Présidentielle : les candidats plaident leur cause devant les agriculteurs

Publié le 30/03/2022 - 10:19
Mis à jour le 30/03/2022 - 15:44

Vidéos • Un mois après le Salon de l’agriculture, plusieurs candidats ont remis mercredi le pied à l’étrier en se rendant à Besançon pour le congrès de la FNSEA, à un moment où l’écart se resserre entre Emmanuel Macron et ses poursuivants. A Besançon, chacun a présenté ses idées pendant une dizaine de minutes, avant de se livrer à une demi-heure de questions-réponses avec le public, composé des principaux acteurs du monde agricole :coopératives, banques, assurances…

Ils ne forment plus qu’1,5 % de la population active en France mais c’est un électorat traditionnellement clé: les candidats à la présidentielle recherchent mercredi le soutien des agriculteurs, à un moment où l’écart se resserre entre Emmanuel Macron et ses poursuivants.

A 11 jours du premier tour, ils sont six à s'exprimer devant 1.000 agriculteurs à l'initiative du Conseil de l'agriculture française (Caf) et du principal syndicat, la FNSEA: certains d'entre eux sont attendus Micropolis à Besançon, comme Valérie Pécresse (LR), Marine Le Pen (RN), Eric Zemmour (Reconquête), le communiste Fabien Roussel et l'iconoclaste Jean Lassalle.

Pris par l'agenda présidentiel, avec un Conseil de défense le matin suivi d'un Conseil des ministres, Emmanuel Macron s'est adresseaux agriculteurs par vidéo. Mardi, la guerre en Ukraine l'a encore occupé, avec un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine, alors que les négociations russo-ukrainiennes en Turquie semblaient progresser.

D'autres, notamment à gauche comme Jean-Luc Mélenchon (LFI), Anne Hidalgo (PS) ou Yannick Jadot (EELV), ont fait l'impasse, se faisant d'ailleurs fortement huer quand le speaker a annoncé qu'ils avaient décliné l'invitation.

Des circuits courts au retrait des accords de libre-échange, en passant par la suppression totale des pesticides, les 12 candidats à l'Elysée fourmillent d'idées pour prêter main forte à une agriculture frappée par la flambée des coûts de production et des matières premières agricoles provoquée par la guerre en Ukraine.

D'autant que la profession subit un lent déclin. La France métropolitaine compte 389.000 exploitations agricoles, selon les résultats provisoires du recensement agricole 2020. C'est 100.000 de moins qu'en 2010 et quatre fois moins qu'en 1970. Et près d'un ménage agricole sur cinq vit sous le seuil de pauvreté (18 %, contre 15 % de la population française), selon l'Insee.

"Souveraineté"

"Mener les transitions (écologiques) est nécessaire mais ça ne doit pas nous faire perdre de vue notre mission nourricière", a déclaré Emmanuel Macron. "On a longtemps opposé agriculture et écologie, mais je crois à cette réconciliation des agendas", a-t-il ajouté, en disant vouloir "amplifier ce que nous avons mis en place".

Le président-candidat, pris mercredi par un Conseil de défense suivi d'un Conseil des ministres -avant un nouveau déplacement de campagne jeudi en Charente-Maritime- s'est adressé au meeting par visioconférence dans un message enregistré mardi à son QG de campagne.

Pour sa part, la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen, en deuxième place dans les sondages d'intentions de vote du premier tour derrière M. Macron, a lancé: "Mon projet : c'est la souveraineté de notre pays". La candidate s'est montrée à l'offensive contre les "billevesées des écolos" ou encore la Commission européenne et l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) "qui entravent toute réaction efficace à la crise en cours". Elle a également condamné les "agressions et dégradations intolérables" contre les agriculteurs mais s'est faite huer quand elle a indiqué vouloir créer un statut de l'animal.

Quand Mme Pécresse jugeait le projet européen +Farm 2 fork+ -- "De la ferme à la fourchette" qui vise une stratégie verte adaptée à l'agriculture --, "une pure folie au moment du réchauffement climatique, où l'on risque d'avoir des famines", Eric Zemmour, lui, insistait sur le mode de vie "malmené" des agriculteurs par "l'arrogance parisienne et l'idéologie européenne".

"Franchouillard"

Jouant de l'absence de ses rivaux à gauche, qu'il n'a pas manqué de souligner, le communiste Fabien Roussel a été copieusement applaudi se montrant à l'aise, blagueur et suscitant les rires d'un auditoire traditionnellement plutôt à droite de l'échiquier. "Il est bon lui !", a lancé un agriculteur en applaudissant, quand le communiste a parlé de nationaliser une banque pour aider les jeunes agriculteurs à obtenir des prêts pour s'installer.

"Manger de la bonne viande, élevée en France, c'est essentiel et important. Il faut défendre le produire français, la qualité des produits français, ce n'est pas être franchouillard", a encore affirmé M. Roussel. "Ceux qui ne veulent pas manger de viande, je les respecte tellement, mais qu'ils n'imposent pas leur modèle de société".

Quant à l'iconoclaste Jean Lassalle, il était en terrain conquis chez ses "frangins". "Les agriculteurs ne sont pas les ennemis, ce ne sont pas eux qui polluent, et au moins ils ne mentent pas comme nous les politiques", a-t-il dit.

Selon la présidente de la FNSEA Christiane Lambert, le candidat écologiste Yannick Jadot aurait accepté l'invitation avant de se raviser. Il se rendait mercredi à Margny-sur-Matz (Oise) sur le thème de la ruralité, dont les maires ont été très sollicités par les candidats pour obtenir les 500 parrainages et veulent faire entendre leurs revendications dans la campagne.

Selon un sondage Ifop commandé par le syndicat et publié mardi, le président sortant Emmanuel Macron rassemble à ce stade 30 % des intentions de vote des agriculteurs, suivi par Valérie Pécresse (13 %), Éric Zemmour (12 %) et Marine Le Pen (11 %).

De son côté, La France insoumise, dont le candidat Jean-Luc Mélenchon est le mieux placé à gauche, s'efforce de mobiliser les électeurs, avec un meeting sur le thème de "l'union des quartiers populaires" organisé à Saint-Denis, en banlieue parisienne.

"Nous sentons toujours les soubresauts de la crise sanitaire, et une crise s'additionne désormais à l'autre", selon la présidente du Caf et de la FNSEA, Christiane Lambert. "On pensait que la sécurité alimentaire n'était plus un sujet (...) mais il faut un changement de paradigme fort et un retour en force de la souveraineté alimentaire comme élément majeur des politiques", a-t-elle plaidé.

La plupart des candidats défendent cet objectif, qui recouvre des acceptions différentes selon leur couleur politique et s'est imposé dans le débat public ces dernières semaines.

Fabien Roussel

Marine Le Pen

Éric Zemmour

Jean Lassalle

Selon un sondage Ifop commandé par le syndicat et publié mardi, le président sortant Emmanuel Macron rassemble à ce stade 30% des intentions de vote des agriculteurs, suivi par Valérie Pécresse (13%), Éric Zemmour (12%) et Marine Le Pen (11%).

Dans la dernière ligne droite de cette campagne décidément atypique, l'attention allait crescendo dans l'affaire "McKinsey", du nom du cabinet de conseil américain sous le feu des projecteurs depuis la parution d'un rapport du Sénat soulignant les nombreuses prestations commandées par l'Etat à McKinsey et d'autres cabinets de conseil pour plus d'un milliard d'euros en 2021.

Le sujet est politiquement sensible pour l'exécutif et, surtout, le président sortant, qui s'en était défendu lundi.

Interrogé à la sortie du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a jugé normal de s'interroger à ce sujet et renvoyé à une conférence de presse dans la soirée des ministres des Comptes Publics Olivier Dussopt et de la Fonction publique Amélie de Montchalin.

L'affaire intervient au moment où l'écart se resserre dans les sondages entre Emmanuel Macron et ses poursuivants immédiats, même s'il reste largement en tête, et alors que le pouvoir d'achat et donc le porte-monnaie est dans tous les esprits.

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Nature

Dermatose nodulaire : expertises, échanges et éléments de réponses apportés ce lundi à Besançon

VIDÉOS • Environ 200 éleveurs se sont rendus à Micropolis Besançon pour assister à la première des deux réunions publiques organisée lundi 8 décembre 2025 par la préfecture edu Doubs concernant la dermatose nodulaire contagieuse. Pendant près de 3h, le préfet du Doubs Rémi Bastille, entouré du directeur de crise au ministère de l’Agriculture pour la DNC, Olivier Debaere et l’épidémiologiste Guillaume Gerbier ont répondu aux questions soulevées par les éleveurs et exposés leurs conclusions concernant le cas de Pouilley-Français. 

Dermatose nodulaire : à Besançon, Genevard appelle à un strict respect du protocole sanitaire

La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) pourrait tuer 10% des bovins en France si le strict protocole sanitaire en vigueur n'était pas respecté, a mis en garde samedi 6 décembre 2025 la ministre de l'Agriculture, venue défendre à Besançon le récent abattage d'un troupeau de 83 vaches dans le Doubs.

Dermatose nodulaire : la ministre de l’Agriculture Annie Genevard se rendra ce samedi à Besançon

Pour rappel, un premier cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a été détecté dans le Doubs le 28 novembre 2025 dans une exploitation de Pouilley-Français. La ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire est attendue ce samedi 6 décembre 2025 à Besançon pour faire un point sur la situation sanitaire dans le département à la préfecture du Doubs.

Dermatose nodulaire à Pouilley-Français : trois bovins étaient infectés depuis trois semaines

A l'issue des opérations de dépeuplement qui se sont déroulées le 2 décembre 2025 dans une ferme à Pouiley-Français, les services de la préfecture du Doubs ont constaté la présence de nodules typiques de DNC sur quatre autres bovins. Explications.

La LPO Bourgogne-Franche-Comté lance une campagne pour financer 420 nichoirs à effraies des clochers

À l’occasion du Giving Tuesday et à l’approche des fêtes de fin d’année, la Ligue de protection des oiseaux de Bourgogne-Franche-Comté (LPO BFC) a annoncé ce mois de décembre 2025 le lancement de sa première campagne de financement participatif. Objectif : récolter 15.000 € afin de protéger l’effraie des clochers, rapace nocturne emblématique mais aujourd’hui fragilisée. Selon la LPO, cette somme permettra de fabriquer et poser 420 nichoirs dans toute la région, planter 1.349 mètres de haies et organiser plus de 50 animations de sensibilisation.

Dermatose nodulaire : les 83 vaches du cheptel de Pouilley-Français abattues. La préfecture du Doubs explique.

La secrétaire générale de la préfecture du Doubs, Nathalie Valleix, entourée de la Direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations ainsi que de la Direction départementale des territoires, a réuni la presse mardi 2 octobre 2025 à 17 h. Cette prise de parole intervenait après une journée de mobilisation d’agriculteurs au Gaec de Pouilley-Français, où 83 vaches ont été abattues en raison d’un cas confirmé de dermatose nodulaire contagieuse.

Dermatose nodulaire : Grangier interpelle Genevard sur la menace d’abattage à Pouilley-Français

Dans un courrier daté de ce mardi 2 décembre, la députée du Doubs Géraldine Grangier s’adresse à la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Genevard, pour dénoncer la ”situation extrêmement préoccupante” que traverse une famille d’exploitants agricoles à Pouilley-Français, et demander un traitement plus mesuré du dossier sanitaire.

Dermatose nodulaire à Pouilley-Français : les Écologistes de Franche-Comté s’opposent à l’abattage de masse

Les Écologistes de Franche-Comté ont lancé hier soir un appel à la mobilisation ce mardi 2 décembre 2025 à 8h à la ferme EARL Lhomme de Pouilley-Français où a été découvert le premier cas de dermatose nodulaire contagieuse bovine du Doubs vendredi dernier. Le rassemblement a pour objectif de s’opposer à la décision préfectorale d’abattage de la totalité du troupeau. 

Un foyer de dermatose nodulaire contagieuse bovine confirmé à Pouilley-Français

La préfecture du Doubs a confirmé, vendredi 28 novembre 2025, la présence d’un foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) au sein d’une exploitation bovine située sur la commune de Pouilley-Français. Il s’agit du premier cas détecté dans le département depuis l’apparition initiale de la maladie en France, en Savoie, le 29 juin 2025.

Hiver plutôt froid ou chaud ? Météo-France privilégie un scénario plus chaud que la normale…

Météo-France a publié son bulletin saisonnier concernant les tendances pour les mois de décembre 2025, janvier et février 2026, ce jeudi 27 novembre. Comme toujours, il s’agit d’une prévision probabiliste portant sur les moyennes du trimestre, et non d’une projection détaillée semaine par semaine.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 7.1
couvert
le 16/12 à 15h00
Vent
0.87 m/s
Pression
1015 hPa
Humidité
92 %