Tour de France : les quartiers populaires entachent-ils l’image de la ville ?

Publié le 10/07/2012 - 08:10
Mis à jour le 10/07/2012 - 08:15

Alors que la 9e étape du 99e tour de France se terminait hier après-midi à Besançon, les vidéos commentées et retransmissions en direct dressaient une carte postale élogieuse de la capitale comtoise… mais de nombreux oublis sont de nouveau apparus sur ce 19e passage Bisontin, de multiples points géographiques ayant été – apparemment – délibérément omis, dont même l’arrivée pourtant située en plein Planoise. Certaines zones seraient-elles infréquentables au sein de la « petite Rome » ? Analysons le phénomène.

 ©
©

point de vue

À Besançon, les quartiers catégorisés à connotation « populaire » représentent un total d’environ 46 000 habitants sur 117 000 Bisontins soit une part prépondérante des administrés, et tout autant d’importance historique et culturelle. Pourtant, il semble que ces zones n’aient pas leur place dans une description de la cité, certes fréquemment saisie dans un contexte promotionnel et touristique, mais censée être convenable en abordant l’ensemble de ses aspects et écartant toute notion de politiquement correct. Or, les vecteurs événementiels, journalistiques, touristiques, et administratifs, traitants de la capitale comtoise, dessinent généralement un portrait glorifiant avec force le riche patrimoine passé et présent, au premier abord mérité au vu de cette éclatante magnificence, mais tombant dans la désormais unique image d’Epinal d’un Centre-ville/Battant concentrant seule l’attention des divers chroniqueurs et autres curieux. Ce cas d’hypertrophie du « cœur » face à la périphérie n’est malheureusement pas isolé en France.

Nous voici donc dans la vision d’une ruralité/historicité triomphante de douces vertus en opposition des « quartiers H.L.M. » jugés d’un moribond et d’un sinistre si fatal que la conspuation semble être le seul exercice légitime pour qualifier l’infamie toute désignée. Nous pouvons en effet toujours nous demander si des zones comme Planoise auraient dues être construites, de part un ressenti presque unanime traduisant une structure urbaine qui, bien qu’à l’époque de sa construction était d’un progrès redoutable, et fut un chantier surtout très juteux pour certaines entreprises, ne se résume plus aujourd’hui qu’à un conglomérat d’esthétisme déroutant. À cela deux axes principaux : la taille des bâtiments qualifiée parfois de « cages à poules » s’ajoutant leur concentration kilométrique créant une promiscuité monstrueuse, ainsi que le revêtement et l’aspect global à présent aussi visuellement agréable qu’une fosse septique à ciel ouvert. Que de disparités avec les gazouillis des oiseaux, l’air frais et les vues à couper le souffle.

Oh oui, la preuve est faite, le français moyen a entièrement raison de mal regarder ces quartiers, rêveur d’un splendide pavillon où il pourra aimer sa petite femme et élever dignement sa marmaille en sécurité. Néanmoins une question tout aussi brûlante doit être également posée : y’a-t-il un consensus sur l’architecture à adopter pour éviter le genre de désagréments évoqués, et si non est-il possible que des ambivalences significatives puissent existées sur la question ? c’est ce dernier point qui me semble être la réponse. Lorsque des gratte-ciels hypertrophiés font la fierté d’un New-York et des maisons individuelles de banlieues la honte de cette même ville, et que des centaines de déclinaisons de ce type se profilent à travers le monde, il n’y a qu’une analyse acceptable : ce n’est point une infrastructure qui est généralement moche ou belle, mais ce sont les décisions politiques qui façonnent ces impressions. Un exemple local est également très probant, l’immeuble du Président, pourtant semblable à des grands bâtiments populaires, mais n’étant pas connu comme un ghetto.

Alors pourquoi au lieu de cacher les conséquences d’un problème grave, apparent et ancien, les pouvoirs publics ne tentent-ils pas d’y mettre fin une bonne fois pour toutes en s’occupant réellement des causes de celui-ci ? Est-il donc légitime de sanctionner une nouvelle fois presque 40% des Bisontins, dont la plupart sont déjà dans une grande précarité économique et sociale, en ne résumant la ville qu’aux quartiers dela Boucle, de Battant, et aux quelques secteurs dont on veut bien s’occuper, car jugés non blasphématoires à l’image de la cité ? Le sombre constat de l’urbanisme populaire doit-il déteindre par extension aux populations y habitant, ou est-ce au contraire une ineptie grotesque mais bien réelle ? Quelles sont les conséquences sociologiques de cet ostracisme généralisé et habituel, notamment auprès des plus jeunes ?

Ainsi, rares sont les supports où apparaissent des Montrapon, Fontaine-Ecu, Grette, Palente, Orchamps, Clairs-Soleils, ou Planoise, surtout lorsque ceux-ci sont directement liés à la ville et sa réputation, comme nous le démontre une énième fois le tour de France. Déjà en 2009 la 14e étape faisait escale dans la ville, ainsi qu’à de nombreuses occasions antérieures, s’arrêtant à Micropolis, toponyme déjà timidement mentionné par peur de choquer. L’histoire se répète à présent, encore au milieu des immeubles du secteur des Époisses. Après une longue page ventant la beauté de la capitale comtoise, son étonnante boucle et sa célèbre citadelle, et d’abondantes prises de vues suivant scrupuleusement le parcours des cyclistes ne s’en détournant sous aucun prétexte, rien ne sera montré des indécentes structures qui ceinturaient pourtant le site, inratables sauf si on le veut bien. Une superbe capture en contre-plongée fut opérée à l’arrivée de Planoise afin de couper le fond, la chaîne préférant des gros plans béotiens plutôt que la réalité jugée bien trop terne pour l’audimat. Enfin pour achever le tout, sur la ligne d’arrivé le cadre a été monté de telle sorte que la zone rouge était bien à l’arrière de la caméra, insoupçonnable.

Notons aussi le comportement de certains spectateurs, bien contents de trouver une place dans le quartier pour leur voiture et malgré tout heureux d’êtres positionnés à l’arrivée, dont un groupe de trois supporteurs particulièrement fervents. Ces mêmes personnes précisément, à leur départ, et j’ai eu la chance de le constater moi-même, conspuaient inlassablement ce Planoise qui les avait pourtant accueillis sans problèmes, avec des phrases aux relents nauséabonds du type « enfin sorti de ce taudis » ou « j’espère que ma bagnole n’a pas été incendiée par la racaille. »

Des lieux et des vies sont ainsi amèrement supprimés ou piétinées toujours pour des raisons absurdes, celles d’une indécence décriée, mais subie et menant à l’exclusion obligatoirement assumée d’une population, doublement punie pour ces causes ignominieusement infligées, combattant pourtant honorablement cette situation tant bien que mal, tout en étant répudiée par les mêmes qui l’imposent et n’hésitent pas à crier au scandale sanitaire sur leur propre réalisation, châtiant inlassablement dans un cercle vicieux ces victimes éternelles.

Quant à la part importante d’habitants et les quelques-uns, dont je fais partie, qui admirent cependant le « charme des barres, » c’est peut-être simplement qu’ils apprécient l’incroyable dureté de ce paysage atypique qui fait partie de leur nature et de leur quotidien, l’aimant tout autant qu’il le déteste, dans un pur sentiment d’amour presque masochiste.

Toufik-de-Planoise

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Vie locale

Le programme des animations de Noël jusqu’au 24 décembre à Besançon

La Ville de Besançon déploie, jusqu'au 24 décembre 2025, un ensemble d’animations autour du marché de Noël, principalement concentrées place Granvelle, place de la Révolution et dans plusieurs quartiers de la ville. Le programme mêle animations familiales, concerts, expositions, jeux, marchés d’artisans et événements culturels.

À Besançon, des baptêmes républicains placés sous le signe de l’accueil

Comme chaque année, les élu(e)s du Parti communiste français (PCF) à Besançon organisent des baptêmes républicains. Cette initiative est présentée comme ”un acte politique et symbolique fort qui rappelle les fondements de l’accueil et de l’intégration”, en particulier à destination des personnes réfugiées.

Alternartiba demande à la maire de Besançon l’application ferme du règlement local de publicité

Paysages de France s’est joint à Alternatiba et ANV COP21 pour exiger une application ferme du règlement local de la publicité dans une lettre ouverte envoyée ce lundi 15 décembre 2025 à la maire de Besançon Anne Vignot. 

Une nouvelle caserne de pompiers à Blamont

La première pierre du centre d’incendie et de secours du Plateau de Blamont a été posée le 21 mars 2024. Un peu moins de deux ans plus tard, les sapeurs-pompiers du centre prenaient possession des locaux. Ils ont été inaugurés le 10 décembre 2025.

Dermatose : manifestation devant l’ancienne permanence parlementaire d’Annie Genevard à Pontarlier

Environ 70 agriculteurs ont manifesté samedi 13 décembre 2025 devant l'ancienne permanence parlementaire de la ministre de l'Agriculture Annie Genevard à Pontarlier, dans le Doubs, pour dénoncer l'abattage total de troupeaux touchés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), a constaté un journaliste de l'AFP.

La Valise RTL débarque à Besançon : “un grand trésor de Noël” pour redynamiser le centre-ville

RTL, en partenariat avec l’Office de Tourisme du Grand Besançon et l’Office du Commerce et de l’Artisanat de Besançon (OCAB) lancera, lundi 15 décembre 2025, une chasse au trésor nationale au cœur de la cité bisontine. Une valise remplie de cadeaux, mettant à l’honneur les commerçants locaux, y est soigneusement dissimulée.

Grand Besançon Métropole arrête son projet de Plan local d’urbanisme intercommunal : que prévoit-il ?

Après 5 ans de travail, Grand Besançon Métropole (GBM) a présenté et arrêté son projet de Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) à l’issue de plusieurs années de diagnostic, de concertation et de travail avec les 68 communes du territoire. L’ensemble du dossier, désormais finalisé, doit entrer dans la phase d’enquête publique. Avant cela, il sera soumis au vote du conseil communautaire de GBM jeudi 11 décembre 2025.

Règlement local de publicité : après l’enquête publique, les afficheurs bisontins redoutent un couperet

VIDÉO • L’enquête publique sur le futur Règlement local de publicité intercommunal (RLPi) du Grand Besançon Métropole (GBM) s’est achevée le 3 octobre 2025, avant la remise, le 30 octobre, d’un rapport assorti de cinq recommandations. Le texte doit désormais être soumis au vote communautaire jeudi 11 décembre 2025, étape décisive pour l’ensemble des acteurs de la publicité extérieure du territoire. Les entreprises locales, dont Médiavenue, expriment une forte inquiétude quant aux conséquences économiques du futur règlement.

Grand Besançon Métropole : vers la signature du Contrat de canal Rhin-Rhône 2026-2030… C’est quoi ?

VIDÉO • Les collectivités partenaires s’apprêtent à franchir une nouvelle étape dans la valorisation touristique de la vallée du Doubs. Il sera proposé en conseil communuataire de Grand Besançon Métropole (GBM) jeudi 11 décembre 2025, d'autoriser la signature du Contrat de canal Rhin-Rhône (CRR) 2026-2030 entre les 8 EPCI* partenaires, la Région Bourgogne-Franche-Comté et les Voies navigables de France. Cette décision marque l’aboutissement d’un travail engagé depuis 2020. Selon Benoît Vuillemin, vice-président de GBM en charge du Tourisme, cette signature “va permettre de passer à présent à la mise en œuvre du plan d’actions”.

Dermatose nodulaire contagieuse : plusieurs élus du Doubs apportent leur “soutien total aux éleveurs de Pouilley-Français et à leur famille”

Plusieurs parlementaires du Doubs, la présidente du Département du Doubs et le président de l'association des maires ruraux du Doubs ont souhaité réagir ce mois de décembre 2025 au sujet au sujet des cas de dermatose nodulaire contagieuse de Pouilley-Français.

Les Jeunes Agriculteurs de Bourgogne-Franche-Comté “satisfaits” mais “vigilants” face aux réponses de la Région

Dans une lettre en date du 26 novembre dernier, les Jeunes Agriculteurs de Bourgogne-Franche-Comté s’inquiétaient du manque de réponse de la Région et notamment sur le versement de l’aide aux investissements. Ce 5 décembre 2025, ils se disent "satisfaits" mais "vigilants".

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 2.1
couvert
le 23/12 à 18h00
Vent
2.12 m/s
Pression
1012 hPa
Humidité
87 %