, le nombre de petites et grandes idées ne manquent pas, nous tenterons de les concrétiser au fil des mois avec des moyens qui restent encore limités… mais une bonne volonté illimitée.

  • Christophe Boutet est  fondateur et dirigeant de la société Geciade spécialisé en conseil et assistance en innovation et dématérialisation dans le secteur public et para-public.
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