L'enseignante de physique-chimie du lycée Janot-Curie de Sens (Yonne) n'a écopé que d'une "sanction du premier groupe", a indiqué le rectorat à l'AFP, faisant référence à la sanction la plus légère existant dans la fonction publique, et qui correspond à un simple blâme ou un avertissement. La professeure pourra revenir dans son établissement dès vendredi. Elle avait été suspendue à titre conservatoire le 31 mars, après avoir fait respecter une minute de silence six jours auparavant, peu après la rupture du cessez-le-feu dans la bande de Gaza par l'armée israélienne qui avait fait des centaines de morts.
"L'enseignante a accepté"
Selon l'intersyndicale FO-FSU-CGT-SUD, "des élèves, bouleversés par cette information, ont légitimement demandé à l'enseignante d'observer une minute de silence, en hommage aux victimes du génocide". "L'enseignante a accepté", assure l'intersyndicale dans un communiqué, ce que conteste le rectorat, selon qui l'enseignante a pris l'initiative de la minute de silence. "En organisant une minute de silence +pour les victimes de Gaza+, l'enseignante a nécessairement pris parti sur le conflit, ce qui correspond à une position politique excédant la liberté pédagogique dont bénéficie un enseignant", juge le rectorat dans un communiqué annonçant la sanction.
"L'obligation de neutralité et du devoir de réserve"
La relative légèreté de la peine infligée par le rectorat ne change rien à la colère des syndicats. "On reste sur notre position : aucune sanction", a réagi auprès de l'AFP Lucas Romain, secrétaire départemental du Snudi-FO et porte-parole de l'intersyndicale FO-FSU-CGT-SUD. "On continue la mobilisation pour le retrait de la sanction", a-t-il ajouté. "Il est tout à fait possible d'évoquer le conflit israélo-palestinien, d'ouvrir un débat et de replacer dans un contexte historique et religieux ce conflit, mais cela doit se faire dans le respect de l'obligation de neutralité et du devoir de réserve", estime le rectorat dans son communiqué.
Interrogée jeudi matin sur RTL, avant l'annonce de la sanction, la ministre de l'Éducation nationale Élisabeth Borne a estimé que la professeure était "sortie du principe de neutralité qui s'applique à nos enseignants". "Ça se fait dans un cadre organisé à l'Éducation nationale de faire une minute de silence. Donc je pense que parler du conflit israélo-palestinien, c'est une chose. Ensuite, prendre une position politique dans ce conflit, c'est autre chose. Et là, il y a une obligation de réserve de nos enseignants", a-t-elle ajouté.
(AFP)