Selon la lettre de Géraldine Grangier, le cheptel de l’exploitation compte 82 vaches ”vaccinées contre la DNC le 22 octobre dernier (soit plus d’un mois)”. Or, ”une seule bête malade” a développé des symptômes, et cette dernière ”réagit très favorablement à l’antibiothérapie”. Malgré cela, les agriculteurs font face à ”la décision administrative et sanitaire de l’abattage total de ses animaux”.
La députée souligne que la famille L., agriculteurs depuis plusieurs générations, a scrupuleusement respecté toutes les ”préconisations sanitaires imposées par les services de l’État”. À ses yeux, les obligations ont été pleinement honorées : ”À aucun moment ils n’ont failli à leurs obligations.”
Pourtant, la menace plane toujours : ”l’extinction totale du fruit d’une vie entière de travail, d’efforts et de passion.”
Un sentiment d’injustice et d’irréparable
Géraldine Grangier exprime ”une profonde incompréhension dans le monde agricole”, qui s’est mobilisé pour soutenir le GAEC. Elle évoque ”un véritable sentiment d’injustice et de gâchis" : le principe de précaution, selon elle, ne peut être appliqué sans discernement.
Elle plaide pour une approche différentielle : ”Les signaux positifs liés à l’antibiothérapie sur l’unique vache ayant développé des symptômes de DNC montrent qu’une issue favorable existe. Il serait donc injuste — et profondément inhumain — de persister dans la voie d’un abattage total du cheptel alors qu’une alternative est proposée par la famille.”
Une proposition d’exploitation-test rejetée
La députée propose de transformer le GAEC en ”exploitation-test, un site pilote”, afin de permettre un suivi sanitaire rigoureux tout en préservant le cheptel. Elle regrette qu’aucune seconde analyse biologique globale du troupeau n’ait été menée : ”De même, une deuxième analyse biologique du cheptel aurait dû être menée.”
Pour elle, cette option représente ”une solution d’espoir et d’avenir pour toute la filière. Elle doit être entendue, soutenue et valorisée.”
Efficacité vs humanité : un appel à l’État
Dans son courrier, l’élue du Doubs en appelle à l’État pour qu’il adopte ”une gestion sanitaire proportionnée, respectueuse du vivant et de celles et ceux qui la font vivre.” Elle met en garde contre le risque moral et social : ”L’abattage de leurs animaux est vécu comme un massacre, véritable déflagration dans le monde rural.”
Elle qualifie d’autant plus sévèrement l’intervention de la préfecture, qui a mobilisé des CRS, utilisé des gaz lacrymogènes, soulignant que ”la violence de leur intervention restera longtemps dans la mémoire de nos campagnes.”
Enfin, elle lance un appel à la ministre : ”Madame la Ministre, je vous demande solennellement d’agir avec détermination et humanité.”
Une affaire sensible pour la filière agricole locale
Ce courrier public de la députée met en lumière un dilemme central : comment concilier la sécurité sanitaire et la préservation des exploitations agricoles, notamment dans les cas où le risque paraît limité et contrôlable.
Alors que le monde agricole du Doubs se mobilise en soutien à la famille L., l’État devra trancher entre une application stricte des mesures sanitaires et la recherche d’une solution plus nuancée, potentiellement exemplaire pour l’avenir de la filière. La réponse de la ministre Annie Genevard sera observée de près, tant par les exploitants concernés que par leurs voisins, inquiets de voir des mesures rigides conduire à ce qu’ils perçoivent comme une perte irrémédiable.