Annonces de Bayrou : pour Anne Vignot, ”ce sera une récession”

Suite aux annonces du Premier ministre sur la préparation de la prochaine loi de finances, Anne Vignot, maire de Besançon, a exprimé une vive inquiétude. Dans un communiqué diffusé ce mercredi 16 juillet, l’élue juge sévèrement la politique budgétaire annoncée par le gouvernement. "La situation budgétaire en France est préoccupante, mais nous ne résoudrons pas ce problème en fragilisant encore plus notre structure sociale et économique", prévient-elle.

Anne Vignot © Alexane Alfaro

La maire critique notamment les coupes annoncées dans les dépenses publiques, qu’elle qualifie de "mesures draconiennes"et s’inquiète particulièrement de l’impact de ces décisions sur les populations les plus vulnérables : "Alors que le taux de pauvreté n’a jamais été aussi fort depuis 30 ans en France, l’année blanche, dont les efforts vont peser aussi sur les foyers les plus modestes, risque de faire peser un poids supplémentaire sur les services sociaux, dont notre CCAS."

Elle met aussi en garde contre les effets sur le système de santé : "À l’hôpital public déjà à bout de souffle, on propose une énième optimisation, alors que les besoins en main d’œuvre sont immenses."

Un impact incertain mais potentiellement lourd pour les collectivités

Concernant les collectivités locales, les annonces du gouvernement soulèvent de nombreuses interrogations pour l'élue : "les annonces confirment les 5,3 Md€ d’économie recherchées. Les mesures sont encore floues sur la façon dont cela peut se traduire dans notre budget." Elle alerte sur un risque de paralysie de l’action publique locale en expliquant que "sans cela, nos projets seront reportés et le moteur économique qu’ils représentent va s’arrêter. De même pour l’aide aux associations et autres partenaires. Que les choses soient bien nommées, ce sera une récession."

Le monde associatif et l’économie locale menacés

Anne Vignot rappelle que "le monde associatif représente pour la ville de Besançon 7500 fiches de paie" et que "80 % des près de 63 M€ investis par la ville, avec l’aide des collectivités partenaires et de l’État, le sont auprès d’entreprises de la Région".

Selon elle, la diminution des financements étatiques fragilisera également les dynamiques d’insertion et les investissements pour la transition écologique. Elle affirme que "l’insertion professionnelle volontaire qui est associée va vivre un coup de frein inédit. Ce sont ces dynamiques qui sont menacées, alors qu’il nous faut investir pour notre souveraineté énergétique, résorber notre dette grise en réhabilitant nos bâtiments, construire les infrastructures des mobilités décarbonées."

Des choix fiscaux contestés

Enfin, la maire critique l’absence de mesures de hausse des recettes : "Je regrette que l’augmentation des recettes ait été balayée d’un revers de main alors que le Premier ministre prône une juste contribution de ceux qui réussissent."

Elle s’appuie sur les chiffres de l’OFCE : "Depuis 2017, en France, le creusement du déficit de 2,4 points de PIB s’explique par une baisse du taux de prélèvements obligatoires (de 2,5 points de PIB)." Et questionne le rejet d’une taxe ciblant les très grandes fortunes : "Comment justifier dans ces conditions que le Parlement a voté contre la mise en place de la taxe Zucman ? [...] Elle aurait pu ramener entre 15 et 25 Md€ pour les comptes publics."

Un appel à tirer les leçons de la crise sanitaire

En conclusion, Anne Vignot met en garde contre l’oubli des enseignements du passé récent : "Le COVID révélait un modèle économique trop interdépendant avec les autres grandes puissances financières et des services publics essentiels. La mémoire semble courte."

Elle rappelle enfin les bénéfices d’une politique d’investissement public, citant un exemple : "quand l’ADEME investit 800 millions pour l’énergie renouvelable, ce sont 1 Md 300 qui sont économisés sur la balance commerciale. Les pistes d’économie existent. Elles ne semblent pas être celles retenues."

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