Coups de coeurs de l’été des libraires bisontins #2 avec Mine de Rien et BD Fugue

Cet été, les libraires de Besançon dévoilent leurs sélections littéraires idéales pour accompagner les lecteurs à la plage, à la montagne ou confortablement installés à la maison. Thierry et Didier des librairies de bande dessinée Mine de Rien et BD Fugue se sont prêtés au jeu, offrant des recommandations pour tous les goûts et toutes les envies.

© salomé fabre

À la librairie Mine de Rien

© Salomé Fabre

Thierry de la boutique Mine de Rien nous invite à découvrir Rébétissa, la suite d’un premier volet où l’on suivait des musiciens immigrés turcs en Grèce dans les années 30, qui ont créé un nouveau genre musical, le Rébétiko. Sous le régime autoritaire du colonel Metaxás, cette musique est jugée "dégénérée" et ses interprètes risquent la prison. Dans Rébétissa, on fait la connaissance de deux femmes, une chanteuse et une danseuse, qui se trouvent confrontées au même dilemme que les musiciens : jouer secrètement le Rébétiko ou céder aux exigences du gouvernement. Thierry souligne qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu le premier volet pour apprécier Rébétissa, bien qu’il recommande également de le découvrir.

Au-delà de l’intrigue, le récit prend la forme d’une chronique invitant à réfléchir : "on se demande ce que nous, on pourrait faire à la place de ces gens-là". Disponible en couleur ou en édition limitée en noir et blanc, cette dernière version est décrite par Thierry comme "à tomber par terre, sublime". Il déclare : "C’est un bouquin lumineux, alors que l’histoire est sombre", et ajoute que si l’histoire se déroule il y a presque un siècle, elle reste d’actualité : "dès qu’on veut empêcher la pluralité, on commence par la culture". Thierry considère cette œuvre de David Prudhomme comme "la plus belle bande dessinée de l’année".

Ensuite, Thierry recommande Le journal de Samuel qui capture les débuts de l’adolescence d’un petit garçon, entre la primaire et le collège. Adaptée d’une série diffusée sur Arte en 2024, cette bande dessinée nous plonge dans le journal intime de Samuel, qui évoque "ses certitudes, ses désillusions, les débuts du sentiment amoureux… mais aussi comment on grandit et voit le monde différemment en quelques mois d’espace". C’est une série de moments de vie d’un enfant au début des années 2000, qu’on partage avec lui comme si on les avait "vécus nous-mêmes".

Le trait est minimaliste, mais Thierry affirme qu’avec "2, 3 coups de crayon, elle - Émilie Tronche - réussit à faire passer plein d’émotions." Le récit dégage une sorte de "mélancolie heureuse", qui saura séduire tant les jeunes adolescents que les adultes nostalgiques. C’est une bande dessinée douce, bienveillante, que Thierry décrit comme "une bouffée d’air frais".

BD Fugue

© Salomé Fabre

La première recommandation de Didier est Épouvantail de Pelaez et Sénégas. Ce récit nous plonge dans l’histoire de Lily, une petite fille vivant à la campagne avec son père et sa belle-mère. Un accident a lieu dans un étang derrière le champ près de chez eux, et la gendarmerie vient enquêter auprès de la famille. Mais Lily possède un don particulier : la petite fille peut discuter avec l’épouvantail de ce champ, car fabriqué par sa mère, qui avait peut-être des dons de sorcellerie.

Didier décrit cette bande dessinée d’un thriller se déroulant dans une ambiance "timburtonienne". Il décrit le scénario de "fabuleux", qui "vous tient en haleine tout le long". Destiné au public adulte, cet ouvrage illustré en noir et blanc transporte le lecteur dans un univers angoissant, effrayant et en même temps, captivant. Cette enquête policière au cœur d’une campagne éloignée est, selon Didier "le gros coup de cœur de l’été".

Didier a ensuite choisi de présenter un "petit bijou" signé Christophe Chabouté, reconnu comme un des "maitres de l’encre de chine à l’heure actuelle". Sans trop dévoiler l’intrigue, le lecteur suit Alexandre Bouillot, gardien de nuit dans un parking souterrain d’une grande ville. Bien que d’un âge avancé et n’ayant jamais voyagé, il décide un jour de s’inscrire à un trek en Alaska. Raillé par ses amis, il s’obstine à réaliser son rêve, mais son aventure ne se déroule pas comme il l’avait envisagé.

Le titre et le dessin en couverture prennent tout leur sens une fois la bande dessinée achevée. Pour Didier, Plus loin qu'ailleurs est une histoire "fabuleuse, avec des dessins exceptionnels" , Chabouté entraînant le lecteur dans un monde poétique et profondément humain. Fidèle à son habitude, il utilise cet album pour dénoncer des enjeux sociétaux. Ici, il montre qu’il n’y a pas besoin de partir bien loin pour voyager. Didier qualifie ce livre de "petit coup de génie", le considérant comme "un des meilleurs de Chabouté".

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