3.000 pédocriminels dans l'Eglise en 70 ans selon le rapport Sauvé

Publié le 05/10/2021 - 08:35
Mis à jour le 05/10/2021 - 10:57

Entre 2.900 et 3.200 pédocriminels dans l’Eglise en 70 ans: c’est l’un des premiers constats de la Commission indépendante sur la pédocriminalité dans l’Eglise catholique qui rend mardi, son verdict, inédit et très attendu.
 
 

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Après deux ans et demi de travaux, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) depuis 1950, présidée par Jean-Marc Sauvé, va dévoiler son rapport et ses nombreuses annexes, une somme qui atteint finalement « 2.500 » pages, selon ce dernier.

Le rapport Sauvé estime à 216.000 le nombre de personnes de plus de 18 ans ayant fait l'objet de violences ou d'agressions sexuelles pendant leur minorité de la part de clercs ou de religieux catholiques en France de 1950 à 2020, selon ses conclusions rendues publiques mardi.

Le nombre de victimes grimpe à "330.000 si l'on ajoute les agresseurs laïcs travaillant dans des institutions de l'Eglise catholique" (aumôneries, enseignants dans les écoles catholiques, mouvements de jeunesse), a ajouté Jean-Marc Sauvé en rendant publiques devant la presse les conclusions de la commission qu'il préside.

Une "déflagration"

Le rapport a été publiquement remis à la Conférence des évêques de France (CEF) et à la Conférence des religieuses et religieux des instituts et congrégations (Corref), qui l'avaient commandé. Cela se déroulera lors d'une conférence de presse à laquelle ont été invités des représentants d'associations de victimes.

"Cela va être une déflagration", assure un membre de la Ciase, sous couvert d'anonymat. "Cela va faire l'effet d'une bombe", renchérit Olivier Savignac, du collectif Parler et Revivre. "Il ne va pas être complaisant", assure le sociologue Philippe Portier, autre membre de la Commission.

Mgr Eric de Moulins-Beaufort, le président de la CEF, a dit craindre que le rapport "ne rende des chiffres considérables, effrayants", lors d'une réunion avec des paroissiens de son diocèse.

Sa publication "va être une épreuve de vérité et un moment rude et grave", peut-on aussi lire sur le message diffusé par l'épiscopat en direction des prêtres et des paroisses pour les messes du week-end. Un message qui appelle "à une attitude de vérité et de compassion".

M. Sauvé a déjà indiqué que le nombre de prédateurs recensé était de "2.900 à 3.200", des hommes - prêtres ou religieux - une "estimation minimale".

La Ciase évaluera aussi le nombre de victimes et comparera la prévalence des violences sexuelles dans l'Eglise à celle identifiée dans d'autres institutions (associations sportives, école...) et dans le cercle familial.

Poids du cléricalisme ? Omerta sur ces phénomènes d'emprise ? La commission évaluera également les "mécanismes, notamment institutionnels et culturels" qui ont pu favoriser la pédocriminalité.

En novembre, M. Sauvé avait évoqué une "gestion de ces affaires qui dans le passé a souvent été défaillante". Il avait aussi jugé "extrêmement grave qu'il ait pu y avoir quelques institutions et quelques communautés, en petit nombre, où des abus systémiques aient pu être commis".

Politique de réparation

Le diagnostic fait, la Commission doit énumérer 45 propositions qui toucheront à plusieurs domaines: écoute des victimes, prévention, formation des prêtres et religieux, droit canonique, transformation de la gouvernance de l'Eglise... Il préconisera aussi une politique de reconnaissance et de réparation.

Pour ses travaux, la Ciase a fait de la parole des victimes "la matrice de son travail", selon M. Sauvé. D'abord avec un appel à témoignages ouvert dix-sept mois, qui a recueilli 6.500 appels ou contacts de victimes ou proches. Puis en procédant à 250 auditions longues ou entretiens de recherche. Elle a aussi approfondi ses recherches avec une plongée dans de nombreuses archives (Eglise, ministère de la justice, de l'Intérieur, presse).

Dans la majorité des cas, les faits sont aujourd'hui prescrits, les auteurs décédés, rendant un recours à la justice improbable. Les procédures canoniques (le droit de l'église), quand elles sont engagées, sont très longues et peu transparentes.

Quelles suites l'Eglise donnera-t-elle au rapport ?

"J'attends que nous soyons confrontés à ce fardeau, aussi noir soit-il, afin que nous puissions ensuite prendre les mesures qui s'imposent", affirme Véronique Margron, présidente de la Corref.

L'épiscopat a pris les devants en promettant non pas des réparations mais un dispositif de "contributions" financières, versées aux victimes à partir de 2022, qui ne fait pas l'unanimité chez les victimes.

Les premières réponses de la CEF et de la Corref sont attendues en novembre, date à laquelle les deux institutions se réuniront en assemblées plénières.

Le rapport sera examiné à la loupe à Rome, où la question a été évoquée par le pape François et une partie des évêques français en visite au Vatican en septembre.

Sanction d'évêques ou de prélats, visite du Pape en Irlande, organisation d'un sommet inédit en 2019 sur "la protection des mineurs", modification du droit canon...: la lutte contre la pédocriminalité est un dossier également traité au Vatican.

Créée à l'automne 2018, la Ciase est composée de 22 membres, bénévoles, aux compétences pluridisciplinaires (juridiques, médicales, psychologiques et psychiatriques, secteur social et éducatif, protection de l'enfance, histoire et sciences sociales, théologie...). Elle a été financée par l'épiscopat et les instituts et congrégations religieux à hauteur de 3 millions d'euros.

(AFP)

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