Les cahiers de vacances, bonne ou mauvaise idée ? On a questionné cinq profs…

En Franche-Comté comme partout en France, de nombreuses familles optent pour l'achat de cahiers de vacances : selon GFK*, environ 4,5 millions sont vendus chaque année dans l'hexagone. Nous avons demandé à cinq professeures du Doubs de nous faire part de leurs avis sur ces carnets qui se veulent à la fois ludiques et pédagogiques...

© SB

Les cahiers de vacances existent depuis plus de 90 ans, et leur popularité ne cesse d’augmenter. Souvent créés par des enseignants, ces recueils d’exercices ludiques sont prisés par certains parents et enfants désireux de conserver un rythme scolaire pendant les vacances, en particulier, les longues vacances d'été.

Un produit marketing ?

Aujourd’hui, une grande variété de formats de cahiers de vacances est disponible, et une aussi grande variété d'avis sur le sujet. Catherine, professeure des écoles, affirme : "c’est surtout du marketing, c’est pour vendre en premier." Elle admet cependant que certains cahiers s’améliorent sur des thèmes spécifiques, tels que "des activités pour questionner le monde, ou sur l’environnement".

Sabrina, ancienne enseignante en primaire, note que "d’un cahier à l’autre, le format n’est pas le même : certains sont super et d’autres rébarbatifs." Elle souligne que les enseignants élaborent des séquences pédagogiques tout au long de l’année, et que les cahiers de vacances peuvent perturber les méthodes des enfants : "les élèves sont perdus."

Pour Sophie, enseignante au collège, ces cahiers "permettent une continuité", surtout s'ils incluent des éléments gratifiants comme "des étoiles, des médailles à gagner", rendant ainsi les devoirs d’été plus accessibles et agréables. Sarah, enseignante au lycée, confirme : "la plupart sont bien conçus, reprenant les programmes et de plus en plus ludiques et colorés dans la forme."

Pour qui et quel âge ?

Les cinq enseignantes s’accordent sur un point : le format des cahiers de vacances ne convient pas à tous les enfants. Magalie, institutrice en CE2-CM1, déclare : "les cahiers de vacances, c’est bien pour les enfants qui sont très scolaires, mais pour les autres, c’est nul…". Pour ceux en difficulté, cela peut être particulièrement éprouvant : "c’est ceux qui en auraient le plus besoin qui le vivent le plus mal", indique Sabrina.

Catherine ajoute que seulement "un sixième des enfants aime le cadre scolaire, et donc les cahiers de vacances." Pour ces enfants, un cahier peut être bénéfique, comme le souligne Sarah : "certains y voient une forme de divertissement et ça les rassure pour mieux appréhender la rentrée."

En ce qui concerne l’âge, Sophie recommande le cahier de vacances pour la maternelle et la primaire en priorité. Sabrina appuie que pour cet âge, il faut privilégier les cahier qui proposent "des situations ludiques". Pour les collégiens au contraire, le cahier de vacances classique semble plus adapté, car ils sont autonomes.

Quelles alternatives ?

Durant les vacances, il est essentiel de "se détacher de la pression scolaire" et d’éveiller la curiosité intellectuelle, rappelle Sarah. Si les cahiers de vacances ne conviennent pas à tous, les enseignants proposent d’autres moyens de stimuler l’apprentissage sans contrainte.

Catherine préconise d’éviter les jeux vidéo et de privilégier des activités familiales comme "lire l’histoire du soir, faire des jeux de sociétés, courir dehors… ". Sabrina propose des activités intellectuelles comme "faire des sudoku" ou "aller à la bibliothèque et lire". Sarah insiste sur l’importance de passer du temps avec les enfants et montre qu'il est également possible d’allier l’utile à l’agréable en trouvant "des jeux de société en lien avec la difficulté de l’enfant."

Pour conclure, il est crucial de garder à l’esprit que "réussir son année, c’est faire confiance à son professeur. (...) Le cahier de vacances n’est absolument pas déterminant", comme souligne Sarah. Comme nous l’avons vu, d’autres moyens existent pour ne rien perdre sans obliger l’enfant à utiliser un cahier de vacances. L’été est avant tout le moment idéal pour "sortir du cadre scolaire", rassure Catherine.

Quitter la version mobile