"Depuis plusieurs années, l’État s’est dégagé, en grande partie, des dispositifs calamités pour les faire porter soit par l’Europe (assurance récolte) soit par les agriculteurs eux-mêmes (fonds calamités, assurances,…)" déclare la FRSEA. "Oui, mais faut-il pourtant qu’il s’en lave les mains, alors que de nombreux systèmes ne sont pas bien couverts ? Aujourd’hui, avec cette sécheresse sournoise qui a commencé en juin pour aller jusqu’en septembre, la première préoccupation des éleveurs, c’est l’affouragement des animaux et la nécessité d’avoir assez d’aliments pour tenir jusqu’au printemps prochain."
"La sécheresse a poursuivi son travail de sape"
Les agriculteurs décrivent les dégradations des récoltes : "La sécheresse a d’abord touché les prairies, avec des pertes économiques importantes pour les éleveurs obligés d’utiliser leurs stocks début juillet pour alimenter leurs animaux. Mais elle a poursuivi ses effets destructeurs pour les cultures de printemps avec des demi-récoltes pour le maïs ou le soja. Pas d’accalmie fin août ; la sécheresse a poursuivi son travail de sape avec les nouveaux semis de colza incapables de lever faute d’une pluviométrie suffisante."
Des pays comme l’Allemagne ont mis en œuvre des plans d’urgence avec 340 millions dans la balance. 15 pays ont déjà obtenu, auprès de Bruxelles, des dérogations pour les surfaces d’intérêt écologique. "Seule la France a demandé à ses agriculteurs d’effectuer des dépenses inutiles en semant malgré la canicule" souligne le syndicat.
"Il faut maintenant éviter une catastrophe économique"
Après la mobilisation dans tous les départements, les visites de terrain et l’écoute des préfets, des parlementaires, des administrations, des représentants des collectivités,… "il faut maintenant éviter une catastrophe économique" soulignent les agriculteurs. "Tous les niveaux de décisions sont concernés pour apporter des réponses concrètes aux agriculteurs fragilisés par cet aléa."
"Face au silence du Ministère, nous réitérons les demandes suivantes" :
Mesures à très court terme
Au niveau européen :
- Des dérogations collectives élargies pour les surfaces d’intérêt écologique comme pour les pièges à nitrates.
- Un taux de 90 % pour les avances sur les aides PAC (Politique agricole commune) versées à la mi-octobre.
- Le rehaussement du plafond des aides de minimis.
Au niveau français :
- Des dégrèvements de la taxe sur le foncier non bâti (TFNB) pour les parcelles touchées par la sécheresse.
- Des enveloppes supplémentaires pour les caisses de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) des départements touchés, permettant la prise en charge partielle des cotisations sociales des agriculteurs fragilisés par cette calamité.
- Des aides aux transports pour la paille et le fourrage pour les éleveurs des départements concernés.
- La mise en place accélérée de la procédure des calamités, avec une actualisation des critères pour mieux prendre en compte les pertes subies par les agriculteurs : augmentation des factures d’eau, achats de fourrage, perte de qualité des fourrages,… et une meilleure prise en compte des systèmes durables (polyculture élevage,…).
- La mobilisation de la cellule export pour dynamiser les marchés.
- Des assouplissements pour les jeunes agriculteurs qui ne pourraient pas atteindre le revenu disponible et toutes autres complications administratives liées à ces pertes de revenu.
Au niveau local :
- Des conventionnements permettant aux départements, aux Régions et autres collectivités de pouvoir intervenir et compléter le dispositif.
- L’adaptation des cahiers des charges pour faire face à l’aléa climatique (AB, AOP et IGP,….).
- La mobilisation des Organisations Professionnelles Agricoles avec des mesures adaptées pour faire face aux difficultés des exploitants.
Des mesures à moyen terme :
Dans le cadre du grand plan d’investissements, il faut prévoir des moyens spécifiques pour s’adapter au changement climatique selon les agriculteurs avec :
- des aides aux bâtiments d’élevage, au stockage du fourrage et du grain, pour les réserves en eau,
- des soutiens pour la recherche appliquée et la sélection de nouvelles variétés plus résistantes...
"Avec des prix toujours plus bas, les agriculteurs n’ont pas les moyens de faire face à des crises successives", soulignent-ils. "Seules la prise en compte réelle des coûts de production et une meilleure répartition de la valeur ajoutée au sein des filières permettront aux agriculteurs de retrouver de réelles perspectives."
(Communiqué)