Rencontre avec un "croque-mort" qui ne fait pas une tête d'enterrement…

Publié le 31/10/2014 - 11:16
Mis à jour le 01/11/2014 - 09:53

Jacob Antoine est vulgairement appelé un « croque-mort ». Professionnellement, il est entrepreneur de pompes funèbres à Besançon. Il s’occupe d’organiser les obsèques, c’est-à-dire de la fourniture du cercueil, toilette et habillage des corps, de la mise en bière, du transport en corbillard et de l’organisation des cérémonies. Mais comment devient-on « croque-mort » ? Que se passe-t-il dans la tête d’un « croque-mort » ? Jacob Antoine nous parle de sa profession agrémentée de quelques anecdotes surprenantes…

Il y près de 20 ans, Jacob Antoine termine son service militaire et se retrouve sans emploi. Inscrit à l'ANPE à l'époque, on lui propose le poste d'assistant funéraire dans les pompes funèbres pour accompagner les familles lors des cérémonies. Aujourd'hui, il est directeur de l'agence de pompes funèbres Roc Eclerc. "Je n'avais pas forcément cette vocation" nous précise-t-il, "on m'a proposé, j'ai dit pourquoi pas et ça m'a beaucoup plus". Jacob est très étonné lorsqu'il accueille des étudiants souhaitant travailler dans ce milieu. "Ça me surprend toujours quand je rencontre des gens qui veulent être thanatopracteur, qui ont cette attirance vers le funéraire. Personnellement, je n'avais pas cette attirance."

Ce qui a beaucoup plu à Jacob dans ce métier c'est "les rapports avec les gens" (vivants !). "On se retrouve en face de personnes qui sont vraies" dans une situation émotionnellement difficile. "On les accompagne de bout en bout dans cette épreuve et c'est un lien qui est important". Jacob aime également "la diversité du métier", c'est-à-dire que "ce n'est pas un métier où on reste assis au bureau : on a de nombreux interlocuteurs (la mairie, les prêtres, les équipes laïques, on a aussi beaucoup de démarches à effectuer au cimetière…" 

Quand le croque-mort verse une larme… 

Vous avez l'image du croque-mort cynique, détaché ou qui raconte des blagues douteuses pendant une cérémonie ? Alors, sortez de votre écran de télévision ! Jacob nous confie une information qui en étonnera plus d'un. Malgré son travail quotidien dans le milieu funéraire, Jacob s'est déjà retrouvé très triste à plusieurs reprises pendant des cérémonies. "C'est difficile de se détacher totalement de ce qu'il se passe devant vous, il y a toujours l'affecte qui surgit et là, il faut arriver à gérer le degré". Les cérémonies les plus difficiles à supporter selon lui sont celles d'enfants, de jeunes personnes où il y a une forte implication dans l'organisation des obsèques. 

"Ce qui m'affecte le plus c'est l'implication de la famille. Quand on voit arriver des gens qui disent qu'ils ne veulent pas y mettre d'argent et qui veulent le plus simple, qui ne s'impliquent pas, qui sont détachés, on fait le boulot très normalement. Si la famille n'est pas impliquée, on ne va pas s'impliquer plus qu'eux. Mais si on rencontre des personnes qui ont besoin qu'on leur tienne la main, qui ont besoin de nous, on ne peut pas être insensible et on fait les choses avec le cœur". 

Être croque-mort et garder le moral au top... C'est possible ?

Jacob nous explique que "le travail des pompes funèbres, je le fais parce qu'il me plaît et j'ai un bon équilibre dans ce métier", mais il précise qu'il ne pourrait pas être médecin urgentiste ou pompier. "Aller voir des gens dans les voitures accidentées qui crient quand on arrive et meurent entre nos mains, ça, je ne pourrais pas". Il ajoute qu’"ici, la mort est là, c'est fait. J'aurais du mal à me dire "Mince ! Et si on était arrivé plus tôt…" Ici, je n'ai pas cette culpabilité."

Une danse autour du cercueil de la grand-mère

Cet entrepreneur de pompes funèbres nous raconte qu'il existe des situations où il a pu rire mais avec retenue. "Il y a plusieurs années, une jeune fille, qui enterrait sa grand-mère, me demande si elle pouvait faire une prestation. J'étais maître de cérémonie, j'étais un peu interloqué. Je lui ai répondu qu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait, qu'on n'a rien à interdire. On s'est reculé et elle a commencé à danser autour du cercueil. J'ai vu quelques-uns de mes collègues qui se sont reculés pour se mettre derrière le camion et dans ces cas-là, il faut tenir. Pour nous, c'était très décalé". Il précise que" la jeune fille était très contente de l'avoir fait et c'était l'essentiel". 

"Il peut y avoir des situations cocasses dans le métier, mais elles s'apparenteraient davantage à des moments de solitude qu'autre chose, en particulier lorsque la famille nous regarde et que le caveau n'est pas ouvert à l'arrivée du cercueil ou un corps qui ne rentre pas dans le cercueil, etc." explique Jacob. "On peut peut-être en rire des années après, mais vous passez un sale quart d'heure" ajoute-t-il.

"Mettez-moi dans un cercueil en verre avec une bouteille de gaz s'il vous plaît" 

Enfin, une demande pour le moins détonante lui a été proposée au cours de sa carrière : "un monsieur, qui paraissait mentalement instable, m'a demandé de l'installer vivant, dans un cercueil en verre avec une bouteille de gaz. Pendant la cérémonie, il voulait voir les personnes qui viendraient pour leur cracher dessus pour ensuite ouvrir la bouteille de gaz dans son cercueil avant d'être enterré". Jacob lui a répondu par la négative, bien sûr.

D'où vient l'expression "croque-mort" ? 

La légende raconte que pendant les épidémies de peste au Moyen-Âge, on mordait l'orteil des défunts pour s'assurer qu'ils n'avaient aucune réaction et qu'ils étaient bel et bien morts. Mais l'hypothèse la plus plausible explique que les employés de pompes funèbres "croquent" "avalent" les morts en les faisant disparaître d'abord dans un cercueil, puis sous terre.

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