Aujourd'hui retraité, ce professionnel, Dominique Bouquard, dit avoir été "très surpris" lorsqu'il a appris par les médias les charges pesant sur le médecin, lequel était venu le consulter à quatre reprises entre juillet 2014 et juin 2016 - deux fois seul, et deux fois avec son épouse.
Aurait-il pu "passer à coté d'une personnalité plus complexe" que celle que le Dr Péchier lui avait "donné à voir ?", l'interroge l'avocate générale Thérèse Brunisso. "On peut passer à coté de quelque chose, bien entendu. Mais j'ai vu beaucoup de monde en 47 ans de métier, et sans prétention, j'avais l'oreille assez aiguisée. Or je n'ai rien perçu de tel", a insisté le psychologue.
Pour l'un des avocats des parties civiles, Stéphane Giuranna, les notes prises à l'époque par le psychologue sont cependant "édifiantes" en ce qu'elles corroborent certains éléments avancés la semaine dernière devant la cour par un policier chargé d'éclairer la personnalité de l'accusé.
Le profil d'un tueur en série ?
Ce policier, Laurent Dumont, avait dit avoir vu chez Frédéric Péchier des "failles personnelles" évoquant selon lui le profil d'un "tueur en série". Pour lui, l'anesthésiste se sentait "comme le vilain petit canard", rejeté par son père, et en voulait à sa femme de l'avoir "empêché de travailler autant qu'il le (voulait) pour se sentir le meilleur".
Or, dans ses notes sur Frédéric Péchier, le psychologue avait noté: "s'ennuie dans sa vie avec sa famille/dans son couple", "impression d'être le vilain petit canard", "sacrifié un projet pro pour ne pas contrarier la carrière de sa femme", "se sent bloqué".
En outre, a développé Me Giuranna, à plusieurs reprises l'accusé est allé consulter le psychologue quelques jours après avoir "regardé (un) patient mourir", "les yeux dans les yeux" - patient qu'il aurait préalablement empoisonné, selon l'accusation.
Cinq jours après un tel décès, survenu le 10 juin 2014, Frédéric Péchier a ainsi "fait sa tentative de suicide, ou simulacre", puis le 8 juillet "son épouse prend rendez-vous" avec le psychologue, "elle doit sentir que son mari ne va pas bien", a observé Me Giuranna. "Ce genre d'empoisonnement ça doit laisser des traces psychologiquement".
L'accusé, qui comparaît libre, encourt la réclusion à perpétuité. Le verdict est attendu d'ici au 19 décembre.
(AFP)
