"La lutte contre l'entrisme de la mouvance frériste se poursuit. Aujourd'hui, l'Institut européen des sciences humaines a été dissous en Conseil des ministres à ma demande", écrit le ministre de l'Intérieur, accusant l'institut de légitimer "le jihad armé".
Un rapport, demandé par le président Emmanuel Macron et publié au printemps, fait état d'une "menace pour la cohésion nationale" avec le développement d'un islamisme "par le bas" de la part des Frères musulmans.
Fondé en 1992 à l'initiative de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF, devenue Musulmans de France), qui gravite dans l'orbite de la confrérie islamiste des Frères musulmans, l'IESH a assuré s'être distancée des Frères, ce qui ne l'a pas empêché d'être régulièrement la cible d'accusations d'accointance avec les mouvements radicaux. Contacté par l'AFP, le doyen de l'institut, Larabi Becheri, n'était pas joignable.
Dès juin, l'IESH, qui dit s'inscrire dans la droite ligne de la politique d'Emmanuel Macron de former des imams "français", avait annoncé avoir reçu un "avis de dissolution". Son doyen avait alors vivement réagi à la visite de deux fonctionnaires agissant dans le cadre de l'établissement du rapport intitulé "Frères musulmans et islamisme politique en France". Le doyen avait affirmé que ces fonctionnaires s'étaient "limités" à un déjeuner avec lui, ne rencontrant ni étudiants ni enseignants, et ne procédant à "aucune analyse" de l'enseignement de l'institut.
"Cible à abattre"
À la suite du rapport accablant rédigé après cette visite, l'IESH avait "réfuté fermement et catégoriquement les accusations infondées et reposant sur des approximations datant de plusieurs dizaines d'années", dans une réaction sur son compte X.
L'institut avait assuré être "visé non pas pour ce qu'il fait réellement mais pour le symbole qu'il représente: une institution musulmane légale (...) qui devient la cible à abattre dans un projet plus large visant à délégitimer la présence musulmane en France".
Gel des avoirs
L'IESH avait assuré être, au contraire, "un rempart solide et efficace contre les extrémismes se réclamant faussement de l'islam", en formant des imams en "désarmorçant les discours radicaux" dans "le rejet explicite de toute forme de violence et sa fidélité aux principes républicains". L'institut a fait l'objet, mi-juin, d'un gel de ses avoirs, à la suite d'une enquête sur un financement du Qatar, ce qui n'est pas illégal, mais qui n'avait pas été déclaré.
Dans une tribune publiée début juillet, une vingtaine de Conseils départementaux du culte musulman et associations représentatives ont exprimé leur "désarroi et leur profonde indignation face au projet de dissolution" de l'IESH. "Loin de représenter un danger, l'IESH construit des ponts et constitue un espace d'intelligence du texte, de regard critique, de contextualisation, et surtout de lutte contre les interprétations dévoyées des sources religieuses prévenant ainsi les risques de rupture", selon la tribune.
L'IESH du Morvan est indépendante de son homonyme situé en Ile-de-France.
(AFP)