Guerre d'Espagne : les historiens du PCF répondent aux historiens du PS

Publié le 09/02/2013 - 09:27
Mis à jour le 17/04/2019 - 15:23

Suite à notre article « Des historiens bisontins PS demandent au PC de balayer devant sa porte« , publié le 5 février dernier, le « groupe des historiens » de la section de Besançon du PCF réagit à cette polémique qu’il juge « disproportionnée et d’une violence anticommuniste à peine croyable« .

Pas d’accord

Dans une note en réaction à un article de L’Humanité contestant des propos d’Harlem Désir, premier secrétaire du parti socialiste, au sujet du rôle de la France durant la Guerre d’Espagne, alors qu’il justifiait l’intervention militaire française au Mali, plusieurs historiens bisontins – anciens élus PS pour la plupart dont les anciens députés Joseph Pinard et Michel Bourgeois – avaient pris la défense de Léon Blum, président du Conseil à cette époque et invité le Parti communiste à balayer devant sa porte ! 

Lire notre article ICI

La réponse des historiens du PCF bisontin

Le "groupe d'historiens" de la section PCF de Besançon a souhaité répondre sur maCommune.info à la tribune des historiens PS en retraite, en ces termes : 

"En réponse aux professeurs d’histoires socialistes 

On peut s’interroger sur le sens de l’initiative d’une brochette de professeurs socialistes à la retraite visant à créer une polémique disproportionnée et d’une violence anticommuniste à peine croyable à propos d’un fait historique bien connu et qui fait consensus : «  la non intervention »  du gouvernement Blum dans la guerre civile espagnole. Cette page est loin d’être la plus glorieuse de ce gouvernement. 

En fait, il existe au PS une ligne politique visant à raidir les propos pour serrer les rangs des adhérents du PS au moment où les idées du « front de gauche » y pénètrent de plus en plus.  Dans quelle intention ? Rendre impossible le rapprochement sur un  politique antilibérale.

Il y aurait de quoi être impressionné par l’étalage des titres des historiens socialistes. Mais si tous les signataires sont sans doute largement compétents dans leur domaine, aucun ne l’est sur l’histoire de l’Espagne contemporaine. 

Ils s’appuient essentiellement sur le livre de S. Bernstein. Mais celui-ci n’est pas un historien direct du sujet ; ses informations sont de seconde main, et surtout partielles. 

En Espagne, la recherche historique a fait de grands progrès, et sur la base de documents, nouveaux ou anciens, des chercheurs actifs et divers en discutent. Une volumineuse bibliographie de Largo Caballero vient de sortir ces jours-ci. Ces questions passionnent l’opinion, en particulier les jeunes.

Dans ces débats, la question de la non intervention est largement abordée. 

Si Jorge Semprun, en tournant le dos à son passé et en ralliant les socialistes français en épouse la thèse, cela ne justifie rien. Les socialistes espagnols eux-mêmes sont d’un avis différent.

Ainsi, Angel Vinas, qui a été membre du cabinet du ministre socialiste des Affaires étrangères Fernando Moran entre 1982 et 1985 (et aussi ambassadeur de l’Union européenne à l’ONU, directeur de la commission européenne pour l’Asie et l’Amérique latine) a publié une trilogie, remarquable par l’ampleur de la documentation. Le premier volume s’intitule : « La solitude de la République. L’abandon des démocraties et le virage vers l’Union Soviétique ». 

Il aborde l’attitude française sur la base du journal de l’ambassadeur, document décisif. Il en ressort qu’au début du mois d’août le gouvernement Blum était disposé à aider la république, mais sous des formes très prudentes. Mais dès le 6 août, le président du conseil a cédé à la pression anglaise et annonce à l’ambassadeur qu’il revient sur ses engagements. Bien sûr il eut quelque scrupule de conscience, c’est pourquoi il a pensé démissionner.

Le revirement français compliquait la situation de la République espagnole. Des armes, payées par la république espagnole, allaient demeurer bloquées à la frontière. D’autres allaient lui parvenir par de moyens détournés : les communistes, Malraux, et aussi des socialistes et des radicaux, dont beaucoup gardaient l’espoir d’une victoire républicaine. Il en est ainsi de Pierre Cot, qui ensuite s’éloignera de sa famille d’origine pour devenir un compagnon de route du PCF.

Pendant ce temps, les puissances fascistes se mobilisaient derrière Franco, et les brigades internationales accouraient en Espagne pour y affronter le fascisme.

Le choix du gouvernement n’a donc pas été pris, comme le dit Bernstein, parce que le gouvernement Blum aurait pesé le pour et le contre de ce qui était possible. Non la décision d’aider, même modestement, avait été prise, et il revenait dessus, il reniait sa parole.

Si la coalition franco anglaise pensait avoir trouvé là le moyen de rester en paix avec les puissances fascistes, comme ce sera encore après Munich (« lâche soulagement »), elles n’ont récolté que la guerre, 3 ans plus tard, dans un rapport de forces plus mauvais, et avec le déshonneur en sus. 

Si les Espagnols s’intéressent beaucoup à cette question, c’est qu’elle pose la question du courage politique.

Courage politique ou capitulation : la question vaut pour toutes les époques et toutes les situations."

Signé  : Le "groupe des historiens" de la section de Besançon du PCF

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