Alors que les premiers mois de l’année affichaient une certaine résilience, un retournement s’est amorcé à l’automne, affectant progressivement l’ensemble des secteurs. L’activité dans le secteur privé, mesurée par les heures rémunérées, stagne globalement en 2024 après une hausse de 0,6 % en 2023, mais recule de 0,5 % au second semestre.
Une dégradation progressive du marché de l’emploi
La région n’est pas épargnée par la morosité économique nationale et européenne. L’Insee constate que "l’emploi salarié diminue en raison d’une nette détérioration en fin d’année pour s’établir à 992 000 emplois", un niveau équivalent à celui de l’automne 2022. Le climat de l’emploi est orienté à la baisse depuis l’été, sous sa moyenne de long terme.
Tous les secteurs sont touchés : dans l’industrie, les pertes d’emploi succèdent à deux années de stabilité, contrairement au niveau national où l’emploi industriel progresse encore. La filière automobile souffre d’une contraction des ventes de véhicules neufs, tandis que la construction atteint un "nouveau point bas", empêtrée entre coûts élevés et accès restreint au crédit. Malgré une baisse récente des taux d’intérêt, "le secteur peine à sortir d’une crise qui dure depuis plus de deux ans".
Le tertiaire non marchand voit ses effectifs stagner, et ceux du tertiaire marchand hors intérim sont orientés à la baisse. Par ailleurs, la formation en alternance ralentit, "suite à la diminution des aides à l’embauche pour ce type de contrat".
Un repli de l’activité touristique
Le ralentissement économique s’étend également au secteur du tourisme. Après une année 2023 record, la fréquentation baisse en 2024. "Dans la région, elle recule dans tous les types d’hébergement touristique et retombe à son niveau de 2019", note l’Insee.
Un avertissement méthodologique est à souligner concernant les données du secteur de la construction pour décembre 2023 et janvier 2024, où "la variation des heures rémunérées n’est pas représentative de la variation de l’activité", du fait du calendrier des congés scolaires.
Malgré des fragilités, certains indicateurs restent dans le vert
Malgré cette conjoncture dégradée, plusieurs signaux montrent une relative résistance de l’économie régionale. Le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) demeure faible, à 6,5 %. Toutefois, l’Insee souligne que "le nombre de demandeurs d’emploi progresse dans une grande partie de la région et particulièrement en fin d’année".
Sur le front entrepreneurial, les créations d’entreprises repartent à la hausse et atteignent un record de 33 000. Ce sont principalement "les micro-entreprises et les sociétés [qui] sont les moteurs de cette croissance". Parallèlement, bien que les défaillances d’entreprises restent élevées, leur progression ralentit : +7,4 % en région contre +17,4 % au niveau national.
Dans le secteur viticole, les exportations progressent malgré des conditions climatiques défavorables. Enfin, "l’emploi frontalier demeure dynamique", même si sa croissance est trois fois moindre qu’en 2023. Fin 2024, "48 600 personnes résidant en Bourgogne-Franche-Comté occupent un emploi en Suisse", un chiffre qui reflète l’importance de ce levier régional.
Contexte national et international pesant
La situation régionale s’inscrit dans un contexte national et européen difficile. En France, le PIB a ralenti en 2024 (+1,2 % après +1,4 % en 2023), tout comme l’emploi salarié. La production manufacturière se replie (-0,9 %), particulièrement dans l’automobile. L’investissement des entreprises recule, pénalisé par un coût du crédit élevé.
Malgré tout, les ménages retrouvent un peu de pouvoir d’achat, porté par la désinflation et les prestations sociales. Le taux d’épargne reste cependant élevé (18,2 %), ce qui limite la reprise par la consommation.
En zone euro, les écarts persistent. L’Allemagne voit son activité reculer légèrement (-0,2 %), tandis que l’Espagne poursuit une croissance soutenue (+3,2 %). Depuis 2019, l’activité n’a progressé que de 0,2 % en Allemagne, contre +4,2 % en France et +6,8 % en Espagne.
Infos +
- Étude menée par Bénédicte Piffaut et Clément Bortoli (Insee).
- Source : Insee – Bilan économique 2024 – Bourgogne-Franche-Comté.