Besançon inaugure l’écoquartier Viotte, après 20 ans de métamorphose urbaine

Après deux décennies de réflexion, dont dix ans de travaux et 110 millions d’euros d’investissement pour la grappe Sedia et 35 millions d’euros pour SMCI, le quartier Viotte à Besançon, sera officiellement inauguré mercredi 7 mai 2025. On a voulu refaire l’histoire de ce projet emblématique avec Bernard Bletton, directeur général de Sedia-Territoire 25, et Fabrice Jeannot, président du groupe SMCI.

© Alexane Alfaro

C’est une friche industrielle de 3,5 hectares qui s’est muée en véritable quartier de ville. Situé autour de la gare Viotte à Besançon, ce nouvel écoquartier incarne une transformation urbaine d’envergure pour une ville de cette grandeur. Porté par la Ville de Besançon, la société d’économie mixte Sedia et plusieurs opérateurs publics et privés, le projet Viotte est une opération de requalification urbaine qui sera officiellement inaugurée ce mercredi matin. ”C’est un projet de la dimension d’une métropole”, affirme Bernard Bletton, ”il y a très peu d’opérations de cette ampleur en France.”

Un chantier pensé sur trois volets

Lancé dans les années 2000, le projet repose sur une stratégie tripartite : rénover la gare, créer un pôle d’échange multimodal performant (train TGV et TER, tram, bus de ville, départementaux et régionaux, vélo, piétons, taxi, parkings) et aménager un quartier mixte autour de ces espaces publics. ”L’objectif était de résorber une friche industrielle – Sernam – et revitaliser tout un secteur délaissé du centre-ville”, rappelle le directeur général de Sedia-Territoire 25.

C’est ainsi que cet ensemble a vu le jour progressivement entre 2020 et 2025, fruit d’une densification maîtrisée autour des mobilités douces et d’une concertation régulière avec les habitants à travers notamment des enquêtes et réunions publiques.

Un quartier mixte, vivant jour et nuit

Le quartier Viotte, divisé en un secteur sud et un secteur nord, totalise 45 000 m². Le sud concentre la majeure partie des constructions : 25 000 m² de bureaux, dont 17 500 m² occupés par les services de l’État depuis 2021, 7 000 m² par la Région Bourgogne-Franche-Comté installée depuis 2022, 4 000 m² de commerces et services, et 8 000 m² de logements du programme Génius porté par SMCI. 

Le nord, d’une superficie de 8 000 m², intègrera, d’ici 2033, 5 000 m² de logements, une crèche municipale de 1 000 m² (dont les travaux commenceront fin 2025) et 2 000 m² de tertiaire.

”L’idée était de proposer un quartier qui vit à toute heure, où l’on peut travailler, habiter, dormir, consommer et se déplacer facilement, à pied ou à vélo”, souligne Bernard Bletton.

Une vitrine de la ville durable, un projet précurseur en France

Labellisé écoquartier, Viotte anticipe de 10 ans les standards d’urbanisme durable actuels. La gestion des eaux pluviales, la végétalisation renforcée, la désimperméabilisation des sols, ou encore une chaufferie collective fonctionnant à 50 % d’énergie renouvelable ou encore la géothermie pour une partie des logements de la résidence Génius, ont pour but de répondre aux enjeux écologiques. Les bâtiments les plus emblématiques, dont le pôle État, sont certifiés HQE Excellent.

Autre prouesse : un parking souterrain de 320 places, adossé à une politique active en faveur du covoiturage et des mobilités douces. ”Au départ, personne n’y croyait. Aujourd’hui, tout le monde s’y est adapté, et les retours sont très positifs”, se félicite Bernard Bletton.

Un signal architectural et une complexité maîtrisée malgré le Covid et la guerre en Ukraine

Le quartier est aussi marqué par le geste architectural de deux grands architectes Brigitte Métra, lauréate du concours pour la conception du pôle sud, et Silvio D’ascia, architecte international, lauréat du concours pour la conception de la résidence Génius composée de trois bâtiment au revêtement de tuiles en terre cuite rouges. 

Cet architecte italien qui a mené pendant 10 ans de grands projets en Asie, dont des complexes technologiques et hospitaliers à Pékin et Shanghaï, ainsi que de grands centres de données pour de grandes institutions financière. La transformation des gares est un sujet qui passionne cet architecte, qui en avait fait sa thèse de doctorat. Il a par ailleurs réalisé la gare de Kénitra au Maroc ainsi que la gare de Turin en Italie.

À Besançon, ce ”signal urbain” architectural où les deux architectures se conjuguent parfaitement est devenu un repère visuel à proximité immédiate de la gare.

Le montage du projet, particulièrement complexe, a nécessité l’activation de tous les leviers de l’aménagement public et les outils d’économie mixte de la Ville de Besançon : 30 millions d’euros investis par la Ville, 80 millions d’euros par la SEM Sedia, des montages en volumes pour gérer les copropriétés imbriquées, et une articulation fine entre acteurs publics (Aktya, Sedia, Territoire 25) et privés (32 millions d’euros par SMCI). Au-delà de sa complexité, Bernard Bletton nous précise que cet écoquartier a aussi traversé une période particulièrement compliquée, l’épidémie de Covid 19 en 2020.

Une réappropriation attendue par les Bisontins

Au-delà de la livraison technique, c’est maintenant au tour des habitants de ”s’approprier” ce nouveau quartier. ”Pendant longtemps, les gens passaient à côté sans vraiment le voir. L’enjeu, aujourd’hui, c’est qu’ils le traversent, y consomment, s’y promènent”, conclut Bernard Bletton.

À terme, le quartier Viotte sud et nord accueillera 1000 emplois, 200 logements, une crèche, des commerces de proximité et des espaces verts, redonnant vie à une portion longtemps marginalisée du centre-ville.

Résidence intergénérationnelle, professionnels de santé, crèches, bureaux…

”SMCI partage la même philosophie et la même approche de l’architecture à la fois contextuelle, humaine et encrée dans les usages et dans les lieux”, assure Fabrice Jeannot. ”L’idée qui a guidé notre réflexion, en ce nouveau quartier Viotte, c’est le ‘genius loci’, l’esprit du lieu”, ajoute-t-il. 

SMCI a participé, à son niveau, à l’élaboration du quartier Viotte avec la commercialisation de 15 logements hauts de gamme au-dessus du pôle dédié à l’Etat et à la promotion de Génius. Un ensemble d’environ 150 logements avec une résidence intergénérationnelle composée de 60 logements, dont 30 séniors gérés par l’ADMR, une des plus anciennes et plus gros espace associatif français d’aide à la personne (plus de 70 ans d’existence et 160.000 personnes et bénévoles), une crèche ouverte aux enfants du quartier également gérée par l’ADMR, des espaces tertiaires occupés par une quarantaine de professionnels de santé, (médecins, dentistes, kinésithérapeutes), et une petite salle de sport pour les habitants du quartier.

Ce chantier représente pour SMCI environ un investissement de 35 millions d’euros engagé en pleine crise du Covid et guerre de l’Ukraine.

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