Il y a 6 mois, des travaux dans la rue Claude Pouillet se sont déroulés, sans vraiment poser problème au salon de thé. Comme nous l'explique Sophie, l'une des gérantes, "on faisait encore 3 à 4 gâteaux par semaine, de bonnes recettes quotidiennes, ça marchait très fort". Le coup de massue est tombé lorsqu'une nouvelle période de travaux de 3 mois s'est déroulée en limitant l'accès aux commerces. "Il était impossible pour les poussettes et les personnes en fauteuil roulant de venir chez nous" raconte Sophie "il y a même des ouvriers qui empêchaient le passage !". Elle ajoute qu'"Un matin, j'ai même mis une demi-heure pour arriver à la boutique !" Selon la pâtissière, les clients sont partis découvrir de nouvelles choses dans de nouveaux commerces qui eux, étaient plus accessibles et ont pris de nouvelles habitudes.
Pas d'accessibilité, pas de place pour livrer, et des PV !
Pendant ces trois mois, il était donc impossible pour les gérantes de décharger leur véhicule devant leur commerce lorsqu'elles faisaient leurs courses pour la pâtisserie. Elles se garaient alors sur le quai Vauban, le temps de réaliser 6 à 7 voyages pour décharger la cargaison. S'ajoute à cette situation peu confortable, des PV apposés sur leur pare-brise par la police municipale pendant le déchargement. Sophie en a reçu 7 en tout. "Une fois, j'ai laissé un mot explicatif pour préciser que je n'avais pas le choix, que c'était le temps que je décharge ma voiture, etc. La police m'a posé le PV sur mon mot" nous confie-t-elle. "Ils nous avaient dit qu'ils seraient tolérants..."
Une perte de 70% de chiffre d'affaires en 3 mois
Au final, Cake and the City a perdu 70% de son chiffre d'affaires en trois mois. Une perte plus ou moins importante a également été constatée dans chaque commerce de la rue. Les commerçants se sont unis pour écrire un courrier à la municipalité demeurant ce mardi 19 mai toujours sans réponse et aucune commission d'indemnisation n'a été créée. "Quand j'ai croisé une personne de la SeDd* et que je lui ai fait la remarque qu'on ne pouvait pas accéder à mon commerce, elle a détourné les yeux et ne m'a pas répondu. Voilà, il fallait se taire et subir".
Mettre la clé sous la porte ou se battre ?
Suite à cette perte radicale, les deux associées se sont retrouvées endettées à tel point qu'elles se sont demandées si elles n'allaient pas déposer le bilan. Mais des clients fidèles leur ont fait part de leurs pensées et leur ont demandé de "ne pas lâcher" l'affaire.
Alors pour tenter un dernier coup, Sarah et Sophie ont lancé leur campagne de financement participatif sur le site "Bulb in Town". Leur objectif est d'atteindre la somme de 4.000 euros en échange de contre parties très alléchantes. Ce montant correspond à la moitié de leurs dettes correspondant à l'Urssaf, les impôts, le RSI, etc.
"On ne cherche pas à faire pitié, mais plutôt à faire comprendre aux gens qu'on a besoin d'eux, c'est notre dernier recours" explique Sophie. La campagne a été lancée lundi 18 mai, et déjà 41% de la somme est atteinte grâce aux dons.
Au mois de juin, Sarah et Sophie organiseront en partenariat avec la Fédération des motards de Besançon, une soirée à thème "pour remercier les gens qui nous auront aidés" précise Sophie.
Nous avons tenté de joindre le service de la mairie concerné mais pour l'instant, sans réponse.
*SeDd : Société d'Équipement du Département du Doubs en charge des travaux de l'Ilot Pasteur